
La crise économique a grandement affecté le marché du papier recyclé qui se remet doucement, tiré par la consommation asiatique. Les perspectives de développement restent optimistes pour ce matériau recyclable en moyenne de 4 à 6 fois.
Près de 400 millions de tonnes de papier et de carton sont produites dans le monde chaque année principalement en Asie (43%), en Europe (27%) et en Amérique du Nord (22%). Le papier étant facilement recyclable, l'introduction de fibres recyclées dans la production atteint aujourd'hui un taux supérieur à 50% au niveau mondial (60% en France). Résultat, au niveau mondial seul 1 arbre coupé sur 5 est destiné à la fabrication de papier.
Les fibres recyclées proviennent des secteurs du conditionnement et de l'impression mais aussi des déchets ménagers. Mais depuis plusieurs années le marché du papier connaît quelques difficultés. Les flux de matériaux ont subi de plein fouet la récente récession : en 2009, pour la première fois, la collecte de papier a baissé en Europe (-5% environ) et en Amérique du Nord (-3% environ). La production a elle aussi été touchée, l'utilisation de papier récupéré a donc connu également une baisse. Seule l'Asie a affiché des taux de collecte et de production à la hausse. Elle a de ce fait constitué une "bouée de sauvetage" pour les marchés européens et américains encombrés de stocks de papier. Résultat, en 2009, l'Europe a exporté plus de 24 millions de tonnes de papier majoritairement à destination de la Chine, où peu de forêts sont exploitables par l'industrie papetière.
De même, en 2010 et 2011, la reprise a été tirée par les besoins des grandes puissances asiatiques mais la situation est loin d'être revenue à son niveau d'avant-crise. "Au deuxième semestre 2011, les problèmes de la zone euro, la lente reprise économique des Etats-Unis et la politique monétaire plus stricte de la Chine ont clairement porté préjudice à la croissance économique, et corrélativement à la demande de nos produits", explique Ranjit Baxi, président de la division papier du Bureau International du Recyclage (BIR). Pour 2012, Stéphane Armange, Directeur Commercial FCR chez Paprec France constate que la demande et les prix de vente de fibres recyclées "sont corrects" mais ses clients ont semble-t-il des difficultés à écouler leurs stocks à des prix décents, l'offre de papier étant toujours supérieure à la demande depuis la crise économique.
Favoriser le recyclage local ?
En France, 7,5 millions de tonnes de papier sont collectées chaque année, la papeterie locale en consomme 5,5 millions. Le pays est donc excédentaire. Et ça ne s'arrangera pas sachant que de nombreuses papeteries ont fermé dans l'Hexagone ces dernières années et que de nouveaux gisements vont être sollicités notamment les papiers de bureau. Chez Paprec, actuellement, 40% des papiers recyclés alimentent les papeteries françaises, 40% sont exportés vers l'UE et 20% vers le marché asiatique.
La "fuite" des matières recyclées inquiète depuis plusieurs années les professionnels du secteur qui demandent le retour à des boucles de recyclage locales, source d'emploi. "Je n'ai pas de problème pour travailler avec des papetiers locaux encore faut-il qu'ils soient dans le prix du marché et couverts par les assurance-crédits", explique Stéphane Armange. "Aujourd'hui, je prends des risques financiers avec certains clients pour privilégier le local mais je ne pourrai pas le faire dans des proportions plus importantes que ce que je fais aujourd'hui. Nous sommes dans une conjoncture délicate", prévient-il.
La Chine a prévu de son côté de développer le recyclage du papier mais cette question ne semble pas inquiéter le spécialiste : "A l'heure actuelle on collecte dans le monde 350 millions de tonnes de papier. A l'horizon 2015 la papeterie aura besoin de 450 millions de tonnes donc même si on progresse au niveau de la collecte, la demande mondiale va continuer à croître, je ne suis pas véritablement inquiet pour les débouchés". Selon le cabinet Pöyry Management Consulting, en dépit de l'augmentation des collectes sur son territoire national, la Chine pourrait accroître de 50% ses besoins d'importations de fibres de récupération pour atteindre quelque 39 millions de tonnes par an d'ici à 2020.
Florence Roussel
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