
Certaines régions bien que très arides sont baignées par d'épais brouillards dont le taux d'humidité est voisin de 100%. Des centres de recherche ont donc mis au point des technologies qui permettent de récupérer l'eau condensée.
Dans les années 90, au Chili, un village isolé et non approvisionné en eau a participé à un projet innovant visant à condenser les brouillards recouvrant les montagnes alentours pour s'alimenter en eau. De grands filets installés sur les flans permettaient de condenser la vapeur d'eau. Les gouttelettes s'écoulaient à leur pied et étaient canalisées vers le village. Chungungo recevait ainsi 15.000 litres d'eau par jour en moyenne. Abandonnés 10 ans après par manque d'entretien, ces filets ont depuis inspiré de nombreux villages. Développée par l'association Fogquest, l'expérience a été renouvelée au Népal, au Guatemala ou encore en Ethiopie.
Optimiser la condensation
L'idée de capter la vapeur d'eau de l'atmosphère pour accroitre la ressource en eau intéresse la recherche. Le CEA et l'institut des nanosciences et cryogénie tente de créer des installations capables de faire condenser l'eau atmosphérique. "La rosée est une condensation passive de vapeur d'eau atmosphérique sous l'influence du refroidissement radiatif. L'objectif est de tenter de tirer profit des connaissances obtenues sur les transitions de phases en surface pour améliorer le rendement de cette ressource en eau", explique les chercheurs du laboratoire.
Les recherches visent à déterminer notamment le meilleur angle pour le support de condensation : un compromis entre une surface horizontale qui permet un refroidissement radiatif maximum, et une position verticale qui augmente la récupération d'eau par gravité. Le revêtement de surface est également un point clef puisqu'il doit permettre de condenser et collecter le maximum d'eau. Les équipes scientifiques cherchent par ailleurs à estimer la qualité chimique de l'eau. "Les mesures ont montré que l'eau était peu minéralisée et potable et mis en évidence le rôle important joué par la rosée pour transformer la nuit les dérivés nitrés (NOx) en nitrites", expliquent les chercheurs. Enfin, le vent jouant un grand rôle sur la température ambiante au niveau de la surface, les recherches doivent permettre de diminuer le réchauffement par le vent ambiant. Une simulation numérique 3D a été mise au point ; elle permet d'évaluer le refroidissement d'une structure et son efficacité de condensation en fonction d'un vent atmosphérique imposé.
Florence Roussel
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