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Les trois nouveaux points chauds de la formation en hydrogène

Le gouvernement mise sur sept bassins industriels dans lesquels développer l'hydrogène décarboné. Focus sur l'émergence de formations dans trois d'entre eux : en Bretagne, en Normandie et en Franche-Comté.

Article  |  Energie  |    
Les trois nouveaux points chauds de la formation en hydrogène

La Stratégie nationale de développement de l'hydrogène décarboné (SNDHD) a identifié « sept bassins industriels » sur lesquels se focaliser. Ces pôles industriels devraient concentrer 85 % de la demande potentielle du pays en hydrogène « vert » d'ici à 2030. Ce besoin de production, ou de décarbonation de l'hydrogène « gris » déjà produit, entraînera nécessairement d'importantes campagnes de recrutement, qui ne trouveront preneurs qu'en formant des candidats adéquats. Sur les sept futurs bassins de production et d'exploitation d'hydrogène décarboné, trois d'entre eux se munissent déjà de premières formations.

 
L'objectif est de mettre en place un plateau technique et des formations diplômantes dans la filière hydrogène orientés vers des applications industrielles  
Sylvain Delenclos, IUT du littoral Côte-d'Opale
 

La formation pionnière franc-comtoise

« Autonomie énergétique, lutte contre le changement climatique et arrêt de la dépendance aux énergies fossiles : l'hydrogène coche toutes les cases, atteste Olivier Jouffroy, directeur de l'unité sciences, techniques et gestion de l'industrie (STGI) à l'université de Franche- Comté. Il est évident que l'hydrogène sera une énergie prépondérante en Franche-Comté et que la fabrication de piles à combustible et de solutions de stockage sera son offre majeure. » L'unité de formation et de recherche qu'Olivier Jouffroy supervise propose un cursus post-bac conduisant à un master en ingénierie énergétique, intitulé « Hydrogène, énergie et efficacité énergétique » (CMI H3E). Implantée dans le bassin industriel de Belfort-Montbéliard, l'université est en lien avec des entreprises comme Alstom ou Peugeot. « L'idée initiale, lors de la création de notre unité, était d'ouvrir un laboratoire spécialisé en hydrogène pour fabriquer des piles à combustible à Belfort, explique Olivier Jouffroy. L'activité de recherche n'est donc pas étrangère aux compétences et techniques requises au développement de l'industrie. Tout cela crée une sorte de complétude. »

Le CMI H3E forme une douzaine d'étudiants à l'ingénierie électrique, en leur apprenant les bases de la chimie, du stockage, de la gestion d'un mix et des modules d'efficacité. Spécialisés dans la conception de piles à combustible alimentées par de l'hydrogène, ses laboratoires orientent les élèves (en apprentissage pendant leurs deux années de master) vers des métiers tels que la gestion de piles à combustible, mais également la cogénération, le stockage et le pilotage d'énergie. Ils pourront intégrer, par exemple, les effectifs locaux de Rougeot énergie, de Faurecia, des avions Mauboussin ou encore de la start-up Xydrogen, fondée par d'anciens ingénieurs de recherche de l'université elle-même. « Avec ce CMI, nous avons réfléchi à une segmentation des compétences pour constituer une offre de formation en continu, focalisée sur la technique et l'entretien des piles à combustible », explique l'universitaire.

Ce parcours, inauguré en 2016 et dont la première promotion a été diplômée l'an dernier, a reçu le prix de la sensibilisation, de l'éducation et de la formation dans le cadre des trophées Hydrogénies de l'association France Hydrogène, en mars 2022. « Le bénéfice, pour nous, c'est vraiment un gain de visibilité : pouvoir dire à la société que la filière hydrogène est en train de se structurer et aux industriels que nous pouvons leur fournir le personnel compétent qu'ils recherchent », souligne Olivier Jouffroy.

L'élan breton

Toutes les formations n'ont néanmoins pas le bénéfice de disposer de laboratoires historiques ou de transmettre des connaissances précises en ingénierie. Mais la vague d'investissements récemment déployés par le gouvernement français est déjà parvenue à susciter la création de nouveaux diplômes professionnels dans d'autres bassins industriels. Sur la côte ouest, l'université Bretagne-Sud s'est particulièrement mobilisée autour du pôle industriel de Saint-Nazaire.

En septembre 2021, son IUT, à Lorient, a nouvellement « coloré » une licence professionnelle existante (ME2D2) avec plus d'une centaine d'heures de cours sur l'hydrogène – soit un tiers du temps pédagogique. Pour l'instant, un seul étudiant occupe néanmoins un poste d'apprenti en lien avec le fameux gaz. « L'élan et le dynamisme sur ce vecteur énergétique sont très récents, attestent Nicolas Bourbigot, enseignant référent hydrogène de cette licence, et Marc Jaouen, chargé d'études et de projets sur la thématique hydrogène à l'université Bretagne-Sud. Nous n'avons, par exemple, qu'une seule borne d'avitaillement à l'hydrogène à Lorient, bientôt installée pour un futur système de bus. » La formation parie donc sur les promesses d'avenir de la filière à l'échelle locale : l'usine Michelin de Vannes, qui consomme de l'hydrogène carboné pour fabriquer ses pneus, s'est engagée à le verdir entièrement avant 2030. Hygo, entreprise jointe de Morbihan Énergies et d'Engie, exploitera bientôt un électrolyseur dans ce but précis.

Mais former les prochains gestionnaires d'énergie à de tels projets n'est pas le seul but de l'IUT de Lorient. Ce dernier compte également inclure des contenus pédagogiques sur l'hydrogène dans d'autres parcours : trois bachelors universitaires de technologie (BUT) portant respectivement sur l'hygiène et la sécurité, la logistique ainsi que la maintenance industrielle, et une licence pro sur la construction navale. Par ailleurs, l'École d'ingénieurs de l'université Bretagne-Sud, l'ENSIBS, développe un nouveau diplôme d'ingénieur « énergie et hydrogène ». « Nous sommes aux balbutiements, mais aussi en pleine accélération, surtout dans l'urgence de la montée des prix des énergies fossiles, affirment les deux pédagogues bretons. L'hydrogène contribuera à diminuer ces prix – et la région l'a bien compris. »

La Normandie mise sur la technique

L'axe Seine-Normandie est un autre bassin bientôt converti à l'hydrogène et en plein essor en termes de formations. À proximité, l'IUT du littoral Côte-d'Opale, près de Dunkerque, possède déjà depuis quelques années un « banc pédagogique » consacré à la production et au stockage de l'hydrogène dans le cadre d'un module de cours de fin de BUT « Métiers de la transition et de l'efficacité énergétiques ». « L'objectif est de mettre en place un plateau technique et des formations diplômantes dans la filière hydrogène orientés vers des applications industrielles, notamment dans le cadre de la décarbonation de l'industrie », explique Sylvain Delenclos, responsable de la formation.

L'agglomération Caux Seine a misé, quant à elle, sur un BTS sur la maintenance des fluides, ouvert en septembre 2021 dans un lycée de Bolbec. Cette formation technique, vouée au montage et à l'entretien des électrolyseurs, n'est que la première pierre d'un édifice plus ambitieux : une « H2 Académie », dotée de plusieurs plateaux techniques. Ce projet veut surfer sur la mise en service, prévue en 2023 ou 2024, de la première usine de production massive d'hydrogène décarbonée, la Normand'Hy d'Air Liquide, à Port-Jérôme. « Lorsqu'une nouvelle filière s'installe, il faut libérer des diplômes rapidement, accompagner les dispositifs et les structures de formations en conséquence, déclare Virginie Carolo-Lutrot, présidente de Caux Seine Agglo. On ne peut pas monter une filière en un claquement de doigts. Il faut anticiper les besoins de formation pour entraîner les recrutements. »

 
 
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