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AccueilCorinne LepageLe développement soutenable est-il le grand perdant du G20 ?

Le développement soutenable est-il le grand perdant du G20 ?

Préoccupant ! Le fait qu'à aucun moment du G20 il n'ait été question de l'aggravation de la crise écologique et énergétique du fait du dumping environnemental, ni même de l'ébauche de nouvelles règles du jeu pour favoriser l'actionnariat stable est préoccupant. Plus généralement, on regrettera que c

Publié le 08/04/2009
Le G20 aura incontestablement marqué les esprits en termes de communication. En effet, les portes des avions des chefs d'Etat n'étaient pas refermées que la presse européenne et la presse française, en particulier, se réjouissaient de l'immense succès du G20. Il est incontestable que les chefs d'Etat réunis à Londres n'avaient pas le droit d'échouer, c'est-à-dire de ne pas trouver d'accord. Ils ont donc réussi. Reste à savoir la valeur réelle et l'efficacité future de l'accord. Cette efficacité s'appréciera dans le temps, mais elle peut d'ores et déjà s'évaluer en fonction des sujets traités et de l'ampleur des réformes proposées. Mais, comme le rappelle très justement Paul Jorion (contreinfo du 7 avril 2009) « ceux qui sont responsables de la crise font partie du problème, pas de sa solution » en pensant d'abord aux représentants du monde de la finance mais aussi aux régulateurs et aux politiques qui leur avaient signé un chèque en blanc. Or, ils ne sont pas sortis du système ; ils l'ont prolongé en essayant simplement de réduire les effets trop pervers qui se sont manifestés à l'origine de la crise. Dès lors, si on peut se réjouir que le G20 ait succédé au G8 et qu'il ait été enfin question officiellement des paradis fiscaux ou encore que les fonds du FMI aient été accrus, on ne peut que regretter la timidité des mesures tant dans les sujets traités que dans l'ampleur des réformes engagées. D'une part, certains sujets ont été totalement évacués comme celui de la monnaie qui est pourtant central. Il va de soi que la mise en chantier, comme l'avait proposé la Chine (et très modestement comme je l'ai écrit dans mon dernier ouvrage) d'une devise mondiale, construite à partir d'un panier de monnaies, aurait été de nature à réduire la spéculation sur les changes et à rééquilibrer les économies. S'agissant du sujet phare du G20 - les paradis fiscaux - la liste arrêtée prête plus qu'à sourire dans la mesure où les principaux ne figurent pas sur la liste noire, ni même du reste sur la liste grise. Cela signifie que Jersey, Guernesey, Delaware par exemple pourront continuer comme par le passé. De plus, force est de constater qu'il ne s'agit que d'inscrire les paradis fiscaux non coopératifs sur une liste pour réduire les transactions. Il s'agit incontestablement d'un grand progrès à condition que les mesures rigoureuses suivent et que la liste corresponde à la réalité. L'efficacité de la mesure est conditionnée à cette réalité. Mais, en revanche, il n'est question ni de dumping fiscal ni de dumping social et environnemental ni de compétition entre États qui sont précisément à l'origine de l'intérêt des paradis fiscaux. Il n'est pas davantage question de la faculté de réaliser des opérations fictives ou des opérations de surfacturation dans ces paradis fiscaux. De plus, si l'on vise à assurer une meilleure transparence pour les hedge funds, ils ne sont pas interdits voire, ils sont aidés pour pouvoir acheter dans de meilleures conditions les créances pourries. Ainsi, sur la question purement financière malheureusement, la déception apparaît grande même si les esprits optimistes pourraient penser qu'il ne s'agit que d'une étape vers une réelle transformation du système financier. Au moins, ces mesures s'inscrivent-elles dans une perspective d'économie soutenable ? une réponse négative est inévitable. D'une part, le fait qu'à aucun moment il n'ait été question de l'aggravation de la crise écologique et énergétique du fait du dumping environnemental, ni de l'ébauche de nouvelles règles du jeu pour favoriser l'actionnariat stable est très préoccupant. Pour favoriser en effet l'intérêt économique et le développement dans la durée de l'entreprise, il est indispensable de privilégier les actionnaires stables au détriment des actionnaires de passage comme les fonds spéculatifs ou les fonds de pension. Plus généralement, la faveur donnée au long terme sur le court terme est absente du G20. Tout d'abord, des sommes colossales, pour reprendre le terme de Paul Jorion, ont été avancées dans ce G20 sans qu'elles viennent s'inclure dans une vision de long terme de l'économie, il s'agit toujours de sauver le système financier, ce qui est certes nécessaire, mais pour quoi faire ? Cette question fondamentale n'a pas été posée de telle sorte que les immenses sommes qui ont été mobilisées notamment par l'intermédiaire du FMI dont il convient de rappeler qu'il n'est ni le PNUD, ni le PNUE, pourraient très bien s'enliser dans les sables mouvants ou puits sans fonds que sont devenues certaines banques. Dans le même temps, on observera que malgré le rapport du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) proposant un new deal vert qui ne coûterait que 750 milliards de dollars, rien n'a été prévu à cet égard. Pourtant, le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki-Moon, avait rappelé au mois de mars, l'importance pour l'économie mondiale de prendre en compte, à côté de la question financière, la question sociale et environnementale. Mais ce rapport du PNUE préparé dans l'optique du G20, il n'en a guère été question ! Pourtant, 750 milliards de dollars par rapport aux sommes colossales mobilisées dans le cadre du G20, auraient été peu de chose. Le rapport du PNUE prévoyait d'investir dans cinq secteurs, l'efficacité énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables, le transport durable, l'infrastructure écologique et hydrologique et enfin l'agriculture durable. Malheureusement, ce volet restait totalement absent même si à Prague le Président de la République américaine a pris soin de souligner que les Etats-Unis entendaient être la tête de file pour lutter contre le changement climatique. Mais les ambitions affichées par les Etats-Unis, à savoir revenir en 2020 au niveau de 1990, voire un peu mieux, sont hors de proportion bien entendu avec l'effort à réaliser un facteur 4. Or, dans un article récent, James K. Galbraith, soulignait que la crise devait précisément être mise à profit pour entreprendre la tâche de la reconversion énergétique et de la lutte contre les émissions de CO2. Il terminait son article en soulignant : « il est déterminant de mettre en œuvre des politiques cohérentes… et de reconnaître que désormais il n'y a pas de solution miracle par de retours aisés à la normale, ni à un monde dirigé par des banquiers et pas d'autre solution que d'adopter une vision à long terme. Un des paradoxes de cette vision tient au fait qu'il faille l'adopter maintenant. Nous devons nous engager sur cette voie avant d'avoir commis de désastreuses erreurs politiques y compris ce fatal renflouement des banquiers, les coupes dans les budgets des programmes sociaux ». Or, le G20 a totalement manqué ce but. En définitive, il est bien possible que l'immense espoir soulevé par la possibilité de changer le système pour inscrire l'évolution soutenable comme l'objectif commun de l'Humanité doive encore attendre pour se concrétiser. Corinne LEPAGE Avocate, ancien Ministre de l'Environnement, Présidente de Cap21. Les Chroniques de Corinne Lepage et Yves Cochet sont publiées tous les mois et en alternance, sur Actu-Environnement.

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7 Commentaires

Eco-citoyen

Le 08/04/2009 à 11h27

Pourquoi ne pas faire une coopérative pour fédéré les gens qui voudrait mettre des panneaux solaire mais qui n'ont pas de toit.
On ferait un grand toit sur les parking de supermarché et chacun achèterait un morceau qui serait rentabilisé par la vente de l'électricité a

EDF. On ne sait jamais peut être qu'une cooperativesolaire en .fr existe déjà sur le net (a vos moteurs de recherche )

Si le G20 le fait pas faisons-le !

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Bernardco2

Le 09/04/2009 à 8h25

Le CO2 est aujourd'hui le gaz à effet de serre le plus dangereux pour le devenir de l'humanité sur la Planète.
Pour le combattre trois voies sont évoquées :
1 – Limiter les émissions : Cela semble irréalisable dans les délais compatibles, ce compte tenu des rivalités inter pays, de l'appât du gain, les visions à court terme de bien des décideurs et maintenant la dépression où chacun va vivre pour soi! Dés que la reprise pointera son nez, reprise par la consommation d'énergie, alors le taux de CO² ne fera que croître.
2 – Le Stocker : Est-ce un vrai choix? Quid des stockages défaillants?? Cela ne paraît pas très efficace non plus.
3 – Trouver des utilisations qui modifieront la molécule de CO² tout en apportant un plus à la Planète.
Cette troisième voie est trop peu investiguée. Les recherches sont portées par des élites, ingénieurs trop peu nombreux à consacrer du temps au sujet… La relance du nucléaire étant aussi un ffrein à cette recherche. Nous ne sommes pas suffisamment créatifs pour imaginer, inventer des solutions. Ce CO2, nous devons pouvoir " en faire autre chose "... Jamais l'humanité n'a vécu un tel challenge pour sa survie.
Ce que je propose, faire appel à tous les internautes répartis parmi les SIX MILLIARDS D'HUMAINS qui mettront leur imagination et leurs compétences en synergie.
Tout comme aujourd'hui on peut utiliser des milliers d'ordinateurs de particuliers afin d'utiliser leur puissance de calcul, nous devons faire pareil avec l'intelligence humaine. METTRE L'INTELLIGENCE HUMAINE EN RESEAU.
INTERNET permet cette mise en synergie.
Le jour du lancement du prochain film de Yann ARTHUS BERTRAND, simultanément, lançons un appel voire un concours vers tous les internautes du MONDE en leur posant la question suivante ( texte à travailler évidemment ):

" Le CO2 est le gaz à effet de serre le plus dangereux pour l'humanité et la planète. Vous avez peut être une idée pour utiliser ce gaz en le rendant inoffensif. Exprimez nous cette idée sur un feuillet 21 X 29,7… Etc. Le lauréat recevra …."
L'idée mérite d'être explicitée plus longuement que par E mail et écrit, forcément réducteur.
Je serais heureux de vous présenter cette démarche qui aurait en sus d'immenses vertus pédagogiques au sein des millions de foyers équipés d'INTERNET DANS LE MONDE.
Bien cordialement
Bernard REYNIER
Ingénieur

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Posidonie

Le 09/04/2009 à 11h21

... comme si de rien n'était : on priviligie l'investissement, la croissance : or cela nous a conduit à ce fiasco..
oui à une devise mondiale ( c'est primordial), oui à une politique cohérente ( vous la voyez se dessiner ?) oui à un developpement soutenable ( durable , pour qui ??) oui à une politique à long terme ( et non à court terme privilégiée par de trop nombreux "responsables" élus(es))
et le paquet sauvegarde de l'environnement ?? pas un mot ?? un proverbe à faire circuler et inciter à méditer et réfléchir :
" quand le dernier arbre sera abattu,
la dernière rivière empoisonnée
le dernier poisson pêché,
alors vous découvrirez
que l'argent ne se mange pas " ......
Andrée SOUGY, biologiste, présidente de l'as. Jardiniers de la mer à Hyères.

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Zemog

Le 11/04/2009 à 17h02

bonjour,

votre idée de "recycler" le CO2 pour l'utiliser à d'autres fins plus propres semble à prioris séduisante . cependant, même si aujourd'hui ce gaz est le plus dangereux pour notre avenir, votre solution ne remets pas en cause notre comportement ce qui, pour moi est fondamental. en effet si nous allons dans ce sens sans modifier notre attitude et notre vision de notre société et de son environnement, nous reproduirons le même schéma néfaste avec d'autres produits.
de plus, quand je prends le temps d'observer l'attitude de nos dirigeants où d'écouter les médias, une grande tristesse m'envahie car la partie ne semble pas prendre en compte la réalité des choses. mais peut être suis-je trop pessimiste à l'égard de ceux de mon "espèce".

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BernardCo2

Le 11/04/2009 à 17h24

Eh!
Evidemment qu'il faut amplifier la prise de conscience et tout faire pour maîtriser les émissions de CO².
Mon propos est bien supra à cette éthique. C'est de mettre en synergie d'intelligence le presque milliard d'humains raccordés à Internet et de les faire réfléchir.
Plus de 50% des innovations sont développées par des non spécialistes...
Je suis comme vous, peu confiant à nos politiques pour qu'ils reviennent sur terre et positionnent " leurs petites élections " en deça des sujets de fond qui concernent l'avenir de l'humanité. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.
Il faudrait que des calibres comme Nicolas HULOT, Yann ARTHUS BERTRAND, Corinne LEPAGE, Al GORE s'emparent de l'idée que j'ai émise.
Merci à vous de la relayer...

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E Bruas

Le 11/04/2009 à 18h13

Bonjour,
Merci pour cet article. Je me permettrais d'ajouter un point à votre analyse.
Pour ma part, je pense que vos trois point doivent s'inscrire dans le temps. A court terme, il est absolument nécessaire de limiter notre production de CO2 en identifiant quelles en sont les sources et en les quantifiant. Français, je consomme environ 6tonnes de CO2/an alors que mes trajets (2 véhicules) ne représente "que" 10kg/an pour mon foyer de 5 personnes (50000km à 200mgCO2/km). Il faut bien évidemment communiquer sur ces consommations (l'étiquette CO2 me semble un bon début)
Le stockage me semble être une solution à moyen terme, et votre idée de travailler sur une modification de la molécule relève du long terme.
Mais travaillant pour des scientifiques depuis 15 ans, je sais que le long terme se travaille...dès maintenant....
Cordialement,

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BernardCo2

Le 11/04/2009 à 20h31

Absolument
L'étiquette sera un grand progrès. Pédagogie, prise de conscience, questionnement, recherche de nouvelles voies.
Cela ira très vite. Les " jeunes " sont très impliqués...

Je pense que ce CO² a une auttre destinée que celle que nous avons en tête... C'est pourquoi nous faut il lancer ce vaste mouvement planétaire, faire parler, enrichir l'idée émise ici par celle émise là bas. Il en sortira de la lumière, j'en suis persuadé.

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