Selon Sébastien Godinot, ''en réalité, la majorité des échanges de crédits carbone n'est pas gérée par les industries concernées légalement par les quotas, mais par des banques et investisseurs qui se mettent à spéculer sur les crédits carbone, et créent des produits financiers de plus en plus complexes, similaires aux produits dérivés subprimes qui ont conduit à la crise financière actuelle''.
Anne-Sophie Simpere dénonce ''l'absence quasi totale de régulation de ces marchés. Leur effondrement aurait des effets catastrophiques non seulement sur l'économie mondiale mais aussi sur le climat. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre ce risque''.
En 2008, le marché carbone s'est élevé à 216 milliards d'euros. Si un marché mondial était créé, ''il pourrait dépasser 3.000 milliards d'euros d'ici 2020''.
L'association remet en cause également l'efficacité d'un tel système : ''les marchés carbone n'ont pas permis les réductions d'émissions de GES promises. Pire, ils sont largement basés sur des mécanismes de compensations des émissions des pays riches dans les pays pauvres. Ces mécanismes sont les plus risqués et mettent sur le marché une partie de crédits carbone fictifs. L'amplification du phénomène pourrait conduire à l'effondrement du prix du carbone''.
Sébastien Godinot conclut : ''Les marchés carbone sont aujourd'hui un moyen pour les Etats les plus riches, historiquement responsables des changements climatiques, de continuer à faire du business as usual incompatible avec les exigences climatiques scientifiques. Les Etats parient sur des mécanismes de marchés financiers au sortir d'une crise financière catastrophique dont les leçons n'ont pas été tirées : avec ce genre de poker, la prise de risque est maximale. Les Amis de la Terre demandent au contraire au gouvernement d'utiliser des outils éprouvés, simples et fiables tels que la régulation, la taxation des émissions de GES et des investissements publics massifs dans les technologies propres, pour réduire les émissions d'au moins 40% d'ici 2020, sans compensation''.