« Nous voulons former 6 000 référents d'aide à la rénovation parmi les artisans du bâtiment »

Emploi-Environnement : En quoi consiste le programme Oscar et comment contribue-t-il à la rénovation énergétique ?

Aristide Belli : Depuis deux ou trois ans, les artisans de la rénovation et les entreprises de la construction nous signalent leurs difficultés à faire le tri entre les différents dispositifs liés aux certificats d'économies d'énergie (CEE) et à savoir auxquels ils sont éligibles. La densité administrative de ces aides et les nombreuses évolutions réglementaires ont complètement braqué certains artisans. Il était donc nécessaire de les rassurer pour les encourager à conseiller, par exemple, des rénovations globales à leur client.

Pour les aider, la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), l'Agence nationale de l'habitat (Anah), l'Agence de la transition écologique (Ademe) et quatre syndicats de la construction et des matériaux (Capeb, FFB, FDMC et Coédis) ont lancé le programme « d'Optimisation et de simplification des CEE pour les artisans de la rénovation » (Oscar). Son objectif est de former 6 000 référents d'aide à la rénovation (RAR), parmi les artisans du secteur, d'ici à la fin de l'année 2024. L'idée est ainsi de créer un réseau de spécialistes qualifiés sur les CEE et MaPrimeRénov' au sein même des entreprises adhérentes des quatre syndicats et fédérations, partout en France.

EE : Quels sont les profils des référents d'aide à la rénovation ?

AB : Pour participer à la formation, les salariés ou artisans identifiés par leur structure doivent suivre un Mooc d'environ quarante-cinq minutes sur la plateforme numérique d'Oscar qui présente les bases à connaître sur les CEE et MaPrimeRénov'. Ces connaissances doivent être ensuite validées par le biais d'un QCM. Ce module d'introduction se destine plus particulièrement aux assistants administratifs, aux secrétaires généraux locaux ou régionaux ou encore aux vendeurs comptoirs de matériaux. La formation est pilotée par l'ATEE, mais dispensée par les 53 formateurs (sur 90 à terme) habilités par l'organisme de formation aux économies d'énergie dans le bâtiment (Feebat).

EE : Comment se déroule leur qualification et combien de futurs référents ont-ils été déjà formés ?

AB : Une fois leurs connaissances prérequises validées, les stagiaires doivent suivre une formation d'une journée dans un centre de formation habilité. Ils y étudient des cas pratiques et des éléments de réponse à donner aux artisans : comment monter un dossier d'éligibilité CEE, identifier les erreurs habituelles à éviter et proposer des actions de rénovation surpassant le simple seuil réglementaire.

La première formation a été réalisée à Metz, au siège de la Fédération du bâtiment des travaux publics de Moselle, début décembre 2022. Depuis, au 13 février, 26 sessions ont été dispensées dans toute la France et ont déjà formé 209 futurs RAR (sur les 1 147 personnes à avoir validé le QCM d'entrée).

Il reste désormais à ces stagiaires à obtenir leur qualification. Pour cela, ils doivent mettre leurs connaissances en application sur le terrain. Concrètement, cela peut prendre la forme d'une réunion d'information en entreprise ou d'une réunion technique avec un artisan. Cette action de sensibilisation doit être effectuée jusqu'à six semaines après la formation initiale et être validée par un formateur, avant d'aboutir à une qualification « RAR ». À l'heure actuelle, 53 référents ont été qualifiés – en majorité dans le Grand Est et en Nouvelle-Aquitaine.