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L'agro-écologie, modèle agricole français de demain ?

Lors du colloque "Produisons autrement", le ministre de l'Agriculture a réaffirmé sa volonté de faire de la France le futur leader de l'agro-écologie. Il a présenté un projet qui devrait prendre forme d'ici 2014, en même temps que la nouvelle PAC.

L'agro-écologie, modèle agricole français de demain ?

"Ce n'est pas un débat purement agricole que nous avons, c'est un débat de société sur nos modèles de développement, à l'aube du XXIème siècle. (…) Jusque-là, l'agriculture biologique, les labels se sont construits dans la contestation. Ce qu'on cherche aujourd'hui, c'est une capacité à concilier les grands enjeux en rassemblant tous les acteurs", a déclaré Stéphane Le Foll, en clôture du colloque "Produisons autrement", organisé le 18 décembre au Conseil économique, social et environnemental à son initiative.

A cette occasion, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a présenté son projet agro-écologique pour la France, un projet pluriannuel, qui s'inscrit "dans la grande démarche de transition écologique engagée par le gouvernement".

Outre une réorientation de la recherche, de la formation et des financements, le ministère de l'Agriculture va initier (ou poursuivre) six programmes d'actions : les plans Ecophyto et Antibio, un plan méthanisation, un plan protéine végétale, un plan apiculture et un plan agriculture biologique.

L'agro-écologie au cœur de la recherche et de la formation

Pour "connaître et capitaliser" sur les expériences agro-écologiques déjà menées en France, le ministre a confié une mission à Marion Guillou, présidente de l'établissement public de coopération scientifique Agreenium, afin d'identifier les éléments et fonctionnalités qui "serviront à construire les itinéraires agricoles de demain". Les instituts de recherche publics, tels que l'Inra, l'Irstea et le Cirad, inscriront l'agro-écologie comme priorité dans leurs programmes de recherche et appels à projets. De plus, "l'agro-écologie sera placée au cœur des contrats d'objectifs entre l'État et les instituts techniques agricoles, qui seront signés mi 2013".

"Un début et pas une fin"

Le projet agro-écologique pour la France sera déroulé d'ici 2014, l'année de la mise en œuvre de la nouvelle politique agricole commune (PAC). L'année 2012 qui s'achève, était consacrée, "à la prise de conscience et au recensement". L'année 2013 sera "le temps de la conception et de l'amplification", et se clôturera par l'adoption d'une loi d'avenir pour l'agriculture. Enfin, "2014 verra l'agenda agro-écologie se déployer".
"Le plan que nous proposons, c'est un début et pas du tout une fin", a souligné le ministre qui, dans son discours, a donné d'autres voies de réflexion : "La bataille sur les modèles alimentaires est importante. Je suis persuadé que ce sont nos modèles alimentaires qui vont changer nos modèles agricoles. L'année prochaine, je veux un débat sur le repas". Stéphane Le Foll prévoit également une déclinaison de "Produisons autrement" pour l'industrie agroalimentaire, avec Guillaume Garo, ministre délégué chargé de l'Agroalimentaire.
Pour diffuser les nouveaux modèles et former les agriculteurs, le ministre souhaite mobiliser tous les acteurs (chambres d'agriculture, coopératives agricoles, instituts techniques, réseaux existants…). "Les crédits du CASDAR [compte d'affectation spéciale développement agricole et rural] seront ré-orientés en ce sens dans le cadre du prochain programme national de développement agricole (PNDAR) 2014-2020. Dès 2013, sans attendre ce prochain programme, au moins 3M€ supplémentaires seront mis au service du projet agro-écologique, à travers un appel à projets de mobilisation collective et le soutien de certaines actions des instituts techniques", précise le ministère.

L'introduction de l'agro-écologie, dans les programmes et référentiels pédagogiques de l'apprentissage, de la formation initiale et continue, sera expérimentée dès la rentrée 2013, pour une généralisation l'année suivante. "Un accent sera mis sur le rôle de démonstration des fermes des exploitations de l'enseignement agricole public".

Verdissement de la PAC et de la fiscalité

Pour accompagner le changement de modèle, les leviers budgétaires de la PAC seront utilisés. Mais alors que le budget alloué à la PAC 2014-2020 est encore incertain, Stéphane Le Foll a fait une petite mise au point : "Les pionniers ne se sont jamais demandés s'il y avait une contrepartie financière. On n'agit pas seulement par intérêt financier, mais parce qu'on vise un but précis".

Dans le cadre des discussions sur la future PAC, la France défendra un verdissement du premier pilier (aides directes). Quant aux aides du deuxième pilier, elles devraient soutenir en priorité les mesures agro-environnementales "systèmes", qui "permettront d'accompagner des changements de pratiques dans uneapproche globale sur l'exploitation et prendront en compteplusieurs enjeux".

Le projet de loi de Finances 2014 devrait également intégrer une fiscalité favorable à l'agro-écologie. Enfin, les Groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE), qui seront mis en place par la loi d'avenir sur l'agriculture, prévue pour fin 2013, "pourront mobiliser les outils budgétaires de la PAC en bénéficiant d'incitations plus fortes que pour des projets individuels. Ils bénéficieront aussi d'une fiscalité avantageuse".

Des programmes d'actions ciblés

Enfin, le ministre a annoncé sa volonté de renforcer le programme Ecophyto, initié en 2008, en fixant des objectifs plus précis, par filière et par territoire, et en encourageant les alternatives aux pesticides (lutte biologique…).

Le Plan EcoAntibio 2017, lancé en septembre 2012,prévoit de "sortir d'une logique de recours aux antibiotiques comme une assurance tout risque et les utiliser plutôt dans une logique de précision en s'appuyant sur l'observation et la prévention" et de changer de modèle de production dans l'élevage.

Toujours concernant l'élevage, un plan azote/méthanisation va être lancé pour "régler le problème des excédents d'azote organique". Il s'agira de produire du gaz et des fertilisants avec les excédents d'azote organique et de limiter l'usage de l'azote minéral lorsque des fertilisants organiques sont disponibles.

Pour en finir avec la dépendance fourragère de la France, un plan protéines végétales va être initié. Il vise à "tirer parti de l'intérêt agronomique et écologique de la culture des légumineuses, qui enrichissent en particulier les sols en azote et permettent de réduire les apports externes tout en augmentant les rendements".

Ces nouveaux plans s'ajoutent aux plans bio et apiculture durable, déjà prévus par le ministère de l'Agriculture.

Réactions7 réactions à cet article

C'est bon ça !
Une démarche structurée et claire, qui semble aller dans le bon sens.
Allé on y croit.
J'espère simplement qu'on ne laissera pas certains industriels de l'agriculture faire tout capoter...

krakatoe | 20 décembre 2012 à 10h42 Signaler un contenu inapproprié

Je crois qu'il faut dire: "gérer les excédents d'azote minéral". Si je ne m'abuse...
Par ailleurs, "structurer la filière bio", je ne sais pas trop ce que cela veut dire. Est-ce accélérer la main-mise de la distribution? Ou industrialiser (quelle horreur!) ? Ou simplement dévoiler enfin la réalité de ce qui n'est souvent qu'opportunisme commercial...
Je sens que je vais (encore) fâcher.

Albatros | 20 décembre 2012 à 11h12 Signaler un contenu inapproprié

Albatros,
Albatros,
Il s'agit bien de résorber en priorité l'azote organique produit en excédent, comme en Bretagne par exemple, avant d'avoir recours à de l'azote minéral.
Quant à la structuration de la filière bio, il s'agit simplement de mettre en adéquation un offre et une demande.

Sophie Fabrégat | 20 décembre 2012 à 11h54 Signaler un contenu inapproprié

C'est bien le minéral qui pollue, non?
OK pour la définition clinique de l'adaptation de l'offre à une demande de bio. Verdir la grande distribution, dit comme cela, est un beau projet.
Cela n'arrange pas les bidons des producteurs de lait "bio" dont le prix subit un effondrement généralisé. Les producteurs sont les premiers dindons de cette farce et c'est bien triste.

Albatros | 20 décembre 2012 à 14h30 Signaler un contenu inapproprié

A ne pas oublier qu'il n'y a d'agroécologie sans gestion et accompagnement des paysages par un entretien tenant compte de la faune et de la flore éléments naturels indissociables (autant que la connaissance de la diversité des sols, du climat et de l'eau) de l'équilibre d'une bonne agriculture. Des outils (créateurs d'emplois à partir d'une formation allant du CAP au supérieur) existent pour cet accompagnement par des Entreprises de Travaux de l'Environnement Rural (voir site ETER.Environnement). Une occasion pour ajouter aux réflexions du Ministère l'étude de Jacques Baudry "De la haie au bocages. Organisation, dynamique et gestion" (Editions INRA).
Kenavo.

Jarnoüen | 20 décembre 2012 à 14h44 Signaler un contenu inapproprié

"Les pionniers ne se sont jamais demandés s'il y avait une contrepartie financière. On n'agit pas seulement par intérêt financier, mais parce qu'on vise un but précis". dit-il. On sait que le prince de Monaco ou la reine d'Angleterre, parmi les plus grands céréaliers qui touchent le max du PAQ...ET, sont de grands altruistes. Va-t-on perpétuer cette justice s'ils se mettent à produire de l'agro-bio industriel ?

Roland Hatzenberger | 20 décembre 2012 à 23h43 Signaler un contenu inapproprié

Ce sont de beaux projets , et je m'en réjouis grandement ! ......je veux y croire ! La France en ressort grandie et je félicite notre ministre ! Je vais suivre tout ça de très près , pleine d'espoirs et prête à applaudir ! .....

Lacaloune | 27 juin 2013 à 00h16 Signaler un contenu inapproprié

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