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AccueilChristian de PerthuisBaromètre Citepa : vers quelles émissions nationales en 2022 ?

Baromètre Citepa : vers quelles émissions nationales en 2022 ?

Le verdict rendu par le baromètre mensuel du Citepa dessine une évolution en demi-teinte sur l’année 2022. Christian de Perthuis replace ces résultats et cette projection annuelle dans le contexte de l’objectif en 2030 de 55 % de réduction d’émissions.

Publié le 04/10/2022

Le Citepa[1] vient de rendre publiques les données de son baromètre mensuel[2] sur le second trimestre 2022. Tous secteurs et gaz confondus, les émissions brutes de gaz à effet de serre (hors changements d’usage des terres) sont en recul de 1,1 % sur le second trimestre 2021[3], après une quasi-stabilité au premier trimestre (cf. première illustration : Les émissions brutes en recul de 1,1 % au second semestre). Sur les six premiers mois de l’année, le recul est de 0,6 %.

Ces moyennes recouvrent des évolutions très contrastées entre les secteurs qu’il convient d’analyser.

Les secteurs où les émissions reculent : bâtiments et industrie

Usage des bâtiments résidentiels et tertiaires (17 % des émissions nationales en 2021). Les conditions climatiques, hiver et printemps particulièrement cléments, sont pour beaucoup dans le recul de 22 % des émissions au second trimestre, après - 7 % au premier semestre. Tant pour les bâtiments résidentiels que tertiaires, c’est toujours le poste chauffage qui tire à la baisse.

La deuxième partie de l’année verra sans doute un rebond estival des émissions liées à la climatisation du fait des vagues de chaleur. Sur la fin de l’année, l’impact des efforts d’économie d’énergie sera tributaire des conditions climatiques.

Industrie manufacturière (19 % des émissions). La baisse des émissions s’accélère au second trimestre avec un recul de 8 % sur 2021 (- 3 % au premier trimestre). La hausse du coût des énergies fossiles et le retournement de la conjoncture sont à l’origine de ce mouvement.

La baisse pourrait s’amplifier au second semestre avec l’envolée des prix des énergies fossiles, la montée des tensions internationales et la perspective d’une récession économique en Europe et dans le monde (cf. deuxième illustration : Dégradation de la conjoncture et envolée des prix de l’énergie à l’origine de l’accélération de la baisse).

Le transport et l’énergie en forte hausse

Transports domestiques (31 % des émissions nationales). Les émissions liées au transport domestique poursuivent et accentuent leur rebond au second trimestre, avec une augmentation de 8 % sur 2021 après 6 % en début d’année. L’accélération touche les véhicules particuliers comme les véhicules utilitaires et les poids-lourds.

Sur la fin de l’année, les effets conjugués de la hausse des prix de l’énergie et de la dégradation de la conjoncture devraient freiner voire inverser cette tendance. Surtout si le plan de sobriété énergétique du gouvernement est appliqué au transport.

Le transport international (non intégré dans l’inventaire transmis aux Nations Unies) connaît une très forte reprise (+ 17 % au premier trimestre et + 54 % au second trimestre) du fait du transport aérien. Les trafics au premier semestre 2021 étaient encore largement bloqués par les mesures sanitaires liées au Covid.

Secteur de l’énergie (11 % des émissions nationales). À rebours des tendances de moyen terme, ce secteur connaît une forte reprise des émissions au premier semestre : + 5 % au premier trimestre et + 12 % au second. Cela résulte de la mise à l’arrêt de pratiquement la moitié des réacteurs nucléaires au second trimestre, dans un contexte où le déploiement des renouvelables a pris un retard considérable (cf. troisième illustration : Forte reprise des émissions du secteur électrique privé de moyens décarbonés).

Les perspectives de la fin d’année sont à la poursuite de cette reprise des émissions du secteur électrique, avec l’utilisation à plein régime des centrales à gaz et la possible utilisation de celles à charbon (centrales de Cordemais et de Saint-Avold).

Les perspectives pour l’année 2022

Le baromètre du Citepa fournit un outil sans pareil pour suivre les évolutions de gaz à effet de serre en cours d’année. Faute d’un outil de modélisation qui permettrait des projections, nous sommes limités à quelques commentaires qualitatifs.

Du côté des hausses, le plus probable est que les émissions liées aux transports vont ralentir, mais celles liées à la production d’électricité risquent de maintenir, voire d’accentuer, leur remontée.

Du côté des baisses, on peut anticiper la poursuite, voire l’accélération du recul des émissions industrielles, mais celles liées aux bâtiments risquent de ne plus avoir l’effet bénéfique de la météo comme en ce début d’année.

Au total, ces évolutions contrastées pourraient donner sur l’année 2022 des émissions voisines de celles de 2021. Un tel résultat ne serait pas bon. Il mettrait l’année 2022 au-dessus de la tendance de moyen terme observable depuis 2005 (cf. quatrième illustration : Émissions de gaz à effet de serre en France). Or, cette tendance baissière n’est pas suffisante pour nous diriger vers l’objectif de réduction d’émission de 55 % à l’horizon 2030.

 

Article originellement publié sur le blog de Christian De Perthuis[4].

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[1] Site du Citepa.

[2] Consulter le baromètre du Citepa : lien vers le baromètre.

[3] Voir l’article de Christian de Perthuis sur le bilan des émissions en 2021 : lien vers l’article.

[4] Lien vers l’article original sur le blog de Christian De Perthuis.

Article proposé par : Christian de Perthuis Christian de Perthuis Economiste

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Crédits photos : Citepa / Baromètre Secten 2022 Citepa / Baromètre Secten 2022 Citepa

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