Entre l'an 950 et l'an 1250, la planète, et plus particulièrement les régions de l'Atlantique nord, a vécu ce que la communauté scientifique qualifie aujourd'hui de « petit optimum climatique ». Comparée aux siècles précédents et aux suivants (au moins jusqu'au milieu du XIXème siècle), cette période est caractérisée par une température moyenne « anormalement » chaude : jusqu'à une différence de +1,6°C en comparaison des siècles suivants. Cet épisode de l'histoire de l'humanité n'arrive cependant pas à la cheville des derniers étés caniculaires, provoqués par le réchauffement climatique actuel.
Dans une étude (1) publiée en février 2023 dans la revue Nature Partner Journals – Climate & Atmospheric Science, des chercheurs américains, parmi lesquels des membres du laboratoire de dendrochronologie (la datation par l'analyse des cernes du tronc d'arbres) de l'université de Columbia, en ont fait la preuve en comparaison avec les chaleurs records mesurées durant l'été 2021 sur la côte pacifique nord-américaine. Cet été-là, le « dôme de chaleur » observé entre la fin du mois de juin au milieu du mois de juillet a provoqué des pics de mercure jusqu'à 49,6°C – contre un pic de 48,8°C en août 2021 en Sicile. La température moyenne était alors de 3,6°C plus chaude que celle de tous les étés enregistrés dans la région entre 1951 et 1980.
Les dendrochonologues ont analysé les cernes de 29 carottages de conifères locaux, dont certains étaient déjà debout en l'an 950, pour en déduire une estimation de la température moyenne ressentie par ces arbres. Un important stress thermique peut notamment conduire à stopper leur croissance et donc à réduire la largeur entre deux cernes. Les scientifiques ont constaté que la période comprise entre 1979 et 2021 attestait de la température moyenne la plus chaude : +1,27°C au-dessus de la moyenne de référence (1951-1980). La seule autre période comparable s'est observée entre 1045 et 1087, en plein « optimum climatique médiéval », mais avec une température moyenne de « seulement » 0,68°C plus élevée que la moyenne de référence.
« L'été 2021 demeure au moins 1,5°C plus chaud que n'importe quelle saison parmi les plus chaudes identifiées durant cette période, confirment les chercheurs. Si la côte pacifique nord-américaine a bien subi des années anormalement chaudes par le passé, ces dernières années sont d'une ampleur significativement plus grande. » Le genre d'événements météorologiques qui, avant 1850, n'était constaté « qu'une fois sur mille ». Encore une preuve, s'il en faut, que de telles canicules ne sont pas l'œuvre d'une simple « anomalie » ou d'un nouvel « optimum climatique » mais bien d'un réchauffement anthropogénique.