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Environnement : pourquoi dans un monde où tout change, rien ne change ? (1/2)

La prise de conscience environnementale dont l’histoire chaotique est racontée ici prend ses racines au début du XIXe siècle et est marquée par un bouillonnement de constats, d’engagements qui se heurte à une inertie sociétale.

Publié le 25/03/2021

Le propos ici n’est pas tant d’expliquer pourquoi rien ne change[1] que de montrer qu’effectivement rien ne change, au regard des multiples cris d’alarmes qui se sont multipliés au fil des siècles et face aux urgences et aux enjeux écologiques qui n’ont cessé de s’accroître. Le constat était déjà bien posé et même dénoncé par des voix de plus en plus nombreuses et sérieuses, il y a plus d’un siècle. De multiples études, conférences, déclarations, conventions et autres engagements s’en sont suivis, mais très peu d’actions efficaces dans la durée. Et surtout pas de réel changement de cap, mais une poursuite sans fin, sans frein, dans la même direction.

Début du XIXe siècle : des constats pionniers

L’un des tout premiers à faire le constat implacable des conséquences délétères des activités de l’homme sur la planète fut, sans conteste, le grand savant Lamarck : « L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l’avenir et ses semblables, semble travailler à l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce(…). On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même, après avoir rendu le globe inhabitable. »[2] C’était en 1820… La même analyse peut être faite de nos jours, si ce n’est que le globe ne compte plus seulement un milliard d’habitants.

La forêt de Fontainebleau a été classée « réserve artistique » en 1861 pour préserver la qualité de ses paysages, avant de pouvoir bénéficier des premières lois sur la protection des sites (en 1906 puis en 1930). Outre-Atlantique et dès 1864, George Perkins Marsh analyse en profondeur les effets des activités humaines sur les ressources naturelles et les milieux. Cependant, il va plus loin en préconisant les moyens d’y remédier par une évaluation des impacts, par une politique de prévention et par des mesures de restauration des habitats altérés. Son livre Man and nature [3] est réédité à quatre reprises jusqu’en 1874 où il le refond sous un autre titre The Earth as modified par human action, également réédité plusieurs fois, y compris à titre posthume en 1907. Son constat et ses préconisations se sont progressivement affinés et affermis au cours des rééditions, allant toujours dans le sens de la dégradation de notre planète.

Le premier quart du XXe siècle marque l’amplification de mises en garde de la part de scientifiques tels que des écologues, mais aussi des géographes, des économistes, des physiciens qui ont critiqué l’action agressive de l’homme sur la planète. Parmi les économistes, citons par exemple, Ernst Friedrich, qui, dès 1904, s’en prenait même à « l’économie prédatrice caractérisée » de la civilisation contemporaine[4]. L’économiste anglais Arthur Pigor proposa même une taxe visant à internaliser dans le prix des biens et des services les coûts et bénéfices externes. Le coût de la pollution serait intégré en surenrichissant le prix, en tant qu’externalité négative, mais qui pourrait être diminué par des pratiques vertueuses. C’était en 1920… La fiscalité verte, comme on la qualifie maintenant, n’en est même pas arrivée à ce stade un siècle plus tard.

De même parmi les géographes, Jean Brunhes alerte en 1910 sur « des faits d’économie destructrice »[5]. Quant au naturaliste Charles Flahault, il déclare au IXe Congrès international de géographie à Genève en 1908 : « L’homme (…) voit trop souvent son intérêt prochain, l’intérêt de l’heure présente, et lui sacrifie les intérêts immanents, en violant les lois de la nature, en troublant l’ordre naturel. »[6]

Les naturalistes ne sont pas en reste. Ainsi Edmond Perrier fixe la protection de la nature parmi les grands objectifs du Muséum d’Histoire naturelle : « Tout cela est aujourd’hui menacé par notre amour du lucre et du luxe, menacé par cette sorte de sauvagerie qui sommeille sournoisement en nous. » (1910) Et précédant de loin la notion actuelle de développement durable, ce même scientifique s’emporte avec une colère toute moderne sur le fardeau que l’on fait peser sur les générations futures : « Avons-nous le droit d’accaparer la Terre pour nous tous seuls et de détruire à notre profit au grand détriment des générations à venir tout ce qu’elle a introduit de plus beau et de plus puissant ? » (1913)[7].

Début XXe siècle : des constats alarmants aux premières manifestations populaires

Les mouvements sociaux, notamment ouvriers, du XXe siècle avaient formé l’opinion publique à défendre âprement ses droits ou ses biens. Des conflits entre d’une part des industriels et d’autre part les riverains d’usines, certaines municipalités et des notables éclairés (médecins, hygiénistes ou juristes principalement) se faisaient déjà jour parfois avec violence sous l’Ancien Régime. La Belle Époque vit les colères s’exacerber encore à l’encontre des activités industrielles non seulement nocives, mais aussi destructrices du paysage ou des milieux naturels. Ce fut le cas à Port-Miou, près de Cassis, avec la manifestation populaire du 13 mars 1910 à l’encontre des activités extractives, ou encore de la mobilisation sociale contre la nouvelle phase d’exploitation de la mine de Salsigne (Aude), près de Carcassonne, qui débuta en 1909.

De même en 1908, les premières mobilisations sociales se forment pour défendre la qualité halieutique et agricole des eaux courantes, dans le cadre d’une alliance entre le monde agricole, celui de la pêche en eau douce, celui des scientifiques et des hauts fonctionnaires. Le Fishing-Club de France est fondé la même année, avec pour devise « L’eau pure pour tous »[8]. Auparavant, en 1865, des scientifiques comme Charles Millet avaient attiré l’attention des pouvoirs publics sur l’état de dégradation des cours d’eau et sur la disparition des poissons, problèmes dont l’industrie était largement responsable : « Un grand nombre d’établissements industriels déversent dans les rivières ou leurs affluents des substances nuisibles, qui font mourir le poisson ou qui l’éloigne des cantonnements les plus favorables à sa reproduction ou à son développement.»[9] De tels constats avaient ouvert la voie à la loi du 31 mai 1865 relative à la pêche[10].

Sur le plan climatique, le prix Nobel de chimie Svante Arrhenius a été le premier à mettre en évidence le rôle du CO2 dans l’effet de serre à l’origine de l’élévation de la température du globe. Il a même annoncé en 1922 qu’une forte augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère était surtout liée à l’importante consommation d’énergie fossile par les hommes à cause de l’essor de l’industrialisation[11].

La loi du 1er juillet 1901, qui a institué le droit d’association, s’est rapidement traduite par la création de nombreuses organisations associatives et revendicatives. Ainsi la Société pour la protection des paysages est fondée dès 1901, sous l’initiative de Sully Prudhomme, Jean Lahor et Frédéric Mistral. Plus ambitieux, le National Trust avait été créé en Angleterre en 1894. En 1912, ce fut le tour de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’histoire de l’écologie montre que les mouvements ou associations structurés se sont créés d’abord dans le monde anglo-saxon à la fin du XIXe siècle, puis en France au XXe siècle, à la notable exception de la Société française d’acclimatation, née en 1854, première association naturaliste au monde, avant même la National Audubon Society aux États-Unis[12]. De société mondaine et savante, elle évolue dès la première décennie du siècle suivant vers une société orientée sur la nature et prit le nom de Société nationale de protection de la nature (SNPN) en 1960[13]. Elle fut d’ailleurs à l’origine de la création de la LPO puis des premières réserves naturelles en France, dont celle de Camargue créée en 1927[14].

Face à la destruction accélérée de la nature, des scientifiques, des penseurs et des artistes se mobilisent alors pour former une communauté environnementaliste, à l’origine du premier Congrès international pour la protection de la nature en 1923, puis de la création en 1948 de l’Union Internationale pour la Protection de la Nature (UICN)[15].

Le tournant décisif de l’après-guerre

Les années 1950 fondent l’écologie moderne, basée sur les constats précis et pessimistes de scientifiques sur l’état des sols, de l’eau, de l’atmosphère comme de celui de la biodiversité. Parmi toutes les causes de destruction de la planète, les pollutions et nuisances d’origine industrielle figurent d’ores et déjà en bonne place. L’écologue américain Fairfield Osborn en fut un des pionniers, avec son ouvrage Our Plundered Planet paru en 1948[16]. Ce livre d’exception dénonce déjà les maux dont souffre toujours notre planète, et a été écrit alors que cette dernière était peuplée de 2 milliards d’hommes, soit 6 milliards de moins qu’aujourd’hui.

En Europe, les pionniers furent des naturalistes et artistes comme Robert Hainard, dont le premier ouvrage sur la nature parut en 1943, ou bien des penseurs comme Jacques Ellul ou Bernard Charbonneau, qui dénonçaient le primat techniciste[17]. René Barjavel exprimait déjà son inquiétude en 1943, sur l’usage des technologies et les ravages que l’on inflige à la nature[18]. En 1952, Roger Heim publia le premier ouvrage scientifique français sur la protection de la nature avec un titre sans appel Destruction et protection de la nature[19]. Comme le souligne J.R. McNeill : « Après 1950 (…), l’environnementalisme rencontra une nouvelle audience juste au moment où l’âge du pétrole ajouta de nouvelles inquiétudes aux vieilles. L’environnement causa un grand émoi après 1950. »[20]

Il n’est pas anodin de rappeler que c’est justement à partir des années 1945-50 qu’on entre dans l’époque qualifiée par certains auteurs comme le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, de « phase II de l’Anthropocène ». À savoir, la période où l’impact de l’homme est devenu déterminant au point de marquer profondément et durablement son ère. À cette époque, comme l’énonce Crutzen, l’altération de l’état de la planète se traduit notamment par une concentration atmosphérique en CO2 qui atteint déjà un stade critique, et par une dégradation de 60 % des services fournis par les écosystèmes terrestres[21].

L’évolution des thématiques environnementales qui ont été débattues entre 1945 et 1972, lors des grandes conférences internationales consacrées à ces questions, montre que les problèmes de pollution ne furent que très progressivement traités, contrairement à la protection des milieux (rapport qui sera vite inversé par la suite). Ils ne le furent même aucunement lors des deux conférences de 1949 sur la protection de la nature et sur l’utilisation et la conservation des ressources. Par contre, dès 1968 les pollutions figurent pour plus de 20 % des sujets exposés à la conférence sur la biosphère, tandis que la protection de la nature en occupe moins de 12 %, malgré l’objet de la conférence. De même, la première Conférence des Nations unies sur l’environnement humain de 1972 réserve plus de 25 % des sujets traités aux pollutions, contre quelque 18 % pour la protection de la nature[22].

A la fin des années 1950, le triste bilan écologique de la Terre était d’ores et déjà assez bien connu, analysé, documenté, et les alertes n’ont pas manqué. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le monde avait radicalement changé. En revanche sur le plan de la préservation de l’environnement, rien n’a significativement changé. En sera-t-il autrement à l’issue du formidable bouillonnement des années 1960 et 1970 ?

[1] On se reportera notamment avec intérêt au livre de C. Berger et J.L. Roques, Le paradoxe environnemental : dans un contexte de changement incessant, pourquoi rien ne change ?, L’Harmattan, 2015, auquel le titre a été en partie emprunté par le présent article.

[2] J.B. de Lamarck, Système analytique des connaissances positives, PUF, 1988, p. 154-155. Lamarck avait notamment ébauché l’idée de l’évolution par la sélection naturelle, sans la nommer telle quelle, bien avant Darwin. 

[3] G.P. Marsh, Man and Nature : Or, Physical geography as modified by human action, Charles Scribner ed., New York, 1864.

[4] E. Friedrich, Wesen und geographische Verbreitung der ‘Raubwirtschaft’ in Petermanns Mitteilungen, 50 (1904), p. 68-69; cité par R. Delort et F. Walter, Histoire de l’environnement européen, PUF, 2001, p. 114.

[5] J. Brunhes, La géographie humaine. Essai de classification positive. Principe et exemples, Paris, 1810, in R. Delort et F. Walter, « Histoire de l’environnement européen », PUF, 2001, p. 114.

[6] C. Flahault, Le devoir des botanistes en matière de géographie humaine (le titre de la publication donne déjà toute la dimension et l’esprit de l’intervention), Compte rendu des travaux du IXe Congrès international de géographie, Genève, 1909-1911, p. 287 ; cité par : P. Acot, Histoire de l’écologie, PUF, 1988 ; J.P. Deléage, Histoire de l’écologie, La Découverte, 1991, p. 222-223.

[7] Citations reprises par J.P. Le Duc, Le rôle des chercheurs et des scientifiques in Les 40 ans du ministère de l’environnement, Revue du comité d’Histoire Pour mémoire, Medde, n° hors-série, 2013, pp. 19-20.

[8] S. Frioux et J.F. Malange, L’eau pure pour tous ! Mobilisations sociales contre la pollution des eaux douces françaises (1908-années 1960), Histoire & Société, n° 27, décembre 2008, p. 10-23.

[9] C. Millet, Rapport sur les mesures relatives à la conservation et à la police de la pêche, Bull. Soc. Imp. Zool. Accl., 1865, in : R. Luglia, La société d’acclimatation, l’Etat et le dépeuplement des cours d’eau à la fin du XIXe siècle, Revue du comité d’Histoire Pour mémoire, Medde et Mletr, n° 14, 2014, p. 89.

[10] Bulletin des lois 11ème S.B. 1285, n° 13122. La loi resta longtemps au fondement de notre droit ; elle ne fut d’ailleurs totalement abrogée qu’en décembre 2007.

[11] Th.R. Anderson, Ed. Hawkins, Ph.D. Jones, CO2, the greenhouse effect  global warming : from the pioneering work of Arrhenius and Callendar to today’s Earth System Models,

 https://doi.org/10.1016/j.endeavour.2016.07.002.

[12] R. Luglia, Des savants pour protéger la nature, La société d’acclimatation (1854-1960), Presses Universitaires de Rennes, 2015.

[13] Le dépeuplement ichtyen (relatif aux poissons) des cours d’eau, au cours du XIXe siècle, favorisa très vite son évolution naturaliste. La société d’acclimatation, dont faisait partie Charles Millet, a joué un grand rôle dans la prise de conscience en matière de dégradation générale des milieux aquatiques.

[14] Voir à ce sujet : R. Luglia, L’émergence de la protection de la nature en France, thèse, Sciences-Po Paris, 2012, dont les bonnes feuilles sont parues dans Le courrier de la nature, Revue de la SNPN, Paris, en dix articles, de 2012 à 2014.

[15] V. Maris, De la nature aux services écosystémiques. Une co-modification de la biodiversité, Ecorev n° 38, In : Quelle(s) valeur(s) pour la biodiversité ?, déc. 2011, Revue critique d’écologie politique, ecorev.org ; V. Maris, Philosophie de la biodiversité - Petite éthique pour une nature en péril, Buchet-Chastel, 2010.

[16] H. Fairfield Osborn, Our Plundered Planet, Boston, Little, Brown and Co., 1948. Traduction française : La planète au pillage, Payot, Paris, 1949.

[17] R. Hainard, Nature et mécanisme, Neuchâtel, Editions du Griffon, 1946, qui a suivi son premier ouvrage sur la nature : Et la nature ? Réflexions d'un peintre, Éd. Gérard de Buren, 1943 ; J. Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, Armand Colin, 1954 ; B. Charbonneau, Le jardin de Babylone, Gallimard, 1969.

[18] R. Barjavel, Ravage, Denoël, 1943.

[19] R. Heim, Destruction et protection de la nature, Armand Colin, 1952.

[20] J.R. McNeill, Une histoire environnementale du monde à l’ère des énergies fossiles (1800-2012), in A. Corvol (dir.), Les sources de l’histoire de l’environnement, L’Harmattan, 1999, p. 41.

[21] P.J. Crutzen, W. Steffen, J.R. McNeill, The Anthropocene : Are Humans Now Overwhelming the Great Forces of Nature?, Ambio, no 36,‎ déc. 2007, p. 614.

[22] Y. Mahrane, Les influences extérieures, in Les 40 ans du ministère de l’environnement, Revue du comité d’Histoire Pour mémoire, Medde, n° hors-série, 2013, p. 91.

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Crédits photos : Archives de Marseille

4 Commentaires

:)

Le 26/03/2021 à 9h41

Bonjour
Merci pour cet article très documenté. je retiendrai la première citation que vous citez de Lamarck, qui résume très bien la problématique : tant qu'il n'y aura pas une révolution intérieure chez l'homme, les choses ne bougerons pas, puisque l'on ne touche pas à la cause première de tous ces dommages et cette inaction. Si chaque personne reprenait contact avec ce qu'elle ressent, apprenait à traverser ses blessures pour retrouver en elle un espace où les vrais sentiments peuvent s'exprimer (l'amour, la compassion...), cela changerait tout... Retrouver en soi cet espace de vulnérabilité, en opposition avec cet arrogance destructrice. :)

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Yanick Noah

Le 26/03/2021 à 13h04

Merci pour cet article très édifiant.pourquoi dans un monde où tout change, rien ne change ? De multiples études, conférences, déclarations, conventions et autres engagements s’en sont suivis, mais très peu d’actions efficaces dans la durée. Ceci illustre la triste réalité que nous vivons. Nous avons ce qu'il faut faire pour inverser du moins stabiliser la courbe de l'évolution du changement climatique mais nous ne faisons presque rien dans ce sens.

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Nc87673t

Le 26/04/2021 à 14h11

Merci beaucoup pour cet article documenté, très instructif et passionnant... Allez vous écrire la suite ?

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Gabriel Ullmann

Le 26/04/2021 à 14h40

Mais c'est fait ! Voir le 2/2 qui est déjà publié. Et merci pour votre message.

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