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Salles polyvalentes et riverains, ou comment concilier l'inconciliable ?

L'expertise acoustique gagne du terrain Actu-Environnement.com - Publié le 26/06/2017
L'expertise acoustique gagne du terrain  |    |  Chapitre 8 / 17
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Comment continuer à permettre une activité culturelle, festive et de loisirs tout en permettant aux riverains les plus proches et les plus sensibles de vivre (et surtout de dormir) normalement ? C'est tout l'enjeu de la maîtrise de la diffusion de musique amplifiée et de la protection des riverains. Cette problématique concerne beaucoup d'établissements culturels ou sociaux comme les salles de concerts diffusant de la musique actuelle, les bars de nuit et discothèques et enfin les salles "polyvalentes". Pour ces dernières, une des activités principales est en réalité un usage de type soirée dansante et banquet (mariage, fête d'association, etc…). Une réglementation spécifique existe depuis 1998 qui, depuis des années, fait l'objet d'intentions de modification jusqu'ici non abouties. Pour les salles polyvalentes, les enjeux sont multiples et complexes.

Des pratiques bruyantes par nature

Presque chaque commune dispose d'au moins une salle polyvalente. Dans le cas d'une rénovation ou d'une construction, le financement des travaux a souvent été prévu en intégrant une rentabilité liée à la location pour des événements familiaux (mariages, communions, etc…). Ainsi, bien souvent, la Mairie croit s'équiper d'une salle pour les activités communales mais s'équipe en réalité d'une salle de "banquet" qui est aussi utilisée pour les événements communaux. Nuance faisant la réalité classique de l'usage de ces salles. Les "banquets" (mariages, communions…) sont très sensibles d'un point de vue bruit et nuisances divers d'autant qu'ils ont lieu sur des plages horaires potentiellement très tardives (jusqu'à 3-4h du matin), le week-end et sans réelle surveillance.

De façon assez basique, le riverain souhaite généralement, et a minima, pouvoir dormir tranquille sans être gêné notamment par les "boomboom" intempestifs et réguliers de la musique. Mais les plaintes ne visent pas exclusivement la musique amplifiée. En effet, les bruits extérieurs à la salle liés aux activités humaines annexes (jeux et discussions parfois enflammées et tardives à l'extérieur et balais des véhicules sur les parkings et la voirie proche) font aussi partie des critères de gêne pouvant déclencher la plainte.

Du côté des municipalités gestionnaires de salle polyvalente, la tentation à la location multiple et régulière est forte. De plus, quand la salle est neuve ou rénovée, les demandes de location sont souvent plus nombreuses. Ces demandes proviennent d'ailleurs souvent de personnes ayant peu ou pas d'attache particulière avec la commune ou le quartier, ce qui ne favorise pas l'autodiscipline des locataires et convives. Les sonorisations "hyper puissantes" sont maintenant à la portée de tous. Elles délivrent des niveaux sonores importants en plein coeur de la nuit, niveaux pouvant approcher les niveaux de discothèque pour les soirées les plus animées. De plus, les basses fréquences, à l'origine des "boom boom" chez les riverains, sont bien plus fortes dans les musiques actuelles qu'il y a encore peu de temps. Enfin dans l'excitation générale, les hurlements des DJ animateurs percent également le calme de la nuit pour être audibles bien loin à l'extérieur.

On peut aussi parler de la chaleur dégagée (au sens calories) par les convives lors des festivités qui, au plein coeur de la soirée, incitent à l'ouverture de toutes les portes et fenêtres simplement pour avoir un peu d'air frais et ainsi laisser largement s'échapper les décibels vers les riverains.

Une conception incompatible avec l'usage

Lors de la conception de ces salles "polyvalentes", tous les protagonistes de l'opération de construction de l'équipement communal ou de sa rénovation sont généralement d'accord sur quelques points :

 

  • avoir beaucoup de lumière naturelle pour que la salle soit agréable,
  • disposer d'une terrasse facilement accessible par des portes donnant directement sur la salle,
  • avoir un coût d'opération limité.

 

Donc pas question de faire un "bunker" hors de prix. Ces besoins sont souvent largement justifiés pour les activités communales (après-midis récréatifs, activités associatives, conférences, expositions, discours…) mais généralement inadaptés avec la diffusion de musique à fort niveau, notamment de nuit. Une salle communale peut rarement être simplement une salle de "banquet". Cette confusion engendre de nombreux problèmes qui mettent à mal la pérennité de l'exploitation prévue et donc la rentabilité (et le financement) de la salle.

On peut également évoquer les tensions entre riverains, locataire et le maire et le stress général induit. Le maire ayant souvent des difficultés à prendre les dispositions nécessaires en cas de plainte, les services de préfet avec l'action de l'ARS (Agence régionale de la santé) prennent généralement le relais. L'ARS fait d'abord un contrôle administratif sur pièce de la conformité acoustique de la salle par rapport à la réglementation. Elle vérifie notamment l'EINS (Etude de l'impact des nuisances sonores). L'EINS contient un diagnostic dans lequel est défini le niveau maximum de fonctionnement intérieur à la salle notamment pour le respect des émergences de bruit dans le voisinage. Il est classique que le niveau d'exploitation possible défini par l'EINS soit faible. Ceci est généralement causé par des choix réalisés en amont lors de la conception de la salle et donc des dispositions constructives prises sur des options autres que le bruit pour un usage type "banquet".

Trois choix sont alors possibles :

 

  • Mise en place d'un limiteur de son, réglé au niveau de l'EINS qui risque de couper le son tout le temps (en journée comme en soirée) car son niveau de réglage sera trop faible.
  • Mise en place d'une réflexion sur la possibilité de réaliser des travaux de reprise souvent très coûteux voire parfois techniquement infaisables de façon raisonnable.
  • Ne rien faire et la situation s'envenime.

 

Sensibiliser en amont à l'acoustique

A ce jour, c'est malheureusement le triste constat que nous pouvons faire. Pourtant, ces situations pourraient être évitées si, au moment des choix lors de la conception, une sensibilisation des protagonistes sur la connaissance des problématiques et des enjeux d'ordre acoustique est réalisée. Un acousticien est l'acteur indispensable à chaque étape de ce type de projet, tant en assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) dès l'étude de faisabilité, qu'en conception, chantier et réception de chantier. Dès qu'un projet de salle des fêtes ou de salle polyvalente est prévu, il est nécessaire en amont de bien cerner les enjeux du projet et donc sa faisabilité.

Cette faisabilité doit dépendre de l'environnement dans lequel la salle s'inscrit et aussi de l'usage réel qui en sera fait. Il est important de faire comprendre au maître d'ouvrage (MOA) la réalité des enjeux, des contraintes et donc des priorités réalistes qui doivent être définies. Le MOA doit s'entourer dès le début de conseils réellement au fait de ces problématiques acoustiques complexes afin qu'il puisse être aiguillé dans ses choix et remettre aux équipes en charge de la conception et la réalisation, les éléments indispensables à la bonne prise en compte de l'acoustique dans leur projet. Ainsi, les équipes pluridisciplinaires intégrant des spécialistes en acoustique, en charge de réaliser le projet, sauront précisément s'adapter à ce qui est souhaité par le MOA d'un point de vue usage, fonctionnement et acoustique. Ils pourront ainsi dimensionner les ouvrages en conséquence et en connaissance de cause. Il en va de la pérennité de l'investissement pour les communes, majeur pour ce type d'équipement, et pour la tranquillité publique des administrés.

Alain Delannoy, Acapella (groupe Venathec)

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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