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Actu-Environnement

La santé, parent pauvre du changement climatique

Changement climatique : le casse tête de l'adaptation Actu-Environnement.com - Publié le 21/07/2015

La question de la santé ne fait pas encore partie des priorités des gouvernements lorsqu'on évoque les changements climatiques. Pourtant de nombreux dérèglements peuvent avoir des conséquences sanitaires graves.

Changement climatique : le casse tête...  |    |  Chapitre 5 / 5

Qui dit changements climatiques, dits bouleversements sanitaires. Pollution atmosphérique, maladies respiratoires, relations entre sécurité alimentaire et santé, approvisionnement en eau, mortalité liée à la chaleur ou encore nouvelles maladies… Pourtant, malgré les inquiétudes énoncées et l'urgence de la situation, la santé est encore un sujet trop marginal lorsque l'on parle de changement climatique. Comme l'a souligné Alistair Woodward, professeur d'épidémiologie et de biostatistique à l'université de Auckland en Nouvelle-Zélande, lors de la conférence de L'Unesco "Our Common Future Under Climate Change, "la vie n'est pas un sujet majeur dans le débat public sur le changement climatique".

Mesurer le risque climatique est une nécessité

Sir King David, représentant permanent pour le changement climatique auprès du foreign office britannique, s'est penché sur la manière dont les gouvernements s'intéressent aux problèmes de santé. Dans le contexte actuel, mesurer le risque climatique est une nécessité. Aujourd'hui, les scénarios futurs reposent sur des estimations qui présentent, comme toute projection, des incertitudes. Selon Sir David il est nécessaire de prendre en compte les pires scénarios. La plupart des études d'impacts considèrent le scénario le plus probable, c'est-à-dire un réchauffement inférieur à 2°C ou 4°C pour certaines, puis en évaluent les conséquences. Or pour Sir David, "il faut aller plus loin et considérer le pire scénario afin d'identifier ce que nous cherchons à éviter absolument et ensuite, comparer sa probabilité d'occurrence en fonction du temps sous différents angles".

Une telle anticipation peut ainsi permettre d'influer notamment sur la transmission des maladies. Les études doivent montrer si un virus peut devenir transmissibles à l'homme, et par eux ou non. Aujourd'hui, 1% des virus seulement sont transmissibles à l'homme, mais pourraient-ils le devenir plus massivement, à l'image du SIDA, ou d'Ebola plus récemment ?

L'approche doit être la même pour la question du stress hydrique. Actuellement, on observe des épisodes de chaleur intense qui ont de graves conséquences sur les populations. Ces épisodes vont être de plus en plus intenses, causant des dommages à très grande échelle. Les trois régions du monde qui seront les plus vulnérables sont le Sud-est des États-Unis d'Amérique, l'Asie du sud-est et le Nord de l'Inde. Les études démontrent qu'il y a une probabilité supérieure à 60% pour que la température monte de 6 à 10°C. Pour Sir David, le scénario d'une hausse de 4°C est, selon lui, celui qu'il faut envisager.

Quel management des risques ?

"Le changement climatique est la plus grande menace du 21e siècle pour la sécurité sanitaire", estime sans retenu Nick Watts, médecin et économiste australien travaillant actuellement pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il appuie son propos par les travaux de l'University College London en collaboration avec la commission Lancet sur le management des impacts du changement climatique sur la santé. Cette commission de 80 experts européens et chinois a pour but de cartographier les conséquences du changement climatique et de proposer les réponses nécessaires les plus adaptées pour assurer le plus haut niveau sanitaire possible. La commission s'est particulièrement intéressée aux politiques mises en place, et aux conséquences des différents usages énergétiques et du mix énergétique. Les principales recommandations à retenir sont la suppression graduelle des centrales à charbon pour protéger les populations des maladies cardio-vasculaires et respiratoires, l'encouragement à la transition dans les villes afin de supporter des modes de vie plus sains, et l'investissement dans la recherche.

Nick Watts insiste surtout sur la nécessité d'une décarbonisation de l'économie, ce qui nécessite entre autre, de développer l'accès à des sources d'énergie bas-carbone. Cette recommandation, comme bien d'autres, présente un aspect très complexe car elle suppose une réduction très nette des sources d'énergie fossiles, ce qui pose des questions d'équité.

Quel agenda sanitaire ?

Annuellement, l'OMS attribue 10.000 décès aux conséquences des climats extrêmes, 600.000 à la malaria et 600.000 à la diarrhée infantile. La sous-nutrition est aussi une cause de décès importante. Ces statistiques sont liées au changement climatique. C'est pourquoi il faut prendre des mesures dès aujourd'hui pour éviter que le pire survienne dans la progression de ces maladies dans les zones concernées. "La prévention est la meilleure protection", a affirmé le docteur Maria Neira de l'OMS. Le médecin espère beaucoup des engagements qui seront pris lors de la COP21 les désignant comme "les accords les plus importants du siècle". En effet, si les mesures d'atténuation prises lors de la conférence des parties en décembre 2015 sont suffisamment importantes, ce pourrait être une opportunité d'amélioration des problèmes de santé publique. En particulier, cela pourrait aider à réduire les 7 millions de décès que l'OMS attribue annuellement à la pollution atmosphérique.

Si aucune mesure n'est prise, les conséquences seront irréversibles. La baisse des rendements agricoles affectera la sécurité alimentaire et de fait génèrera des carences ou aggravera la sous-nutrition dans certains pays. Ainsi que l'ont montré un grand nombre d'études scientifiques, le réchauffement augmentera aussi le nombre de personnes touchées par les maladies telles que la diarrhée ou la malaria. Mais surtout, le changement climatique affectera directement les populations par les vagues de chaleur et les décès dus aux canicules. Au-delà des études, tous les experts ont montré l'importance d'avoir une réponse politique adaptée à la situation car beaucoup, à l'instar du Dr. Maria Neira, font preuve d'optimisme à l'approche de la COP21. De cette réponse politique découleront des améliorations sanitaires cruciales.

Domitille Coulomb, ENPC, spécialité ville environnement et transport

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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