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AccueilVivien FourcadeAutoconsommation collective : quel impact sur le marché de l'électricité ?

Autoconsommation collective : quel impact sur le marché de l'électricité ?

L'autoconsommation collective ouvre de belles perspectives pour les énergies renouvelables. Elle questionne aussi le marché de l'électricité et ne sera pas sans impact sur les acteurs. Éléments de réflexion par Vivien Fourcade, de CGI Business Consulting.

Publié le 06/06/2018
Environnement & Technique N°382
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°382
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L'autoconsommation individuelle d'électricité suscite un intérêt croissant. Fin 2017, 20.000 foyers y recouraient selon Enedis et d'ici 2020, la croissance attendue est de 0,5 à 1GW par an1. Cet intérêt se répercute chez les fournisseurs, qui, à l'instar d'Engie (My Power) ou d'EDF ENR (Mon Soleil et Moi), proposent désormais des offres dédiées.

Bien que plus récente, l'autoconsommation collective devrait, elle, se développer fortement dans les années à venir, portée par des évolutions réglementaires structurantes (création d'un cadre juridique, autorisation des expérimentations et autorisation d'achat d'électricité produite par un autoproducteur). D'après la Commission de régulation de l'énergie (CRE), une vingtaine d'opérations pourraient même être lancées2 dès 2018.

Dès lors, quel impact son développement va-t-il avoir sur les acteurs aval de la filière électricité (gestionnaires de réseaux, fournisseurs et producteurs-consommateurs) et notamment sur leurs modèles économiques ?

Une nouvelle source de revenus

L'autoconsommation est dite collective quand "la fourniture d'électricité est effectuée entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finaux liés entre eux au sein d'une personne morale et dont les points de soutirage et d'injection sont situés sur une même antenne basse tension du réseau public de distribution3". Longtemps restée dans un flou juridique, l'autoconsommation bénéficie désormais d'un cadre réglementaire dédié depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2016-1019 du 27 juillet 2016.

L'autoconsommation collective pourra permettre de consommer le surplus de production électrique d'autoconsommateurs tiers. Pour d'autres, elle contribuera à mutualiser le financement d'une installation et d'optimiser l'utilisation de la production entre différents types de consommateurs (résidentiel, tertiaire et industriel).

L'autoconsommation collective se révèle particulièrement intéressante pour les entreprises dont les pics de consommation coïncident avec la production d'électricité photovoltaïque (notamment entre 8h et 19h), leur permettant ainsi de réduire leurs coûts énergétiques. L'autoconsommation collective permet aussi la revente de la production non-consommée à d'autres acteurs à un tarif non-régulé en bénéficiant de la complémentarité des profils de consommation : les entreprises sont fermées les soirs et weekends quand les particuliers sont à domicile, ce qui permet aux premières de générer un profit sur la revente de surplus d'électricité autoproduite.

Avantages économiques pour les entreprises, facilité de mise en œuvre pour les locaux en site propre et quantité d'électricité consommée : l'autoconsommation collective est appelée à devenir rapidement la forme principale d'autoconsommation d'électricité en volume. Elle aura ainsi un impact fort sur l'aval de la filière électrique.

Un impact fort sur trois typologies d'acteurs

Le développement de l'autoconsommation, et en particulier collective, va avoir un impact sur les modèles économiques de trois types d'acteurs.

  • Consommateurs : elle implique un changement de rôle sur le marché et des responsabilités nouvelles vis-à-vis des gestionnaires de réseau et du responsable d'équilibre. Chaque regroupement d'autoconsommateurs devra s'équiper de solutions techniques dédiées à la gestion physique des flux, à leur comptage et tarification. Par ailleurs, le décalage entre le moment de production et celui de la consommation de l'électricité peut affecter le retour sur investissement des projets. L'ajout d'une capacité de stockage permet d'améliorer le taux d'autoconsommation (de 10% à 20% sans stockage, de 50% à 90% avec stockage) et ainsi la rentabilité du projet, malgré un coût d'investissement plus élevé.

  • Fournisseurs : l'autoconsommation individuelle ou collective s'inscrit dans la tendance de réduction des volumes de vente sur fond de mesures de maîtrise de la demande en énergie. Elle vient renforcer le besoin des fournisseurs d'électricité de se positionner en fournisseurs de services énergétiques à haute valeur ajoutée et nécessite une adaptation de leurs systèmes d'information, de leurs processus et interfaces clients.

  • Gestionnaires de réseaux de distribution et de transport : l'autoconsommation collective accroît les besoins de pilotage afin d'optimiser l'acheminement et de maintenir l'équilibre du réseau dans un contexte de capacité intermittente installée accrue et de demande plus volatile (modification de la courbe de charge résidentielle et surplus d'injection d'électricité dans certaines zones). Plus spécifiquement, l'autoconsommation collective nécessite pour les gestionnaires de réseau d'adapter leur processus de facturation et de reconstitution des flux. Ces opérations constituent une première étape dans le développement des microgrids, dont les réseaux fermés et l'ilotage constituent des formes plus radicales.

De belles promesses… qui doivent être concrétisées

L'autoconsommation collective présente un réel potentiel de développement dans les années à venir. Les expérimentations se multiplient, à l'image du projet Smart Magne dans le Cher. Elles vont mettre en lumière la nécessité de développer des systèmes de gestion intelligente des flux, pouvant par exemple se baser sur la blockchain. Par ailleurs, la limitation actuelle des opérations d'autoconsommation collective à la maille d'une même antenne basse tension n'est pas toujours liée à une contrainte technique. Différents acteurs demandent une levée de cette limitation, afin de permettre la mise en place d'opérations à l'échelle d'un quartier, d'une métropole ou d'un Territoire à Energie Positive et pour la Croissance Verte (TEPCV), mais la CRE y demeure opposée4.

Dernier point : son impact spécifique sur le réseau et son équilibrage nécessite une clarification quant à la tarification réseau à lui appliquer. Les travaux en cours de la CRE pour élaborer une version spécifique du Tarif d'utilisation des Réseaux Publics d'Electricité (Turpe) au développement de l'autoconsommation qui entrera en vigueur 1er août 2018 permettra de disposer, à terme, d'un cadre réglementaire et fiscal complet.

Avis d'expert proposé par Vivien Fourcade, consultant pour les activités Energie & Utilities chez CGI Business Consulting

1 Source : EDF Collectivités - Le magazine de la transition énergétique des territoires, n°14 – Septembre 2017
2 DÉLIBERATION N° 2018-027 de la Commission de régulation de l'énergie du 15 février 2018 portant orientations et recommandations sur l'autoconsommation
3 Article L315-2 du Code de l'énergie
4 DÉLIBERATION N° 2018-027 de la Commission de régulation de l'énergie du 15 février 2018 portant orientations et recommandations sur l'autoconsommation. Recommandation n°6 : « La CRE n'est pas favorable à une extension du périmètre des opérations d'autoconsommation collective au-delà de l'aval d'un même poste de distribution publique HTA/BT ».

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1 Commentaire

1noel2

Le 31/07/2018 à 17h14

Une étude de l 'Association internationale de producteurs d’électricité VGB PowerTech (Association regroupant les responsables énergie de 18 pays) publiée en juin 2017indique que la production intermittente et aléatoire des EnRr exige une capacité quasiment équivalente de systèmes de secours (centrales ou stockage)
Le nouveau compteur LINKY est il conçu pour que EDF, ou tout autre fournisseur puisse réguler la consommation de chacun et ainsi pénaliser les français trop énergivores ?

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