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Nucléaire : l'ASN juge que la situation est devenue préoccupante après une année 2016 difficile

Le contexte est préoccupant, estime le président de l'Autorité de sûreté nucléaire. En 2016, la découverte d'anomalies affectant une dizaine de réacteurs et les falsifications constatées au Creusot ont dégradé une situation déjà précaire.

Energie  |    |  P. Collet

"L'an passé, le contexte était préoccupant à moyen terme. Maintenant, il est préoccupant", alerte Pierre-Franck Chevet, à l'occasion des vœux à la presse. Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estime que "la période demande beaucoup d'engagement" de la part de l'ensemble des acteurs du nucléaire. Jusqu'à présent, il avait pris l'habitude de pointer les "sujets sans précédents" auxquels est confrontée l'Autorité de sûreté. En 2016, de nouveaux sujets ont fait basculer la situation.

Ni déni, ni dépit

L'année 2016 a été marquée par deux événements importants, explique le président de l'ASN. Tout d'abord, la découverte d'une anomalie touchant une dizaine de réacteurs français : des concentrations de carbone trop élevées dans les fonds de certains générateurs de vapeur. Cette anomalie "générique" a imposé leur arrêt. Finalement, "ça se passe plutôt bien", les études de sûreté étant rassurantes, mais "ça aurait pu se passer différemment", explique Pierre-Franck Chevet. Les marges du système électrique auraient-elles permis de passer le pic de froid actuel ? La question mérite d'être posée, estime le président de l'ASN qui se refuse à y répondre : il s'agit d'une question qui concerne l'Etat qui a la charge de la politique énergétique hexagonale, pas l'Autorité de sûreté.

Le second fait marquant est la découverte d'irrégularités dans les dossiers d'Areva. Le fait de mettre de côté des résultats non conformes dans des dossiers barrés "s'apparente à des faux, à des falsifications", martèle Pierre-Franck Chevet, rappelant que la justice est saisie du sujet. "Ce sujet est absolument majeur", poursuit-il, car dans la foulée l'ASN a mis à jour une pratique similaire dans un dossier non barré. Après avoir passé au peigne fin les 400 dossiers barrés découverts au Creusot, l'ASN s'attaque aux 10.000 dossiers concernant les pièces forgées dans l'usine de Saône-et-Loire. Quelque 2 millions de pages doivent être étudiées, ce qui devrait prendre un an.

Ces événements surviennent au mauvais moment, car "les industriels [du nucléaire] sont dans des situations économiques et financières très difficiles", estime Pierre-Franck Chevet qui déplore l'écart entre l'aggravation des enjeux et la baisse des moyens disponibles. Il met en garde les acteurs du nucléaire : il ne faut pas tomber dans le "déni" et dire que "l'ASN en fait trop". Il dénonce en particulier le comportement de certains anciens employés d'EDF qui l'ont vivement critiqué lorsqu'il a rendu public les défauts de la cuve de l'EPR de Flamanville (Cotentin). Sur ce sujet, il regrette qu'EDF n'ait pas de plan B, d'autant que l'ASN avait explicitement demandé à l'entreprise de prendre en compte une possible non homologation de la cuve lors de son installation dans le réacteur nucléaire. "Ils ont pris un risque industriel", constate-t-il.

Dans ce contexte, l'ASN subit-elle des pressions ? "Des tensions, il y en a", admet Pierre-Franck Chevet expliquant qu'elle proviennent aussi bien des industriels que des associations anti-nucléaires. Il rappelle à cet égard que l'ASN n'est pas complètement fermée à la réalité : "L'ASN est indépendante, mais pas isolée de ce qu'il se passe autour", notamment des enjeux économiques et de sûreté. Si le déni n'est pas de mise, il ne faut pas non plus "sombrer dans le dépit", estime le président de l'Autorité qui appelle simplement les acteurs à poursuivre le travail engagé.

Ouvrir un débat sur les déchets très faiblement actifs

Pierre-Franck Chevet a aussi évoqué la gestion des déchets de très faible activité (TFA). Actuellement, ils sont stockés de façon centralisée sur le site de l'Andra de Morvilliers (Aube). Leur transport sur de longues distances soulève des questions en terme de radioprotection.
Pour Pierre-Franck Chevet, "il n'est pas évident que cette solution soit optimale". Il plaide pour que soit engagée une réflexion sur la création de sites de stockage locaux. Le sujet "mérite un débat public", d'autant qu'"à terme, la question sera massive". Il pointe ici le démantèlement des installations et la saturation attendue du site de l'Andra.
Perte de pratique de l'industrie nucléaire

Ces nouveaux sujets s'ajoutent aux enjeux évoqués par l'ASN depuis maintenant plusieurs années. Le premier d'entre eux est le prolongement de la durée de fonctionnement des réacteurs au delà de 40 ans. L'Autorité devrait remettre un avis générique pour les réacteurs de 900 mégawatts (MW) à la fin de l'année 2018 ou dans le courant de l'année suivante. "C'est tout sauf un sujet évident", avertit Pierre-Franck Chevet. En 2019, EDF devrait remettre un premier dossier pour le réacteur 1 de la centrale du Tricastin (Drôme). Le deuxième enjeu est de même nature : une cinquantaine d'installations passent, ou vont passer, leur premier réexamen de sûreté. Il s'agit des installations d'Areva et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) qui n'y étaient pas soumises jusqu'à maintenant, tels que des réacteurs de recherche ou des installations du cycle du combustible. Parmi elles figurent notamment des installations situées à La Hague (Manche). Vingt à 25 dossiers sont en cours d'instruction et l'Autorité en attend une trentaine supplémentaires cette année. L'enjeu n'est pas anodin puisque c'est à l'occasion d'un de ces réexamens de sûreté que l'ASN a découvert les problèmes de corrosion qui affectent les évaporateurs de vapeur de l'usine de traitement des déchets d'Areva.

Autre sujet d'importance : la mise en œuvre du renforcement de la sûreté des installations décidée suite à la catastrophe de Fukushima. Le sujet devrait occuper les opérateurs des sites et les inspecteurs de l'ASN pendant cinq à dix ans. Enfin, les retards pris par l'ensemble des installations en construction sont aussi un sujet de préoccupation. Ils traduisent "une perte de pratique" de l'industrie nucléaire française, estime le président de l'Autorité. Les industriels doivent réapprendre à construire ces équipements, explique l'ASN qui y voit cependant un enjeu industriel plutôt que de sûreté.

Réactions10 réactions à cet article

Votre encart sur les déchets TFA est exceptionnel de ce qu'il révèle du fonctionnement de l'ASN. Il faut revenir à la réalité : 99% des déchets TFA sont moins radioactifs qu'un granit de Bretagne. Et l'ASN qui agite un chiffon rouge que les écolos ne manqueront pas de charger ! C'est lamentable : que du buzz pour encore asseoir son pouvoir et exiger des moyens, la création de toute pièce d'une angoisse citoyenne injustifiée, sans considération pour l'état économique du secteur et de la nation !

dmg | 19 janvier 2017 à 07h37 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour, j'ai beaucoup aimais surtout le "ça aurait pu se passer autrement". Dans un pays démocratique ce type d’événement signifient l'inculpation et le jugement (sur la base de l'Art 223-1 multiplies par le nombre de victimes) des TOUS les responsables de "l'affaire". En tant que voisin de "Fukusheim" comme on l'appelle ici...Au fait, on connaît bien UN des responsables. Le gars promet l’impossible, on le crois et ensuite par des passe-passe (appris à l'ENA) il arrive à se défausser comme tant des autres avec les conséquences qu'on connaît...

Maes | 19 janvier 2017 à 09h09 Signaler un contenu inapproprié

Attention au titre si l'on ne lit pas le contenu.
A l'exception , notable, des forges du Creusot, ce qui préoccupe l'ASN c'est que l'on ne fait pas (plus) assez de nucléaire et non que l'on en fasse trop.

VD69 | 19 janvier 2017 à 09h52 Signaler un contenu inapproprié

Pendant que le Portugal (pays de vacances me dirons par ici) a réussi à tenir 4 jours avec seulement les ENR, ici on est à vouloir continuer avec le nucléaire coûte que coûte. Et on ne supporte pas les critiques...C'est marron, pour la première fois depuis que je suis en France (25 ans) j'entend un candidat dire aux primaires que le nucléaire est "très très dépendant de l'uranium de l'Afrique (pas seulement) et que cela nous rends très vulnérables! Si on serait amené à voter pour ceux qu'il disent la vérité, au point où on est,même une seule ça suffit) voilà un qui mérite un vote: le miens...

Maes | 19 janvier 2017 à 10h28 Signaler un contenu inapproprié

Le Portugal s'est en effet enorgueilli de vivre 4 jours en mai rien qu'avec les renouvelables.
On n'a pas remarqué que ce même pays favorisé tant en soleil qu'en vent ou même en hydraulique avait une électricité fossiles à 55%, qui rejette gaillardement des centaines de milliers de tonnes de CO2 quand la France métropolitaine a une électricité à moins de 5% fossile.

VD69 | 19 janvier 2017 à 11h47 Signaler un contenu inapproprié

Au fait, au Portugal de changer encore la donne et faire partie d'une Europe véritablement "propre", car les énergies propres existent bien au delà des intérêts des groupes monopolistiques qui ont une idée et une seule: faire du fric "sur-mesure" plutôt que d’ouvrir grandes les portes du pluralisme des idées et des talents qui existent bel et bien dans ce pays, au lieux de suivre la même politique, celle qui peut faire la France cachottière!

Maes | 19 janvier 2017 à 13h09 Signaler un contenu inapproprié

Que vous le vouliez ou non, l'électricité française est une des plus propres d'Europe avec moins de 5% de fossile. J'en suis particulièrement fier.

VD69 | 19 janvier 2017 à 14h04 Signaler un contenu inapproprié

Moi, je ne suis pas fier d’être dans un pays où le concept de "propreté" est aussi galvaudé. C'est un peu comme parler de paix alors qu'on vend des armes à la planète entière. Moi j'appelle cela de l’hypocrisie. Mais ceci c'est un autre sujet....

Maes | 19 janvier 2017 à 18h46 Signaler un contenu inapproprié

Maes n'est pas fier des résultats écologiques français, il jalouse les résultats portugais . Le Portugal produit une électricité à 55 % fossile et je rappelle que, d'après GreenPeace, les fumées des centrales fossiles sont responsables de 25 000 morts tous les ans rien qu'en Europe soit un million depuis la mise en route de Fessenheim. Cette étude GreenPeace ne parle pas des dégâts dus à l'effet de serre.
Comme il se sent coincé, il change de sujet pour aborder la vente d'armes qui n'a que peu de place sur un site consacré à l'Environnement.

VD69 | 20 janvier 2017 à 11h43 Signaler un contenu inapproprié

Au fait, je me suis permis une turnure... je parlé non des armes mais d’hypocrisie...Les résultat "écologiques " français en CO2, par rapport au passé, sont en augmentation. Ces derniers pic en témoignent fortement Il n y a pas à se sentir fier donc. Ajouter à cela, et vis à vis de l’énergie nucléaire, tout le monde sait que les effet en "surface" ne sont pas les mêmes que sous terre et que celle ci est déjà bien encombrée pour continuer à la polluer pour des millénaires. En plus on parle pas de sécurité avec la mafia de l'atome! Comment EDF (et ses acolytes) disparaîtra pour elle même
espérons une longue vie, des millénaires aussi, aux renouvelables!

Maes | 20 janvier 2017 à 19h01 Signaler un contenu inapproprié

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