Le 29 septembre, une réunion de trilogue tenue au Conseil de l'Union européenne s'est conclue par le rejet de l'amendement à l'article 5 de la Politique commune de pêche (PCP), concernant l'accès des eaux territoriales à d'autres États membres. Cette décision, soutenue par la France, écarte ainsi la proposition de l'eurodéputée EELV, Caroline Roose, d'interdire la pêche à la senne démersale dans la Manche. « Le gouvernement Macron ne s'est pas contenté de trahir les citoyens et les pêcheurs côtiers, il a activement pris la défense des prédateurs industriels en utilisant des arguments mensongers, comme le fait que l'interdiction de la senne démersale mettrait en péril toute la politique commune de la pêche », s'insurge l'association Bloom.
Pour rappel, cette technique de pêche est principalement pratiquée par les pêcheurs industriels néerlandais. Elle consiste en l'utilisation de deux câbles rattachés à un filet en forme d'entonnoir et déployés à la manière d'un chalut. Certains navires peuvent ainsi ratisser des surfaces de 3 km2, selon Bloom. Cette technique est largement décriée par les pêcheurs côtiers français : 98 % des professionnels interrogés par le Comité régional des pêches de Normandie (CRPMEM) et l'Organisation des pêcheurs de Normandie (OPN) sont favorables à l'interdiction de la pêche à la senne démersale. À l'Assemblée nationale, le 28 septembre dernier, près de 150 députés français de différents partis politiques (EELV, LFI, MoDem, PS) se sont également prononcés pour l'interdiction de cette technique de pêche.
« Avec cette "invasion" par des navires n'étant pas des navires "opérant traditionnellement", la réservation de la zone côtière par la petite pêche artisanale devient impossible, souligne Bloom. Cela est tout à fait contraire à l'esprit et à la lettre de l'article 5. C'est cela qui est en train de faire exploser la PCP. » D'autant que la France n'est pas exemplaire en matière d'autres pans de la PCP. Ce même 29 septembre, la Commission européenne lui a adressé un avis motivé, lui laissant un délai de deux mois pour se conformer aux règles de contrôle de la pêche, en particulier en ce qui concerne la flotte française opérant en dehors des eaux de l'Union européenne. « La France n'a pas veillé à ce que des activités de contrôle, d'inspection et d'exécution adéquates soient menées pour certaines parties de sa flotte de pêche, explique la Commission. Plus particulièrement, le système français de collecte, de validation et de compilation des données de captures présente de graves manquements. »