Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Des outils pour évaluer la qualité sanitaire des plantes potagères

Afin d'améliorer les pratiques de diagnostic dans les environnements potentiellement pollués, l'Ademe et l'Ineris viennent de lancer deux outils d'échantillonnage des végétaux et de restitution ciblée des transferts de polluants correspondants.

Risques  |    |  F. Ascher
La présence de potagers à proximité d'une installation industrielle oblige souvent à examiner la qualité sanitaire de la production consommée par la population, a rappelé Franck Marot, chef de projet à la Direction déchets et sols, département Sites et Sols Pollués de l'Ademe, lors d'une conférence qui s'est récemment tenue sur ce thème. Or, les méthodes utilisées jusqu'ici, s'avèrent relativement empiriques et limitées pour évaluer les risques et choisir les plantes les plus appropriées au site !

Pour renseigner les teneurs en contaminants, on peut effectuer une recherche bibliographique, modéliser le transfert des contaminants et mesurer directement la contamination. Mais il convient de justifier la démarche et de proportionner les moyens d'investigation aux voies d'exposition éventuelles, a confirmé Camille Dumat, Ecolab-Ensat de Toulouse. Soit une approche réfléchie qui passe par la mise en œuvre d'un protocole d'échantillonnage de végétaux adapté aux contraintes locales et par l'intégration de l'ensemble des paramètres influents. Objectif : éviter les erreurs d'interprétation et de gestion des sols pouvant en découler.

Co-piloté par l'Ademe et l'Ineris, le guide méthodologique d'échantillonnage(1) est le fruit d'un travail collectif échelonné sur trois ans. Il permet de comparer l'état de contamination des plantes potagères(2) au regard de l'étude historique, des documents de référence (circulaires, méthodologie de gestion des sites pollués, etc) et des valeurs réglementaires, afin d'engager une démarche de quantification rigoureuse des risques. Il permet aussi de calculer un niveau de risque (grille de calcul IEM, EQRS, ARR) et d'identifier le cas échéant l'origine de la contamination des plantes. Les contraintes administratives, techniques ou de terrain obligent à trouver un compromis entre les besoins imposés par la rigueur d'une étude scientifique et la réalité d'une étude de terrain, a avoué Camille Dumat. Face à l'impossibilité d'échantillonner tous les jardins potagers et toutes les espèces de plantes, il s'avère nécessaire de recourir à des critères de sélection pour identifier des secteurs, des parcelles et des plantes qui soient représentatifs. En clair, c'est la zonation du secteur d'étude et la sélection de végétaux à échantillonner qui conditionnent la qualité de l'interprétation des données et leur extrapolation.

Le guide distingue trois grandes étapes. Elaboré à l'issue de l'étude historique et documentaire, le schéma conceptuel consiste à recenser les différentes sources de contamination des potagers et les voies possibles, sans négliger les apports de remblais, les dépôts surfaciques de poussières contaminées, l'irrigation des cultures via un puits alimenté par une nappe contaminée ou par l'eau de pluie collectée via les gouttières d'un bâtiment exposé à des retombées de poussières, etc. Suivent les analyses en laboratoire, l'interprétation des résultats et le rapport d'étude.

Pour le choix des plantes, la démarche d'évaluation de l'exposition considère souvent qu'une espèce végétale est représentative du niveau de contamination de toutes les espèces de la même famille, ou que l'information sur le cultivar est superflue, a poursuivi Camille Dumat. Or ces deux approximations peuvent conduire à un biais qu'il conviendrait d'évaluer et de minimiser dans l'estimation du risque sanitaire. Ainsi, une démarche d'évaluation de l'exposition qui ne prend pas en compte l'ensemble des facteurs présentés, peut induire des biais non négligeables. D'où la nécessité d'améliorer aussi la compréhension des mécanismes, d'acquérir des données harmonisées et de faire progresser les outils de prédiction et de modélisation de la partie phyto disponible, afin d'aider au choix adéquat d'espèces et/ou de cultivars de plantes. Aujourd'hui, l'évaluation des risques constitue en effet un outil majeur d'aide à la décision en matière de gestion environnementale.

Dans le cadre de diagnostics environnementaux et d'évaluation des risques sanitaires liés aux sites et sols pollués, on a vu qu'il fallait comparer les résultats de mesure sur site et/ou de modélisation avec les données bibliographiques sur la contamination des plantes. Or ces données sont diffuses et parfois peu accessibles ou confidentielles. Force est de constater le besoin de mutualiser la collecte et de synthétiser les données, a souligné Claire Pinet, CNAM IHIE-SSET Ouest, lors de sa présentation. D'où le projet de la base de données BAPPEP sur les teneurs en éléments traces métalliques de plantes potagères.

Issue d'un travail collaboratif et itératif, cette base regroupe sur un support unique les données sélectionnées à partir de 128 publications et rapports. Afin de faciliter l'accès aux opérateurs et de sélectionner les données les plus pertinentes au regard du contexte, elle offre une interface d'extraction à l'aide de critères discriminants. Parmi ces paramètres figurent : le climat (température, humidité, vents dominants, variation saisonnière) ; le pays ; la plante (espèce, variété, organe, maturité, pelage ou lavage, pH) ; les traces métalliques (As , Cd, Co, Cr, Cu, Hg , Mo, Ni,Pb, Se, Tl, Zn) ; l'eau (interaction) ; l'air ; le sol (pH, texture, matière organique, micro-organisme) ; le milieu (extérieur, intérieur) ; le contexte (industriel, urbain, rural, artificiel) ; la source de pollution (industrielle, urbaine, agricole, artificielle, naturelle)… Un filtre de sélection autorise le couplage des données pour obtenir la teneur en éléments traces des plantes avec celle des milieux physiques.

BAPPEP favorise la consolidation des résultats de mesures (IEM, EQRS) ou au contraire l'identification d'une situation singulière et l'évaluation de manière prédictive des concentrations sol/plantes, a indiqué Claire Pinet. Elle sera opérationnelle fin décembre, et accessible gratuitement sur Internet.

Ces deux dispositifs complémentaires qui peuvent s'enrichir mutuellement, constituent l'un des supports techniques à la mise en œuvre des outils méthodologiques du MEDAD, a déclaré Franck Marot.Mais l'autre enjeu réside dans leur perspective d'évolution !Ainsi, la base doit être mise à jour tous les 2 ans. Il faut que les opérateurs puissent l'alimenter avec les données de leurs diagnostics, de façon à participer à la mise en place d'un réel retour d'expérience, a insisté l'ingénieur. Les réticences possibles ne sont pas insurmontables, si la propriété des données et la confidentialité sont respectées .

1/Le guide est accessible depuis le site Internet dédié aux sites pollués :
http://www.sites-pollues.ecologie.gouv.fr/DocumentsDiagnostics.asp
2/Laitue, épinard, radis, pomme de terre, tomate, choux, oignon, carotte, pois, haricot, et plus de 40 autres espèces.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager