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Les scientifiques au chevet du corail

Les scientifiques au chevet du corail Actu-Environnement.com - Publié le 25/03/2004
Les scientifiques au chevet du corail  |    |  Chapitre 1 / 1
   
Les scientifiques au chevet du corail
   
Dégradés par la pollution, la pêche intensive et le réchauffement de la planète, les récifs de coraux, vitaux pour des millions d’êtres humains, dépérissent à un rythme préoccupant.Face à ce problème écologique, 1 336 scientifiques de 69 pays ont lancé un appel d'urgence pour protéger cet élément naturel, vieux de 100 millions d'années.

10% des récifs dans le monde sont déjà irrémédiablement condamnés, et 30% d'entre eux sont fortement menacés de disparition d'ici 30 ans si aucune action de protection n'est entreprise. 58% de l'ensemble des récifs seraient mis en danger par l'activité humaine. Plus de 80% des récifs du Sud-est asiatique sont très menacés, principalement par le développement du littoral et les pressions liées à l'exploitation des ressources. En dehors du Pacifique, 70% des récifs sont soumis à une forte pression humaine. Les récifs du Pacifique sont les moins menacés.

Créés au cours d’une évolution de plus de 50 millions d’années, les récifs coralliens constituent l’un des systèmes les plus fragiles et les plus complexes de la biodiversité.
Les récifs sont des structures sous-marines construites par les coraux. Les coraux sont des animaux marins, vivant en symbiose avec des algues et qui constituent leur propre squelette calcaire. Ces structures coralliennes servent d'abris à des milliers d'espèces qui forment la communauté corallienne.
Les naturalistes ont dénombré plus de 800 espèces de coraux et 4 000 espèces de poissons vivant sur les récifs. Au total, ils pourraient abriter jusqu’au quart de la totalité des espèces marines et joueraient le rôle particulièrement important de nursery pour les jeunes poissons. Ils croissent au rythme de 1,3 à 10,2 cm par an et tout prélèvement, toute cassure, d’apparence bénigne, peuvent annuler un siècle de construction du récif.
Les coraux sont nés, il y a 475 millions d'années, de l'union d'animaux semblables aux méduses et de plantes unicellulaires en un même organisme complexe. Le corail fait parti classe d'invertébrés marins caractérisée par un squelette externe calcaire ou corné. Ce squelette protecteur est souvent lui-même appelé "corail".

Les coraux sont répartis en deux sous-classes selon leur type de symétrie radiale (symétrie par rapport à l'axe central). Une sous-classe est composée d'animaux coloniaux à huit tentacules possédant leur propre squelette interne. On y trouve le corail fouet, les gorgones et le corail rouge utilisé en joaillerie. Les membres de l'autre sous-classe ont généralement six tentacules, ou un nombre multiple de six, mais d'autres arrangements sont également possibles. Ils comprennent les vrais coraux ou madréporaires. Une autre classe du même embranchement groupe des formes apparentées.

Internationalement reconnu comme l’un des écosystèmes les plus importants, l’écosystème corallien est, avec la forêt tropicale, le plus diversifié et le plus complexe de la planète. Avec plusieurs milliers d’espèces, il est l’un des écosystèmes dans lequel la diversité spécifique est la plus élevée au plan national. C'est également l'un des écosystèmes les plus productifs, en production brute, et les récifs coralliens sont souvent considérés, dans le milieu océanique tropical particulièrement pauvre, comme des oasis dans un désert.

Parmi les menaces majeures qui pèsent sur les récifs coralliens figurent :
  • Les pressions anthropiques locales, souvent chroniques, liées aux activités humaines en zone côtière et qui ont un impact localisé et immédiat.
  • Les pressions naturelles qui peuvent avoir des impacts à plus large échelle et à plus longue échéance et qui viennent compliquer les réponses des communautés coralliennes aux pressions locales.
  • Les menaces naturelles sont liées aux changements globaux, réchauffement de la planète et à leurs effets associés, aux cyclones, au blanchissement des récifs coralliens, avec un événement particulièrement marqué en 97-98, aux infestations de l’étoile de mer Acanthaster planci et aux maladies des coraux.
Fragiles, les coraux sont très sensibles aux variations de température. En 1998, la dernière manifestation d’El Niño, ce phénomène climatique périodique propre au Pacifique, a entraîné une augmentation de la température des eaux tropicales. L’Afrique, le Pacifique, l’Indonésie et les Philippines ont été affectés. Partout, les couleurs de récifs se sont estompées, laissant place à une étrange teinte d’os. Ce «lessivage» a précédé l’envahissement par l’ennemi de toujours, les algues. Le Réseau mondial de surveillance des récifs estime qu’en 1998 le «lessivage» a détruit 16% des coraux. Dans l’océan Indien, aux Maldives, au Sri Lanka, sur les côtes ouest de l’Inde, il a eu un effet dévastateur sur les récifs déjà dégradés par l’apport de sédiments et la pollution dus à l’industrie littorale et au défrichement. Les menaces liées aux pressions anthropiques sont :
  • La sédimentation, résultant de la déforestation et l’érosion des bassins versants.
  • La pollution des eaux liées aux rejets domestiques et industriels et aux activités agricoles.
  • Les dragages et les extractions dans les récifs.
  • Les remblais sur les récifs et la modification du trait de côte.
  • La surexploitation des ressources vivantes.
  • L’utilisation de techniques de pêche destructrices.
En Malaisie, au Vietnam, en Indonésie et aux Philippines, la pêche intensive a eu des effets désastreux. Le prélèvement massif d’espèces de poissons qui se nourrissent d’algues a entraîné la prolifération de ces dernières. Elles ont envahi les récifs coralliens et les ont dominés. De plus, la pêche à l’explosif a gravement endommagé les coraux en Afrique de l’Est. Tout comme la pêche au cyanure de sodium, qui facilite la prise des poissons tropicaux, en les rendant lents et maladroits, et qui tue les coraux et de nombreux autres animaux des récifs. On estime que, depuis l’apparition de cette technique dans les années 1960, plus de 1 000 tonnes de cyanure ont été déversées sur les récifs coralliens des Philippines.
Souvent qualifiés de "forêts ombrophiles des océans", les récifs coralliens abritent une extraordinaire variété de plantes et d'animaux marins, dont un quart de toutes les espèces de poissons marins. La région où l'on trouve la plus grande diversité de récifs comprend les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec entre 500 et 600 espèces de corail dans chacun de ces pays.
L'Indonésie, suivie de l'Australie et des Philippines, sont les pays qui possèdent le plus de récifs coralliens. La France, avec ses départements et territoires d'Outre-mer, possède également un des plus grands domaines coralliens.
Les collectivités de l’Outre-mer entourées de récifs coralliens se distribuent dans les trois océans ce qui explique la diversité exceptionnelle des formations récifales :
  • Dans l'Océan Pacifique : Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française, Wallis, Futuna et Clipperton.
  • Dans l'Océan Indien : La Réunion, Mayotte et les îles Éparses (Tromelin, Juan de Nova, les Glorieuses, Europa, Bassas da India).
  • Dans les Caraïbes : la Martinique, la Guadeloupe et les îles qui s'y rattachent, Saint Barthélemy, Saint Martin, Marie-Galante, les Saintes, la Désirade.
Ces récifs coralliens représentent un linéaire total développé de plus de 5.000 km. Au total, sur l'ensemble des DOM-TOM, les surfaces récifo-lagonaires couvrent environ 55.000 km2 soit en moyenne le double des surfaces de terres émergées et soit près de 10% de la surface mondiale de récifs. La Polynésie regroupe près de 20% des atolls coralliens du monde, la Nouvelle-Calédonie possède la seconde plus grande barrière récifale du monde et en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte se situent deux des rares doubles récifs-barrières au monde (moins de 10).
Ces récifs sont les écosystèmes marins les plus riches en espèces et constituent des sites d'importance majeure pour de nombreuses espèces rares ou menacées, dont les Dugongs (vaches marines) et les tortues.
Outre l' intérêt écologique, ils ont une importance économique, sociale et culturelle majeure. En effet, ils protègent les cotes de la violence de la mer, ils sont la principale source de nourriture de nombreux îliens et la pêche est une activité vitale dans plusieurs des collectivités de l’Outre-mer et sont le support d'activités touristiques et de loisirs essentielles à l'économie des collectivités.
Le pourcentage de dégradation des récifs dans les îles (Antilles et à Mayotte, à La Réunion et dans les îles de la Société, en Polynésie) atteint souvent 30% et le pourcentage de récifs menacés atteint ou dépasse 50%.
Dans ces collectivités, les menaces liées aux pressions anthropiques les plus graves sont l'érosion/sédimentation et la pollution des eaux.

L'Initiative Internationale en faveur des Récifs Coralliens et Ecosystèmes Associés, qui est une action multilatérale de gouvernements et d'organisations fondée par 8 gouvernements (Australie, États Unis d’Amérique, France,Jamaïque, Japon, Philippines, Royaume-Uni et Suède), a l'objectif de mobiliser les gouvernements en faveur de plans nationaux et régionaux pour le développement durable des écosystèmes coralliens et de leurs ressources, et de surveiller en continue l'état de santé des récifs à l'échelle planétaire. Les instances de mise en œuvre de cette Initiative sont le Secrétariat de l'ICRI et le Comité International de Coordination (Coordinating Planning Committee - CPC of ICRI). Après les États Unis et jusqu'à décembre 1998, le secrétariat de l'ICRI a été pris en charge par l'Australie puis par la France. Le premier atelier international de l'ICRI s'est tenu aux Philippines en mai 1995, atelier à l'issu duquel ont été adoptés deux documents, "l’Appel à l'Action" et le "Cadre pour l'Action", qui proposent une stratégie et un plan d'action au niveau international en faveur des récifs.
Cinq réunions régionales ont été tenues en 1995 et 1996, mobilisant plus de 120 pays, dont : Amériques tropicales (Jamaïque, juillet 95), Pacifique sud (Fiji, novembre 95), Afrique de l'est et Océan Indien occidental (Seychelles, avril 96), Asie du sud (Maldives, novembre 95) et Asie du sud-est (Indonésie, mars 96).

L’Initiative Française sur les Récifs Coralliens (IFRECOR) est quant à elle une action nationale en faveur des récifs coralliens des collectivités de l’Outre-Mer, engagée sur décision du Comité interministériel de la Mer. L’initiative recouvre toutes actions et mesures prises en faveur des récifs. Les enjeux en sont la protection et la gestion durable des récifs coralliens des collectivités de l’Outre-Mer.
La stratégie nationale pour les récifs coralliens s’inscrit dans le cadre de la stratégie internationale de l’ICRI, qui comprend quatre axes d’action : Gestion intégrée des zones côtières, Information/sensibilisation, Développement des moyens d’actions, Evaluation des mesures prises. Cette stratégie nationale repose sur les constats du rapport sur "l’Etat des récifs coralliens dans les collectivités de l’outre-mer", édité en novembre 1998. Elle a été élaborée sur la base des stratégies locales, produites par chacune des collectivités. Mais elle n’est pas une somme de ces stratégies locales, certaines orientations stratégiques pouvant avoir un intérêt plus fédérateur au niveau national. Elle ne se substitue donc pas aux stratégies locales mais en assure une synthèse. La stratégie a été discutée et validée lors de la réunion du comité national de l’IFRECOR à la Réunion les 21 et 22 décembre 1999.

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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