Le verre peut être recyclé plusieurs fois à 100%, sans perte de qualité. Ce simple fait technique en fait un "authentique matériau de recyclage du berceau au berceau" selon le Conseil Economique et Social Européen (CESE). "La seule véritable limite au recyclage aujourd'hui est la quantité de verre récupéré et la disponibilité du verre usagé en Europe", ajoute le CESE.

À partir des années 70, une organisation entre les collectivités locales, les verriers et les traiteurs de verre s'est mise en place pour collecter le verre usagé auprès des particuliers. Aujourd'hui la majorité des déchets de verre (85%) provient du conditionnement et une petite partie des déchets industriels notamment de construction (verre plat). Le taux moyen de collecte a atteint en 2010 selon la Fédération européenne du verre d'emballage (FEVE), 67% pour les pays de l'UE-27.

Un marché franco-français en stagnation

Après une chute en 2009 et 2010, la production mondiale de verre a de nouveau progressé en 2011. En Europe, elle a atteint 33,3 Mt dont 5 Mt pour la France. En moyenne, 10% du calcin utilisé pour la fabrication provient des chutes de fabrication interne et 50% du recyclage du verre. Contrairement à d'autres matières recyclées, le verre ne trouve pas preneur en Chine. Le calcin collecté et recyclé en France (2,3 millions de tonnes en 2008 selon l'Ademe) est donc majoritairement utilisé dans les industries françaises.

Mais le niveau de recyclage a tendance à stagner depuis quelques années du fait d'une insuffisance de verre brut collecté, et par un manque de calcin blanc pour la fabrication de verre blanc. Des actions sont en cours pour densifier le nombre de containers de collecte et pour introduire le tri par couleur en mettant à la disposition des usagers un container supplémentaire réservé au verre blanc.

Favoriser le tri par couleur

Le développement des techniques de démélange capable d'extraire du flux global le verre non coloré permettrait l'incorporation d'un taux de calcin recyclé plus important dans la chaîne de production du verre incolore. "Les attentes de nos clients en termes d'amélioration de la qualité du calcin et de la mise en oeuvre du démélange requièrent des technologies de plus en plus sophistiquées et maintiennent pour notre profession un niveau d'investissement élevé", confirme Jacques Bordat, Président de Cyclem Federec Verre dans le rapport annuel de la fédération des entreprises du recyclage.

Mobiliser de nouveaux gisements

Les professionnels du secteur misent également sur les plans de gestion des déchets du BTP prévus par la réglementation pour augmenter le flux de verre collecté. Le renforcement du recyclage des véhicules hors d'usage devrait également alimenter la filière. Mais ces verres ne sont pas aussi simples à recycler que le verre creux. Les technologies de vitrage pour le bâtiment ou les pare-brise ont beaucoup évolué ces dernières années. Le verre n'est pas le seul composant dans des pares-brises qui intègrent des systèmes de désembuage, des antennes radio… ce qui rend difficile son extraction.

Développement d'autres voies de valorisation

D'autres voies de valorisation se développent afin de trouver des débouchés au verre recyclé pollué et qui, même après traitement, ne peut satisfaire le cahier des charges des verriers. C'est le cas par exemple des lots de calcin ménager trop contaminés ou de granulométrie trop fine ou encore des lots de verre spéciaux dont la composition chimique est trop éloignée. Des opérations de broyage et de tamisage permettent d'obtenir une poudre de verre qui trouve de nombreuses applications comme additifs (peintures, matériaux plastiques, béton, carrelage, tuiles...) ou pour élaborer de nouveaux matériaux pour le bâtiment comme les mousses de verre isolantes ou les billes de verre expansé.

Florence Roussel