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“Il ne s'agit plus de partir uniquement sur une idée de volume ou de perspective et de promettre une performance sans en faire la démonstration”

Bâtiment tertiaire et RT 2012 : le trio Chauffage, Ventilation, Climatisation en question Actu-Environnement.com - Publié le 08/07/2013

François Pelegrin, architecte spécialiste du bioclimatisme et membre du bureau du comité stratégique Grenelle bâtiment, explique comment l'arrivée de l'indice Bbio modifie la collaboration entre l'architecte et le thermicien.

Bâtiment tertiaire et RT 2012 : le trio...  |    |  Chapitre 2 / 4
“Il ne s'agit plus de partir uniquement sur une idée de volume ou de perspective et de promettre une performance sans en faire la démonstration”
Environnement & Technique N°327 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°327
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Actu-environnement : L'introduction de l'indice Bbio dans la RT 2012, constitue-t-elle une grande nouveauté ?

François Pelegrin : C'est dommage d'avoir attendu 2012 pour l'inscrire dans la loi. Dans les années 1980, la France était pionnière dans le domaine du bioclimatisme et il y avait beaucoup de recherche et de travaux sur les outils d'aide à la conception. Mais il a fallu que le prix du baril chute pour arrêter les investigations. Pendant que les Allemands, les Autrichiens ou les Suisses innovaient, nous avons accumulé du retard.

L'introduction du Bbio à la suite du Grenelle nous a obligé à rattraper ce temps perdu et nous réapparaissons parmi les bons élèves européens. Même si le virage était amorcé avec la RT 2005, c'est une bonne chose qui marque une rupture avec certaines pratiques anciennes.

AE : Comment cela se concrétise-t-il lors de la conception d'un bâtiment ?

FP : Pour certains architectes, l'arrivée de l'indice Bbio représentante une nouveauté car il impose de prendre en compte l'approche bioclimatique dès l'esquisse. Auparavant, l'architecte dessinait, le bureau d'étude faisait les calculs et on compensait avec une chaudière plus puissante ou du vitrage plus épais.

AE : La RT 2012 condamne cette approche séquentielle ?

FP : Elle impose le respect de différents critères tout le long de la conception du projet. Chaque étape doit être validée par des calculs thermiques pour assurer le respect de la règlementation. L'architecte doit donc dès les premières esquisses concevoir une enveloppe bien isolée et apte à capter les apports solaires sans dégrader le confort d'été. Il ne s'agit plus de partir uniquement sur une idée de volume ou de perspective et de promettre une performance sans en faire la démonstration. En cela elle valide l'approche intégrée qui émerge depuis une vingtaine d'année en lui donnant force de loi. Attention cependant, l'approche thermique ne doit pas pour autant prendre le dessus sur l'ensemble des paramètres. Elle doit rester un des 12 ou 15 aspects à prendre en compte, tels que la qualité de l'air, le confort acoustique et visuel ou encore la gestion des déchets. Evitons de faire des bouteilles  thermos dans lesquelles les gens seraient malheureux. Il faut aussi éviter les systèmes trop complexes qui demandent en permanence des réglages très fins que personne ne fera.

AE : Comment les architectes et ingénieurs y parviennent-ils ?

FP :

Aujourd'hui, des logiciels permettent d'évaluer la performance Bbio à tout moment à partir de la maquette numérique du bâtiment (on parle de logiciels BIM). Ils calculent les paramètres thermiques liés à l'enveloppe et utilisent un langage informatique compatible avec les logiciels d'ingénieur. Cette approche permet à l'architecte d'évaluer l'impact de ses choix des tailles de fenêtres ou d'isolation pour optimiser le bâtiment sans recourir en permanence à un bureau d'étude.

Cependant la collaboration avec le thermicien reste très importante car l'ingénieur apporte l'expertise qui va au-delà des qualités thermiques passives de l'enveloppe, c'est-à-dire les caractéristiques et performances des équipements de chauffage, ventilation et climatisation. Ces éléments, ainsi que le recours aux renouvelables, jouent aussi une très grande importance dans le respect de la RT2012.

AE : Pensez-vous que le niveau d'exigence du Bbio soit élevé ?

FP : Le Bbio place la barre assez haute. Il est bien sûre possible d'aller au delà, mais compte tenu de la non linéarité de certains aspects du problème, c'est parfois difficile dans les faits. Par exemple, doubler l'épaisseur d'isolant ne se traduit pas par un doublement de l'efficacité de l'isolation, il faut donc souvent monter en gamme de performance.

Surtout que la RT2012 arrive alors que la crise frappe les maîtres d'ouvrage. On assiste plutôt à un mouvement inverse, puisqu'ils cherchent à construire dans des prix qui restent supportables pour les acheteurs. Il est très difficile de prédire si la RT 2012 privilégiera la performance bioclimatique ou la qualité des équipements CVC. Pour l'instant, si les donneurs d'ordres affichent un discours volontariste, dans les faits ils demandent plutôt un service minimum.

La recherche de l'excellence bioclimatique s'impose par contre pour ceux qui souhaitent être les premiers de la classe, ceux qui visent un bâtiment passif, puisque le BBC est devenu la norme.

AE : Et concernant les équipements ?

FP : La même approche domine. Cela fait quelque temps que les donneurs d'ordres sont très attentifs aux coûts d'installation, d'utilisation et d'entretien. Ils rechignent à mettre des équipements trop sophistiqués à cause des coûts de maintenance.

On attend dans ce domaine de vrais progrès. Quand on voit le coût d'un filtre d'une pompe à chaleur double flux, filtre qu'il faut changer près de deux fois par an, l'impact sur les frais de gestion est important.

Propos recueillis par Philippe Collet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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