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"La CDC investit sur le long terme dans des technologies matures"

Quels financements pour le green business ? Actu-Environnement.com - Publié le 08/10/2012

Après avoir financé principalement de l'éolien et du photovoltaïque, CDC recentre ses investissements sur les projets biomasse dans le cadre d'une convention avec l'Etat. Objectif : parvenir à 1 GW de puissance installée d'EnR via 300 M€ en fonds propres.

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"La CDC investit sur le long terme dans des technologies matures"
Environnement & Technique N°318 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°318
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Actu-Environnement : Le groupe Caisse des Dépôts figure parmi les investisseurs institutionnels les plus significatifs dans les énergies renouvelables en France en particulier dans l'éolien et le photovoltaïque. Quels sont les objectifs de cet établissement public financier sur le marché des EnR ?

Eric Lecomte : Dans le cadre du paquet européen Climat-Energie adopté fin 2008, le gouvernement français s'est engagé à atteindre 23% d'EnR d'ici 2020. Pour y parvenir, la Caisse des Dépôts a signé une première convention avec l'Etat portant sur la période 2008-2010, définissant le montant de ses investissements en fonds propres dans des projets dédiés aux énergies renouvelables portés par les PME, dans les différentes filières : l'éolien, le photovoltaïque, la biomasse, le biogaz et dans une moindre mesure la géothermie. Le principe repose sur l'apport de fonds de la CDC à hauteur de 30 à 49% du capital des sociétés projets. De plus, nous apportons l'expertise de nos équipes dans le montage de projets pour aider les PME à structurer, à lancer leur activité ou à la développer, en devenant ainsi coactionnaire minoritaire. Dans le cadre de ses missions d'accompagnement des politiques publiques, la Caisse des Dépôts contribue ainsi au développement des filières françaises.

AE : De quel budget dispose la CDC ?

EL : Globalement, la Caisse investit dans les projets EnR à hauteur de 40 et 50 millions d'euros par an, conformément à la convention 2008-2010 avec l'Etat qui prévoyait 150 millions d'euros d'investissement en trois ans dans ces secteurs. L'objectif initial portait sur une production de 500 mégawatts (MW) de nouvelles capacités dans les EnR en 2010. Résultats : nous avons fait plus, en atteignant 540 MW dont plus de 320 MW actuellement en exploitation.

En 2011, CDC a signé une nouvelle convention avec l'Etat portant à 1.000 MW les objectifs de production des énergies renouvelables d'ici 2013, avec une enveloppe de 135 millions d'euros.

Notre objectif global est de parvenir à 1 GW de puissance installée en mobilisant près de 300 millions d'euros en fonds propres d'ici 2014. Ce qui est déjà significatif. D'autant qu'en parallèle, 300 millions d'euros supplémentaires au minimum seront versés par les autres coactionnaires des sociétés concernées. Et ce n'est pas tout : en ajoutant les fonds versés au titre des capitaux empruntés, c'est cinq fois plus de fonds qui auront été investis dans des projets.

AE : Comment est réparti le mix énergétique visé ?

EL : L'ensemble des projets soutenus concerne des nouvelles centrales en France métropolitaine et dans les Dom Tom. Sur les 320 MW de projets en exploitation, 170 MW sont issus de l'éolien, la source la plus importante, auxquels s'ajoutent 130 MW de photovoltaïque provenant d'une quarantaine de projets différents. Le reste est essentiellement dédié à la méthanisation puis, à moindre mesure, à la biomasse avec quelques projets de chaudières à combustion et enfin, à l'hydraulique.

AE : Pour cette nouvelle enveloppe, avez-vous revu vos objectifs en matière d'éolien et de photovoltaïque qui se heurtent à des problèmes administratifs et législatifs ? Privilégiez-vous d'autres sources EnR d'ici 2014 ?

EL : Après avoir financé principalement de l'éolien et du photovoltaïque (jusqu'au moratoire gouvernemental instauré en décembre 2010) dans le cadre de la première convention avec l'Etat, nous recentrons désormais nos investissements sur les projets biomasse bois et chaleur. En effet, les recours administratifs systématiques contre les projets éoliens et photovoltaïques et l'instabilité réglementaire ont rallongé le temps de développement de projets éoliens qui est passé de 3 ans à 6-7 ans, entraînant une chute des raccordements. Or, pour les PME, l'attente est difficile et ralentit le retour sur investissement de la Caisse et de ses partenaires. Les projets biomasse seront plus importants que l'éolien et le photovoltaïque. La biomasse biogaz représentera 30% des 500 nouveaux MW visés. L'hydraulique, qui nécessite 10 ans de développement, restera quant à lui marginal.

AE : Pourquoi investir dans la filière biomasse-biogaz ?

EL : Il y a un vrai sujet sur la biomasse car il s'agit de projets de territoire, créateurs d'emplois, mais qui présentent un risque industriel. Nous sommes très utiles car nos partenaires ont du mal à trouver des investisseurs, étant donné la durée de mise en exploitation des projets, où il faut compter cinq ans après avoir reçu l'autorisation de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) avant de produire les premiers MW.

Nos premiers projets biomasse sortiront à la fin de l'année 2012 ou début 2013 car la plupart sont encore en construction. Parmi nos partenaires figurent la PME Akuo et sa filiale Néréa avec qui nous co-développons deux gros projets de cogénération en Picardie avec, pour clients chaleur, de grands industriels de la région.

AE : La CDC est également partenaire depuis fin 2009 du producteur d'électricité verte Aérowatt. Elle vient également de créer une joint-venture avec le développeur Eosol Energies Nouvelles pour investir dans le photovoltaïque. Quelle est la stratégie du groupe en misant sur ces acteurs ?

EL : La CDC a une double spécificité : c'est non seulement d'être en co-développement avec ses partenaires, mais en plus d'investir à leurs côtés sur le long terme. Avec Aérowatt, nous avons développé 70 MW d'éolien et de photovoltaïque. Eosol EN, avec qui nous avons conclu un partenariat, était également le genre d'opérateur que nous visions. Il s'agit d'une petite PME avec laquelle nous avions réalisé deux parcs photovoltaïques en activité en France. Nous l'avons aidée à se structurer et nous avons créé ensemble une holding pour répondre aux appels d'offres solaire de l'Etat lancés depuis le moratoire.

AE : Comment sélectionnez-vous les dossiers des PME partenaires ? Quelle rentabilité visez-vous ?

EL : Pour être sélectionné par la CDC, le projet proposé doit être accepté localement, et respecter la réglementation et l'environnement. Les directions régionales de la CDC veillent à ce que les projets soient bien portés par les collectivités territoriales afin de rechercher l'acceptation du public et éviter, dans la mesure du possible, les recours.

Dans le cadre de son rôle d'investisseur, la Caisse n'a pas vocation à soutenir l'innovation qui présente plus d'incertitudes. Les PME dans lesquelles nous investissons utilisent des technologies matures qui ont déjà fait leurs preuves. Nous développons des infrastructures de production et ne finançons pas de prototype. La spécificité de la Caisse est également d'investir à très long terme, c'est-à-dire durant une durée pouvant s'étendre à plus de 20 ans. A la différence d'un fonds d'investissement, nous n'exigeons pas de sortir du capital au bout de quelques années.

Notre logique n'est pas que financière. Les investissements de la Caisse visent à encourager l'initiative privée et accompagner les PME qui développent des projets d'intérêt général. C'est pourquoi la CDC n'entre pas dans les projets sur le seul objectif de rentabilité. Etant minoritaires dans le capital, nous nous calons sur la rentabilité visée par l'autre coactionnaire majoritaire, qui est la plupart du temps une PME indépendante, comme Aérowatt, Eosol ou Voltalia et Solaire Direct, également partenaires.

Propos recueillis par Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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