La protection des poissons doit décidément faire face à des courants contraires. Si la surpêche recule globalement, constate l'Ifremer, dans son rapport publié mardi 24 mai, l'objectif européen de pratiques 100 % durables en 2020 n'a toujours pas été atteint. La situation demeure, en outre, très contrastée selon les régions. Ainsi, « seules » 28 % des populations restent surexploitées en Atlantique Nord-Est. En constante augmentation depuis 2007, la biomasse des poissons les mieux suivis scientifiquement s'est accrue de 33 %, en valeur, en 2020, par rapport au début des années 2000.
Répartition modifiée, alimentation diminuée, croissance freinée… Les poissons souffrent, par ailleurs, d'un excès de CO2 dans l'eau de mer et de l'acidification des milieux, résultante du changement climatique. Ce phénomène provoque la diminution de la concentration des eaux en carbonate de calcium, élément nécessaire au plancton, aux coraux et aux mollusques, mais aussi aux autres organismes marins « calcifiants » qui en ont besoin pour construire leur coquille ou leur squelette. L'augmentation de la température de l'eau limite aussi le brassage entre les couches supérieures et les couches plus profondes de l'océan, ce qui réduit l'oxygène et la quantité de plancton disponible, premier maillon de la chaîne alimentaire.
À partir des modèles climatiques établis par le Giec, les scientifiques ont calculé que la baisse de biomasse d'animaux marins pourrait atteindre 20 % en moyenne d'ici à la fin du siècle. Ce bilan a été dressé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, en partenariat avec le pôle halieutique, mer et littoral de l'Institut Agro, l'Institut flamand de recherche pour l'agriculture, la pêche et l'alimentation (ILVO) et l'organisme de recherche irlandais Marine Institute.