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Barrage de Sivens : de nouvelles pistes de travail pour obtenir un consensus

Pour tenter de faire avancer les discussions sur la gestion de l'eau sur le bassin versant du Tescou, le ministère de la Transition écologique propose une nouvelle approche de travail pour l'instance de co-construction. Explications.

Eau  |    |  D. Laperche
 Barrage de Sivens : de nouvelles pistes de travail pour obtenir un consensus

« Il n'y a pas eu de consensus fin 2020, mais nous ne sommes pas loin, a assuré Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la Biodiversité suite à la réunion de l'instance de co-construction du projet de territoire du bassin versant du Tescou, qui découle du la controversée retenue de Sivens. J'ai entendu l'urgence de rentrer en phase opérationnelle ».

La gestion de l'eau sur ce territoire fait l'objet de vives tensions. Le projet de barrage de Sivens, déclaré d'utilité publique en octobre 2013, prévoyait initialement de stocker 1,5 million de mètres cubes d'eau. Son objectif affiché était de sécuriser, en été, l'irrigation des cultures des agriculteurs mais également soutenir l'étiage du Tescou, un petit affluent du Tarn.

Une approche contestée notamment par des associations écologistes à la fois du fait du défrichement de 34,45 ha que le projet impliquait - dont 13 hectares de zones humides - mais également sur l'estimation des besoins du territoire et des ressources disponibles. Des affrontements sur le terrain avaient conduit à la mort d'un jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, en octobre 2014.

Les ambitions avaient finalement été revues à la baisse, après les conclusions de deux missions d'expertises, permettant par la même occasion d'éloigner encore plus la menace d'un contentieux européen. L'arrêt du projet a finalement été administrativement acté en décembre 2015 avec un arrêté qui abrogeait l'autorisation des travaux et son utilité publique.

Un comité de conciliation sous l'animation de l'Etat avait alors été mis en place pour débattre de la gestion de l'eau dans ce bassin versant dans le cadre d'un projet de territoire.

« Les trois ans de discussion et travaux nous ont permis d'avancer, d'identifier la nature des exploitations agricoles, regarder les solutions d'optimisation, regarder ce qui est techniquement possible, les besoins résiduels à satisfaire » a pointé Catherine Ferrier, la préfète du Tarn. Des points de blocage  n'ont toutefois pu être levés dont la question du dimensionnement des ou de l'ouvrage(s).

Un syndicat mixte pour porter les projets

Pour faire avancer les discussions, le ministère de la transition écologique a proposé lors de la réunion du 29 mars une nouvelle approche. Tout d'abord, permettre à une structure publique de porter un projet d'ouvrage. En effet si le Conseil Général du Tarn avait porté le projet initial, désormais celui-ci ne dispose plus de cette compétence. Le ministère propose donc que les maîtres d'ouvrage des différents projets se réunissent au sein d'un syndicat mixte et portent à travers la structure les différentes études techniques et financières nécessaires à leurs réalisations. « La question du volume de référence, qui aujourd'hui ne fait pas consensus sera affinée en fonction des projets posés sur la table, a indiqué Bérangère Abba. Le scénario (1) proposé par certaines associations environnementales sera aussi observé dans le cadre de l'instance de co-construction. » Ces projets seront présentés dans le cadre de l'instance de co-construction avant d'être soumis à la préfecture lors des demandes d'autorisation.

Le volume de référence que les projets devront prendre en compte est toutefois globalement fixé : l'estimation est issue d'une étude pilotée par l'agence de l'eau Adour Garonne. Celle-ci s'est penchée pour cela sur des diagnostics d'exploitation de 10 % des fermes du territoire.

L'Etat condamné pour illégalité fautive

En décembre dernier, le Tribunal administratif de Toulouse a condamné l'État à verser respectivement au Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet et à l'association France nature environnement Midi-Pyrénées une somme de 10 000 euros. « Le préfet du Tarn ne pouvait ignorer que des opérations de destruction et d'abattage d'arbres étaient réalisées par la compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne sans que cette dernière n'ait obtenu au préalable d'autorisation de défrichement, souligne dans sa décision le Tribunal. La carence du préfet à prendre les mesures qui s'imposaient pour mettre fin au défrichement illégal est constitutive d'une faute de nature à engager la responsabilité de l'Etat ».
Conclusion : les besoins s'élèvent à 473 000 m3 pour les usages agricoles et 200 000 m3 pour le milieu. « Ces besoins ont été surestimés, oppose Christian Pince, membre du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet. L'étude ne prend pas en compte toutes les retenues privées existantes. Et depuis les dix dernières années, le prélèvement maximum s'élève à 1,5 millions de m3. Dans notre scénario, nous montrons que les besoins sont moindres et pourraient en partie être absorbés par des économies d'eau et des mesures agroenvironnementales ».

Un médiateur, issu de la haute fonction publique, devrait être le garant de la prise en compte des positions de toutes les parties prenantes. En parallèle, l'Etat va prendre à sa charge la cartographie des zones humides. « Nous lancerons l'étude dans les prochaines semaines avec un point de rendez-vous tous les trois mois, pour que les parties prenantes puissent avancer sur leurs projets en intégrant ces éléments », a détaillé Bérangère Abba. Selon la secrétaire d'État, celle-ci prendra en compte l'état actuel mais également celui d'avant les travaux débutés en vue de construire le barrage de Sivens. Une enveloppe de 50 000 euros est prévue à cet effet pour la Direction départementale des Territoires (DDT).

Pour jouer sur la réduction des besoins en eau, les agences de l'eau de leur côté accompagneront le développement de mesures agroécologiques dans le cadre du plan de relance (2) .

A voir désormais quels sont les projets qui émergeront de cette nouvelle approche.

1. Consulter le scénario porté par différentes associations
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-37291-scenario-associations-projet-territoire-gestion-eau-bassin-tescou-fne-testet-confederation-paysanne.pdf
2. Lire notre dossier Quelle place pour les enjeux environnementaux dans le plan de relance ?<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/place-enjeux-environnementaux-relance-economique-82

Réactions3 réactions à cet article

il faut partir de la loi universelle qui régule l'eau sur les continents : 70% des pluies doivent être réservé à l'entretien du cycle donc à l'évapotranspiration donc à la végétation !
si on alterne inondations et sécheresses c'est justement parce que la végétation n'a pas son compte !
Actuellement les rivières françaises rejettent entre 50 et 70% des précipitations alors qu'il ne faudrait jamais dépasser les 30% ... la Sèvre Niortaise est à 76% de rejet en mer et on a des inondations et des sécheresses de plus en plus fortes !
Inondation c’est quand l’eau repart trop vite vers la mer, sécheresse c’est quand elle est repartie trop vite …
On peut agir très vite puisque toutes les lois existent déjà, il suffit juste de les faire appliquer aux collectivités : tous les rejets (pluies et eaux usées) doivent être traités et infiltrés pour ne pas perturber le cycle de rechargement des nappes phréatiques, et quand les infiltrations ne sont pas possibles l'eau doit être recyclée pour des usages non domestiques comme l'arrosage. Les rivières sont le drainage naturel des sols et elles sont caractérisées uniquement par leurs sources, tous les apports supplémentaires (ruissellements, fossés et rejets de station d'épuration) amplifient le drainage naturel donc assèchent les nappes phréatiques et polluent. Contrairement aux idées reçues l'irrigation n'assèche pas les nappes phréatiques puisqu'elle contribue à l'alimentation du cycle, pas d'eau pas de végétation pas de vie

laurent | 31 mars 2021 à 15h40 Signaler un contenu inapproprié

"Contrairement aux idées reçues l'irrigation n'assèche pas les nappes phréatiques puisqu'elle contribue à l'alimentation du cycle [...]" : c'est juste oublier qu'en été chaud ou en plein vent, donc quand il y a besoin d'irrigation, 70 à 80 % de l'eau pompée part directement alimenter l'atmosphère et ne retourne donc absolument pas alimenter les nappes. Au mieux, cette eau n'y reviendra qu'à l'automne suivant. Entre temps, les rivières déjà malmenées par les sécheresses qu'aggravent les pompages abusifs dans la nappe d'alimentation peuvent être si basses qu'elles coupent parfois, endommageant ainsi gravement la vie qui s'y trouve.
Et si l'eau en hiver génère des inondations de plus en plus fortes, n'y a-t-il pas lieu de s'interroger d'abord sur la progression de l'imperméabilisation des sols et sur le ruissellement des surfaces agricoles où les éléments qui favorisaient la pénétration de l'eau dans le sol, tels que les prairies naturelles et les haies, et son stockage au plus près de la goutte tombée au sol, telles les mares, ont très largement disparu ? Le labour profond, créant souvent une semelle étanche à la longue, aggrave encore la problématique.

Pégase | 07 avril 2021 à 14h38 Signaler un contenu inapproprié

Pourquoi continue t-on à vouloir vaporiser l'eau à travers d'immenses arroseurs en pleine journée? Dans les pays secs on utilise le goutte à goutte au pied des plantations ou de petits canaux d'irrigation qui serpentent à travers les champs aux heures fraîches et c'est bien plus efficace en étant plus économe. Et pas besoin de barrages énormes.

gaïa94 | 13 avril 2021 à 18h50 Signaler un contenu inapproprié

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