C'est avec Vincent Herledan, chargé d'étude naturaliste pour l'association Aéro Biodiversité, que nous sommes allés sur le terrain pour assister à des suivis scientifiques sur la biodiversité de l'aéroport de Castres (Tarn). Aéro Biodiversité est une association spécialisée dans ce domaine. Le conseil d'administration se compose de la DGAC, de deux compagnies aériennes, Air France et Air Corsica et du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). L'objectif de l'association est de réaliser plusieurs fois par an des suivis scientifiques sur le terrain qui correspondent à des programmes nationaux avec des protocoles validés par le MNHN : transect papillon, planches à escargots, nichoir à pollinisateurs, tests vers de terre, indice ponctuel d'abondance d'oiseaux, vigie chiro pour les chauve-souris et spipoll, suivi photographique des insectes pollinisateurs. Les résultats sont surprenants. Voir le reportage vidéo.
L'association doit fournir un rapport de ces différents suivis puis proposer, aux gestionnaires des aéroports, des méthodes pour préserver au mieux cette biodiversité. Exemple, se passer des produits phytosanitaires ou réaliser des fauches hautes pour permettre aux différentes espèces de se reproduire plus facilement.
Rien qu'un petit aéroport comme Castres compte 100 hectares de prairie. Pour des raisons de sécurité, l'ensemble de la zone est clôturé, du coup, il y a très peu de piétinement. On y trouve quasiment toutes les espèces d'orchidées qui existent sur ce territoire et parfois même des espèces rares. Voir le reportage.
A l'échelle nationale, selon l'association, on compterait 38 000 hectares de prairies et d'espaces verts en rassemblant toutes les zones aéroportuaires. « Soit quasiment un petit parc naturel régional, explique Vincent Herledan. Sur la petite couronne parisienne 50 % des prairies sont situées dans les espaces aéronautiques, c'est énorme. Finalement ces zones sont indispensables pour le déplacement de certaines espèces. Des espaces qu'on peut intégrer dans les fameuses trames vertes et bleues (TVB). Les aéroports qui sont situés dans les zones urbaines ou péri-urbaines ont un vrai rôle de dispersion de nombreuses espèces d'oiseaux, d'insectes et de plantes. 75 % des zones aéroportuaires ne sont pas exploitées ou bétonnées. D'une certaine façon, les aéroports, surtout dans les zones tendues, où l'urbanisation est galopante, comme en Ile-de-France, auraient permis d'éviter d'artificialiser de nombreux hectares de prairies. »
Cela étant dit, la création de nouveaux aéroports induirait aussi une artificialisation des sols très importante...