Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
AccueilDavid AscherMer d'Aral : le laboratoire du changement climatique

Mer d'Aral : le laboratoire du changement climatique

Témoin de la capacité des hommes à détruire leur environnement, la mer d’Aral en Asie centrale constitue un territoire d’expérimentation à grande échelle de la faculté d’adaptation et de résilience face aux changements climatiques majeurs. Explications.

Publié le 03/05/2021

75%. C’est la surface perdue depuis 1960 par ce lac naturel salé (cf. ill. 1), bordé par l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. 1960, c’est la date à laquelle le pouvoir soviétique commença à détourner une partie des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria pour irriguer des champs de coton, de blé ou encore des rizières.

L’assèchement (visible sur le nouvel outil "Timelapse" de Google Earth) a été qualifié, par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, de « probablement la plus grande catastrophe écologique de notre temps ». Lors de sa visite dans la région en juin 2017, il a vu dans cette situation la preuve que « l’humanité peut détruire la planète ».

Parmi les conséquences de la réduction majeure de cette étendue d’eau, se distinguent l’augmentation de la salinité et la concentration de pesticides causant la disparition de 28 espèces endémiques de poissons sur la petite trentaine qu’elle hébergeait jusque-là. Mais pas seulement.

Environnement : un impact global

Historiquement l'apport des deux grands fleuves tributaires permettait à la mer d'équilibrer son bilan hydrologique et d’assurer un rôle de régulateur climatique, cela malgré une évaporation très élevée dans la région. Avec l’assèchement, le climat local s’est retrouvé privé de ce tampon thermique. Conséquences : les maxima saisonniers de température et d’aridité s’envolent.

Les étés s’avèrent excessivement chauds, mettant à mal l’agriculture locale tentée de consommer encore davantage d’eau pour y faire face : l’Ouzbékistan reste le deuxième producteur mondial de coton. Inversement, les habitants peinent à se chauffer durant les hivers glaciaux. Enfin les vents violents sévissent et contribuent à disséminer, y compris par-delà les frontières, des quantités massives de poussières et de pesticides historiquement charriées par les deux fleuves alimentant la mer (cf. ill. 2).

Économie et santé touchées

Si l’impact sur l’environnement est majeur, l’activité économique et la santé des habitants de la région sont deux secteurs tout autant affectés. À commencer par la pêche dont l’effondrement a coïncidé avec l’exode massif des populations locales (cf. ill. 3).

Et pour cause, la pollution de l’air et l’exposition aux produits chimiques ont provoqué une forte hausse du taux de mortalité infantile, laquelle figure encore aujourd’hui parmi les plus élevées du monde. Les études de l’OMS ont confirmé une baisse de la natalité, une augmentation du nombre des cancers et des cas d’anémies, ainsi que le développement d'autres maladies respiratoires directement corrélées à la dégradation de l’environnement.

Au-delà du constat de destruction, une nécessaire adaptation

Diverses actions sont à l’étude ou d’ores et déjà menées par les gouvernements ouzbek et kazakh pour faire face à l’assèchement. Elles constituent ainsi un laboratoire à grande échelle, sur un référentiel de temps accéléré, des effets des changements climatiques et de l’adaptation des populations.

Tandis que l’alimentation hydraulique du bassin se heurte toujours à l’exploitation des eaux de l’Amou-Daria pour l’irrigation des terres agricoles, des tentatives sont menées pour restaurer voire renaturer l’écosystème, à l’image du programme de plantation de 27 000 hectares de Saxaoul (arbustes résistants à la sécheresse) entamé dès les années 1980, mais qui, faute de financement, n’a pu reprendre qu’en 2008.

Si des efforts importants sont déployés au niveau international à l’image du Fonds d'affectation spéciale pluri-partenaires des Nations unies pour la sécurité humaine, consacré à la mer d’Aral, les moyens alloués restent néanmoins insuffisants. Aussi Shavkat Mirziyoyev, le président ouzbek, persiste en martelant que le problème de la mer d’Aral nécessite une union des efforts, non seulement de la part de tous les pays d’Asie centrale, mais aussi de toute la communauté internationale.

Ainsi lors de la 75e session de l’Assemblée générale de l’ONU qui s’est tenue en septembre 2020, le leader ouzbek a proposé l’adoption d’une résolution faisant de la mer d’Aral une zone d’innovations environnementales et technologiques. Une proposition adoptée le 10 mai, qui vise, en premier lieu, à établir et à renforcer la coopération internationale pour maintenir la stabilité environnementale dans la région de la mer d'Aral. Il s’agit d’un objectif ambitieux afin de mettre en place des technologies environnementales innovantes et d’attirer des projets d'investissement dans la région.

Les Blogs sont un espace de libre expression des abonnés d'Actu-Environnement.

Leurs contenus n'engagent pas la rédaction d'Actu-Environnement.

Crédits photos : https://aral.uz/en/crisis/ TwoWings www.kun.uz

1 Commentaire

IISSOOQQRRAATTEESS

Le 08/07/2021 à 16h04

A ce titre, je vous conseille la lecture du livre de Sylvain TESSON, l'énergie vagabonde, qui décrit très bien ce paysage menant à la mer d'Aral, ainsi que les causes

Signaler un contenu inapproprié

Commentez ou posez une question à David Ascher

Les commentaires aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Mot de passe oublié