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Trois projets de recherche pour mieux comprendre les effets de la pollution sur la santé des femmes

Les effets de l'exposition aux bisphénols et aux nanoparticules de plastique dans le cancer du sein, celle des pesticides dans des pathologies hépatiques ou encore de l'environnement dans l'endométriose sont décryptés dans trois projets de recherche.

Risques  |    |  D. Laperche
Trois projets de recherche pour mieux comprendre les effets de la pollution sur la santé des femmes
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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« Avec la prise en compte de l'exposome, nous nous rendons de plus en plus compte que les conditions dans lesquelles nous vivons jouent sur la santé », a rappelé Robert Barouki, directeur de l'unité Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs à l'Inserm, à l'occasion d'une conférence de presse sur le thème de l'environnement et la santé des femmes, ce mercredi 31 mai 2023. Autre fait de plus en plus étayé : les polluants peuvent avoir des conséquences différentes chez l'homme et chez la femme.

La cause de cette variation de réactions selon le sexe ? Des aspects d'exposition, tout d'abord : certaines branches de métiers, qui manient des substances chimiques particulières, par exemple les bisphénols, peinent à arriver à la parité. « Certaines professions sont plutôt féminines, par exemple les caissières de supermarché à travers les tickets de caisse étaient exposées au bisphénol A. Ce dernier a été remplacé par un substitut, mais qui pourrait peut-être poser un problème à l'avenir », a souligné Robert Barouki. Des aspects physiologiques pèsent également dans la balance. « La masse graisseuse d'une femme est en proportion plus importante que chez l'homme. Or, certains polluants sont stockés dans les tissus gras », a indiqué le chercheur. Autre point : les femmes, du fait de leur système endocrinien, sont plus sensibles aux substances qui miment les œstrogènes.

Des bisphénols véhiculés par des nanoparticules

Trois projets soutenus par la Fondation pour la recherche médicale se sont penchés sur les conséquences de certains contaminants présents dans l'environnement, avec une attention particulière sur la santé des femmes. Ainsi, le projet mené par l'équipe de Véronique Maguer-Satta, directrice de recherches au Centre Léon-Bérard, s'intéresse au lien entre l'exposition aux bisphénols et aux nanoparticules de plastique (1) et le développement du cancer du sein. Une pathologie qui touche une femme sur douze. De précédents travaux ont montré que les cellules à l'origine du renouvellement de nos organes (les cellules souches) pouvaient évoluer dans le sein vers une forme tumorale lorsqu'une des voies de communication est perturbée. Les scientifiques suspectent les bisphénols de jouer un rôle dans ce bouleversement. Or ces molécules pourraient entrer dans les cellules grâce aux nanoparticules de plastiques, qui en contiennent. « Les cellules matures peuvent éliminer le plastique, mais les cellules souches l'accumulent, ce qui entraîne une exposition plus longue aux molécules transportées par le plastique », a détaillé Véronique Maguer-Satta. Le projet devrait permettre de mieux comprendre ces interactions et d'essayer de mettre au point des tests pour évaluer le degré d'exposition.

Un second projet cible les effets de l'exposition aux pesticides dans la complication de pathologies liées à l'obésité. Ainsi, l'accumulation de graisses dans le foie peut induire une inflammation réversible, mais également évoluer vers des formes plus graves, dont des formes cancéreuses. 

Un troisième appel à projets cible les inégalités sociales

« Les conséquences de l'environnement sur la santé est un fait, a pointé Benjamin Pruvost, président du directoire pour la Fondation pour la recherche médicale. Au regard de nos connaissances lacunaires, nous avons décidé de faire de cette thématique un axe prioritaire. »
Depuis 2020, 19 projets ont ainsi été financés avec des moyens conséquents (entre 300 et 600 000 euros) pour des durées minimales de trois ans. Ils couvraient, outre la santé des femmes, les maladies respiratoires et allergies, les troubles du développement cérébral et les maladies neurologiques ainsi que ceux de la santé mentale.
Le troisième appel à projets Environnement et santé mettra l'accent sur les liens entre le contexte sociaux-économique et l'exposition aux contaminants environnementaux. La sélection est prévue pour l'automne 2023.

« La transition n'est pas automatique, a noté Hervé Guillou, directeur de recherche à l'Inrae, responsable de l'équipe toxicologie intégrative et métabolisme dans le laboratoire de toxicologie alimentaire de Toulouse. Des résultats précédents montrent l'influence de facteurs environnementaux, en particulier de pesticides. » Dans ce cas, les femmes sembleraient être protégées, au moins jusqu'à la ménopause. Le projet souhaite mieux approfondir les connaissances sur la disparité des effets et ouvrir la voie à des pistes de prévention ou de médicaments.

L'influence de l'environnement dans l'endométriose

Le troisième projet se penche sur une pathologie encore mal étudiée : l'endométriose. À l'origine notamment de fortes douleurs au moment des règles, de fatigue chronique ou d'infertilité, cette maladie est liée à la présence de cellules semblables à la muqueuse utérine dans d'autres organes. « Nous savons peu de choses sur cette maladie, si ce n'est que l'héritabilité est de 50 %, le reste est lié à des causes environnementalesune exposition à des polluants, a noté Marina Kvaskoff, chargée de recherche Inserm dans l'équipe « Exposome, hérédité, cancer et santé » du Centre de recherches en épidémiologie et santé des populations de Villejuif. Les perturbateurs endocriniens sont une piste plausible dans cette pathologie hormonodépendante. » Différents facteurs seront ainsi suivis : tabagisme in utero, prématurité, allaitement ou non, présence d'animaux domestiques durant l'enfance, pollution de l'air, polluants organiques persistants comme les dioxines, mais aussi effets de l'alimentation, notamment des additifs. Pour cela, Hélène Amazouz, docteur en épidémiologie responsable du projet, va s'appuyer sur un recueil et un suivi des données issues de deux cohortes : Constances et Nutrinet-Santé. Le microbiote des personnes sera également analysé.

« La prévention est extrêmement importante, a estimé Robert Barouki. Elle passe à la fois par des solutions globales : le Gouvernement qui interdit ou régule des substances, mais également individuelles : par exemple, consommer des aliments peu transformés, bios ou issus de l'agriculture raisonnée. C'est également aux politiques de faire en sorte que cela soit abordable pour tous. »

1. Lire Microplastiques : urgence d'une action politique basée sur les nouvelles connaissances scientifiques<br /><br /><br />
https://www.actu-environnement.com/blogs/bruno-tassin/405/microplastiques-urgence-une-action-politique-basee-sur-nouvelles-connaissances-666.html

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