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AccueilBernard AulagneRéglementation thermique dans le bâtiment : stop aux contre-vérités

Réglementation thermique dans le bâtiment : stop aux contre-vérités

Les conséquences de l'application de la réglementation thermique 2012 sur les énergies dans le bâtiment font encore débat. Bernard Aulagne, président de Coénove donne son analyse pour stopper les contre-vérités qui entourent cette réglementation.

Publié le 12/12/2017
Environnement & Technique N°377
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°377
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"Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose", cette phrase attribuée à Beaumarchais n'a pas perdu de son actualité quand on écoute ou lit certaines déclarations d'éminents "spécialistes" sur les conséquences de la Règlementation Thermique appliquée dans la construction neuve depuis le 1er janvier 2013, dite RT 2012.

À les entendre, cette règlementation qui place pourtant la France dans les pays européens les plus exemplaires en matière de performance énergétique, aurait tout simplement exclu l'électricité de la construction neuve, ni plus, ni moins. Qu'en est-il exactement ? Rien de mieux que de se plonger dans la réalité des chiffres, quelques années après l'entrée en vigueur de cette règlementation pour en apprécier l'effet.

Une question de chiffres

Un rappel tout d'abord : la RT2012 s'applique à l'ensemble de la construction neuve, logements et bâtiments tertiaire. Les derniers chiffres disponibles (source Batiétudes) montrent que sur l'ensemble résidentiel + tertiaire, le chauffage des locaux est assuré à 44% par l'électricité, à 42% par le gaz, et à 7% par le bois, le reste se répartissant entre réseau de chaleur, fioul et propane (% exprimé en surface de plancher).

Si l'on s'intéresse maintenant uniquement au secteur résidentiel et donc à la construction de logements neufs (maisons et immeubles), les mêmes sources montrent que la répartition est la suivante : électricité 39%, gaz naturel 47%, bois 8%, le reste se répartissant entre réseau de chaleur, fioul et propane.

Ces chiffres globaux masquent, il est vrai, une situation diamétralement opposée entre maisons individuelles où l'électricité représente plus de 64% de l'énergie de chauffage (16% pour le gaz) et l'habitat collectif où le gaz est présent à 75% (16% pour l'électricité).

En réalité, loin de faire disparaître l'électricité du logement neuf, la RT 2012 a avant tout conduit à un rééquilibrage global de la part des énergies dans le chauffage, comme voulu par le Ministère de l'Ecologie de l'époque.

Le chauffage minoritaire dans les consommations

Rappelons qu'auparavant la part du chauffage électrique dépassait les 70% sur l'ensemble des logements ; et cette situation posait des problèmes de gestion de la pointe hivernale, régulièrement pointés par RTE dans ses rapports d'activité et nécessitait de recourir à des moyens de production nationaux ou importés souvent fortement carbonés.

De plus, cette analyse ne concerne que les consommations d'énergie dédiées au chauffage ; Or, la RT2012 fixe une consommation maximale par logement de 50 kWh Ep/an/m2 (en moyenne), couvrant cinq usages : chauffage, production d'eau chaude sanitaire, rafraîchissement, éclairage, auxiliaires (pompes, ventilateurs). La répartition entre ces usages habituellement admise est la suivante : 20 kWhep/m2/an pour le chauffage, 20 kWhep/m2/an pour l'eau chaude sanitaire et 10 kWhep/m2/an pour le reste. Ne sont donc pas comptabilisés dans ce plafond les consommations spécifiques d'électricité relatives à l'électroménager et aux utilisations informatiques, qui représentent pourtant environ 70 kWh Ep/m2/an.

De facto, la consommation totale d'un logement neuf construit suivant les normes RT2012 avoisine donc les 120 kWh Ep/m2/an, le chauffage n'en représentant que 16% environ, du fait des règlementations thermiques successives mises en oeuvre par la France.

Une réglementation aux multiples bénéfices

On le voit, le chauffage est désormais nettement minoritaire dans l'ensemble des consommations d'un logement neuf. Or, l'électricité est majoritaire dans la production d'eau chaude, et elle assure 100% des besoins spécifiques qui sont désormais majoritaires dans la consommation d'un logement neuf : ainsi, au total sur l'ensemble des usages, la part de l'électricité dans la consommation d'un logement neuf s'élève à 75%. Drôle de disparition !

Alors plutôt que de semer le doute sur l'efficacité de la RT2012, mieux vaut saluer ses apports dans la lutte contre le réchauffement climatique : la diminution drastique des consommations d'énergie et donc des émissions de gaz à effet de serre, le progrès général sur le bâti, la généralisation de matériels performants (pompe à chaleur, chaudières à haute performance) que l'on va désormais retrouver dans la rénovation, et tout ça en entraînant l'ensemble des filières du bâtiment dans une démarche de progrès.

Souhaitons donc que, dans cette période de simplification des normes et règlements, la prochaine Règlementation dite Environnementale s'appuie sur les acquis de la RT 2012 et les amplifie : réduction des émissions de carbone sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, mix énergétique diversifié, sécurité d'approvisionnement à tout moment, en tous lieux, développement des sources d'énergie renouvelables, y compris émergence du gaz renouvelable.

Avis d'expert proposé par Bernard Aulagne, président de Coénove

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2 Commentaires

CHOCHO

Le 14/12/2017 à 15h00

Je reprends les termes de Mr Aulagnier (comme Candide, moi je suis plutôt Voltaire que Beaumarchais, encore que Beaumarchais, c'est pas mal!) "quand on écoute ou lit certaines déclarations d'éminents "spécialistes" sur les conséquences de la Règlementation Thermique appliquée dans la construction neuve depuis le 1er janvier 2013, dite RT 2012.

"À les entendre, cette règlementation qui place pourtant la France dans les pays européens les plus exemplaires en matière de performance énergétique, aurait tout simplement exclu l'électricité de la construction neuve, ni plus, ni moins. "
Question naïve (mais je ne suis pas naïf bien sûr): moi je pensais qu'enfin éliminer l'électricité pour faire de la chaleur, c'était plutôt une bonne chose non? Enfin en se plaçant du point de vue énergétique pur et évidemment hors nucléaire. L'usage intensif de l'électricité pour faire de la chaleur est une spécificité française et on en connait la cause. Je me souviens encore des tentatives faites pour imposer des chaudières électriques industrielles de plusieurs MWe, 3 de mémoire Als: naufrage intellectuel et naufrage industriel! Pure folie! Pourquoi pas propulser des voitures à la vapeur, c'est tout aussi stupide. Bon maintenant qu'on a fait un peu le tour du nucléaire, que l'on remette les choses à l'endroit c'est plutôt une bonne chose, non ? Il semble qu'il y ait encore beaucoup à faire pour éliminer l'électricité destinée à la production d'ECS. Alors faisons-le et vite!

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Pedrojuan92

Le 16/12/2017 à 16h06

Si l'on veut correctement apprécier l'effet de la RT2012 sur la répartition entre formes d'énergie des logements neufs, il faut bien évidemment considérer les zones où l'électricité et le gaz sont en concurrence.
L'électricité est disponible partout mais le gaz n'est distribué qu'en zone gaz. Si l'on intéresse aux statistiques en zone gaz, on s'aperçoit que le gaz a pris des parts de marché très importantes aux dépens de l'électricité, ce qui conduit à ce que M. Aulagne appelle "un rééquilibrage".
Mais au nom de quel principe un tel rééquilibrage serait-il justifié ou souhaitable ?
La priorité absolue est de réduire les émissions de CO2. Or un logement gaz émet 12 kg de CO2 par an et par m2, beaucoup plus que ce qu'impose la stratégie nationale bas carbone. Le logement chauffé à l'électricité n'en émet que 3, l'électricité nationale étant quasiment totalement décarbonée.
Il faut donc être cohérent dans les objectifs et analyser les chiffres correctement.
Pedrojuan92

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