Au cours des douze derniers mois (de février 2023 à janvier 2024), la température moyenne observée sur la surface de la Terre était supérieure de 1,52 °C par rapport à la moyenne préindustrielle de référence (1850-1900). Ce seuil symbolique, le plafond préférentiel fixé pour 2100 par l'Accord de Paris, a été constaté grâce aux données atmosphériques du service sur le changement climatique du programme Copernicus de l'Union européenne (C3S). Une première dans l'histoire de la surveillance climatique sur une année complète, bien que cette différence ait été franchie à quelques reprises sur une période d'un mois depuis 2016. Rien qu'en janvier 2024, le premier mois de l'année le plus chaud de l'histoire jamais enregistré (13,14°C en moyenne dans le monde), la différence de température moyenne était de 1,66 °C.

Néanmoins, comme le souligne un groupe de climatologues britanniques (1) dans la revue Nature, cette nouvelle donnée ne rentre pas (encore) en conflit avec l'Accord de Paris. Pour cela, il faudrait que cette différence symbolique soit observée en moyenne sur vingt ans, unité statistique de référence pour le Groupement international d'experts sur le climat (Giec). « Dépasser la limite du + 1,5 °C risque de n'être formellement considéré qu'autour de 2040, regrettent cependant les chercheurs. Cela pourrait retarder les réactions politiques appropriées [pour empêcher d'excéder les 2 °C avant 2100]. » Les chercheurs militent ainsi pour « engager immédiatement des discussions sur la nature d'un nouvel indicateur », encourageant le Giec à y consacrer un nouveau rapport spécial avant son septième rapport d'évaluation prévu en 2030.