La loi actuellement en vigueur en Suisse adoptée en janvier 2004, interdit l'utilisation d'animaux génétiquement modifiés en agriculture. Elle impose en outre des essais sur plusieurs années en laboratoire et également sur le terrain avant qu'une demande de culture de plante transgénique ne soit faite.
Mais dimanche à une large majorité et malgré le rejet de l'initiative par le Conseil fédéral et le Parlement, les Suisses ont approuvé l'interdiction pendant cinq ans l'utilisation des organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture. En effet, à la question : Acceptez-vous l'initiative populaire pour des aliments produits sans manipulations génétiques?, 55,7% des votants ont répondu positivement et 44,3 % se sont prononcés contre le moratoire.
Le moratoire proposé dans le texte du référendum devait entrer en vigueur s'il était approuvé non seulement par une majorité des électeurs au niveau national mais aussi dans une majorité des 23 cantons du pays.
Ce scepticisme par rapport à l'utilisation de plantes génétiquement modifiées est réparti de manière assez uniforme sur l'ensemble du pays, a commenté à l'AFP Joseph Deiss, le ministre suisse de l'Economie, à l'issue du vote.
Nous prenons acte de cette volonté d'avoir une agriculture proche de la population, une agriculture plus éloignée des produits de masse. C'est un créneau sur lequel nous nous engageons aussi dans le cadre de l'OMC - est-ce que nous pourrons le faire avec succès, cela reste à démontrer, a ajouté le ministre.
L'Union suisse des paysans (USP) s'est félicitée de l'approbation de l'initiative pour des aliments sans OGM par le peuple et par les cantons. Elle permet la poursuite des activités de recherche et d'expérimentation ainsi que l'analyse scientifique de nombreuses affirmations souvent controversées, ce que l'USP estime indispensable avant la mise en culture de plantes OGM.
Nous attendons maintenant un bilan exhaustif de l'utilisation du génie génétique dans le monde entier et ses effets sur la santé, sur l'environnement et sur les marchés. Il sera possible sur cette base et sur des résultats scientifiquement étayés de décider à la fin du moratoire de 5 ans s'il est judicieux ou non d'autoriser la culture de plantes génétiquement modifiées en Suisse, a ajouté l'USP.
Du côté français, les anti-OGM se réjouissent de ce résultat tel GreenPeace qui estime que c'est une grande victoire pour la démocratie et l'environnement, qui devrait inspirer les membres de l'Union européenne et le reste du monde.
Nous nous réjouissons du résultat de la votation suisse et demandons au gouvernement français de suivre cet exemple et d'écouter les 80 % de citoyens français qui ne veulent pas d'OGM dans leur assiette et dans les champs, a déclaré Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace France.
En revanche, Alwin Klopse, porte-parole de Syngenta a confié à l'AFP que le pays regretterait certainement ce résultat aussi négatif pour la Suisse, lieu de recherche et d'innovation.
Suite au moratoire suisse, l'Autriche, qui prendra la présidence de l'UE le 1er janvier prochain, a annoncé lundi qu'elle organiserait les 4 et 5 avril prochains, une conférence européenne sur les OGM à laquelle des scientifiques et des organisations non gouvernementales seront invités à prendre part aux côtés des ministres de l'Agriculture.
Au plan fédéral et provincial Autrichien, l'importation et la mise en culture de semences OGM est interdite, mais le pays importe tout de même des tourteaux de soja destinés à l'alimentation du bétail.
L'adoption dimanche par 55,7% des électeurs Suisses d'un moratoire sur les OGM conforte absolument la position de Vienne, l'un des pays de l'UE les plus opposés à la culture d'OGM, a déclaré le ministre autrichien de l'Agriculture, Josef Pröll dans un communiqué en précisant que le résultat du référendum suisse montre une fois de plus à quel point la population européenne est sensible à cette question. Nous avons réussi jusqu'à présent à empêcher la culture (d'OGM) en Autriche et nous continuerons de nous battre pour qu'il en soit ainsi, a-t-il ajouté.
Parallèlement en France, vendredi dernier, Monsanto a ordonné la saisie des comptes bancaires de la Confédération Paysanne, en réponse à une action de 1998 visant à dénoncer les risques des OGM à Montbéqui dans le Tarn.
Greenpeace France estime qu'en ne parvenant pas à convaincre la confédération paysanne de l'intérêt des biotechnologies en agriculture, Monsanto préfère employer des méthodes brutales en leur réclamant 185.000 euros.