Ces auditions, premières étapes de ce débat public qui doit se poursuivre pendant quatre mois dans 13 villes, visent à entendre les publics directement concernés par l'un des trois axes de recherche : la séparation/transmutation, le stockage en couches géologiques profondes, l'entreposage de longue durée en surface et sub-surface.
Pour Corinne François, porte-parole de la Coordination contre l'enfouissement, Les déchets à haute activité et à vie longue sont dangereux pendant des milliers, voire des millions d'années et aucun sous-sol ne peut contenir leur toxicité. A-t-on le droit de faire ça aux générations futures ? Quatre petits mois de débat après quinze années de recherche qui n'ont jamais laissé la population s'exprimer, c'est beaucoup trop court. Il est vrai que l'on peut se demander l'utilité d'une telle consultation tant la problématique est complexe, mais surtout s'interroger de l'influence qu'aura celle-ci sur les décisions qui seront finalement prises par les pouvoirs publics.
Pour la Commission nationale du débat public, ce débat doit permettre aux citoyens de s'informer et d'exprimer ses opinions et ses préoccupations sur la question des déchets radioactifs et de leur gestion et faire en sorte que s'engage une réflexion sur les processus de prises de décision à mettre en œuvre dans les dix à quinze années à venir.
Pour Nelly Olin et François Loos, ce sujet est important et ne doit pas être réservé à un cercle d'experts, industriels et associatifs. Chacun de nous est concerné en tant que consommateur d'électricité, que nous habitions ou non, près d'une installation nucléaire ou d'un laboratoire de recherche. » Ils souhaitent que « ce débat soit accessible à tous, marqué par la transparence dans la présentation des enjeux, par l'écoute et le respect des opinions exprimées ».
Mais le réseau Sortir du nucléaire a annoncé qu'il ne participerait pas à ce débat qu'il juge caduc mais seront présent devant toutes les réunions du Débat public pour manifester leur opposition et donner au public une véritable information.
Les collectifs Bure-Stop et la Coordination nationale contre l'enfouissement des déchets nucléaires ont quant à eux qualifié le débat qui s'ouvre de tronqué et trompeur. Nul au monde ne sait gérer les déchets issus de 40 années de production électronucléaire, ont-ils estimé dans un communiqué.
Sur la base des rapports des recherches, évaluations des experts, bilan du débat public, le Gouvernement préparera un projet de loi, qui sera examiné par le Parlement au deuxième trimestre 2006. En définissant sans tarder des solutions sûres et pérennes pour tous les déchets radioactifs, nous assumerons pleinement nos responsabilités à l'égard des générations futures, ont indiqué les ministres.
Par la loi du 30 décembre 1991, également appelée loi Bataille, du nom du Député du Nord, Christian Bataille qui fut son rapporteur, le Gouvernement avait quinze ans pour approfondir les recherches et trouver une solution pour le stockage des déchets les plus dangereux, c'est-à-dire ceux qui résultent de l'activité des centrales nucléaires et ayant pour certains une durée de vie de plusieurs millions d'années. Cette loi définissait trois axes principaux de recherche (la séparation et la transmutation, le stockage en couches géologiques profondes et l'entreposage de longue durée en surface) pour la prise en charge des déchets de haute activité et à vie longue produits dans les réacteurs nucléaires (~ 15 tonnes/an pour la France) et donnait rendez-vous en 2006 pour faire le bilan des différentes propositions.