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AccueilDamien DemaillyLa France doit se saisir des Objectifs du développement durable !

La France doit se saisir des Objectifs du développement durable !

Inégalités, innovation, environnement, la France fait face à de nombreux défis. Entrés en vigueur il y a un an, les ODD sont une opportunité précieuse à saisir pour les relever. Analyse de Damien Demailly de l'Institut du développement durable et des rela

Publié le 23/01/2017

Imaginons que la France s'engage à réduire de moitié le nombre de personnes en situation de pauvreté d'ici 2030, d'un tiers la mortalité liée à des maladies non transmissibles comme le cancer, ou encore à éliminer les écarts de performance scolaire entre les enfants de familles aisées et défavorisées. Ces engagements soulèveraient à coup sûr de nombreux débats : les actions du gouvernement pour concrétiser ces engagements seraient scrutées à la loupe, les responsables politiques se diviseraient sur leur faisabilité et les moyens d'y parvenir, la société civile pourrait s'en emparer pour demander des réformes et mettre en avant ses solutions. Bref, ils ne passeraient pas inaperçus.

Eh bien ces trois engagements ont été pris par la France – ainsi que des dizaines d'autres sur l'innovation, les inégalités de revenu et de genre, la protection de l'environnement – depuis qu'elle a adopté avec l'ensemble des membres de l'ONU les Objectifs du Développement Durable (ODD) en septembre 2015. Mais à l'exception des associations de solidarité internationale ou de quelques administrations, l'adoption des ODD ne suscite toujours pas en France de véritable intérêt, un an après leur entrée en vigueur.

Des objectifs parfois nouveaux, souvent ambitieux, que la France doit prendre au sérieux

Pourtant, parmi les 169 engagements des ODD, plusieurs sont nouveaux pour la France, ou plus ambitieux que les objectifs qui figurent d'ores et déjà dans les législations françaises et européennes. Ainsi, pour la première fois, la France a pris un engagement chiffré de réduction des inégalités de revenu : le revenu des 40% des français les plus pauvres doit augmenter plus rapidement que le revenu moyen. Autre exemple : la France s'est engagée via les ODD à assurer un égal accès aux femmes et aux hommes à tous les niveaux de décision dans les entreprises d'ici 2030, et pas seulement dans les conseils d'administration comme l'impose la loi Copé-Zimmermann de 2011.

Par ailleurs, si la France atteindra sans mal plusieurs des objectifs auxquels elle a souscrit avec les ODD – elle a déjà su relever par le passé nombre de défis auxquels sont encore confrontés les pays en développement, en matière d'accès pour tous à l'eau, à l'éducation ou à la santé par exemple – nombreux aussi sont ceux sur lesquels elle pourrait échouer si les tendances passées se confirmaient. Ainsi, si la proportion de femmes dans les postes de direction des entreprises a atteint près de 40% avant la crise, elle a chuté de 10 points depuis pour retrouver son niveau d'avant les années 2000. Et si le taux de personnes vivant en situation de pauvreté a baissé ces quinze dernières années, c'est à un rythme largement insuffisant pour atteindre l'objectif de division par deux d'ici 2030. Il est donc important pour la France, ses responsables politiques et sa société civile, de prendre au sérieux les ODD.

A l'international, une opportunité pour renouveler l'action publique

Le gouvernement pourrait s'inspirer d'autres pays. En Norvège par exemple, le processus de suivi des ODD est un enjeu politique important, sous la supervision directe du Premier Ministre, qui mobilise l'ensemble des ministères. Ce pays comme d'autres, l'Estonie, la Finlande, l'Allemagne, ont fait le choix de transformer cette contrainte internationale – qu'ils se sont volontairement fixée – en une opportunité pour renouveler l'action publique. En s'appuyant sur des objectifs chiffrés et des indicateurs de suivi de la performance, certains évaluent les efforts qui restent à faire et identifient des priorités d'action. D'autres tentent de faire travailler ensemble les administrations de manière transversale.

L'appropriation des ODD par la société civile française est cruciale

L'ONU suivra les progrès de la France en la matière, et la société civile internationale n'hésitera pas à pointer ses insuffisances. Mais l'appropriation des ODD par la société civile française est cruciale. Les associations et les syndicats ont ici l'opportunité, grâce à ces engagements internationaux allant au-delà des lois françaises actuelles, d'interpeller le gouvernement, les collectivités locales comme les entreprises, de leur demander des comptes sur les actions entreprises pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté, des inégalités de revenu ou à l'école, de l'empreinte écologique de notre consommation. Ils ont l'opportunité, à l'image de ce qui se passe en Allemagne, de forger de nouvelles alliances rassemblant des acteurs environnementaux et sociaux, pour suivre la mise en œuvre des ODD en France et peser sur les arbitrages politiques. Et comme les ODD sont universels - tous les pays les ont adoptés -, c'est pour eux l'occasion de former des coalitions au-delà des frontières nationales, de trouver de nouveaux arguments et de nouvelles idées d'action dans d'autres pays.

Avis d'expert proposé par Damien Demailly, coordinateur du programme Nouvelle prospérité à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)

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