Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
AccueilRémy Le MoigneRéduire le coût des hôpitaux de un milliard d'euros par an grâce à l'économie circulaire

Réduire le coût des hôpitaux de un milliard d'euros par an grâce à l'économie circulaire

Dans un contexte d'accroissement des dépenses de santé et un resserrement des budgets publics, Rémy Le Moigne, consultant en management, étudie les pistes ouvertes au secteur hospitalier pour réduire ses coûts d'exploitation grâce à l'économie circulaire.

Publié le 18/01/2016
Environnement & Technique N°355
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°355
[ S'abonner à la revue - Se connecter à l'espace abonné ]

Si de nombreux secteurs sont parvenus à optimiser leurs moyens de production, ce n'est pas encore le cas des hôpitaux. Les équipements médicaux, comme les scanners ou les IRM, restent inutilisés en moyenne 58% du temps. Si leurs coûts d'acquisition et d'installation sont souvent très élevés, leur durée d'exploitation est relativement courte. Les hôpitaux remplacent souvent des équipements en bon état pour bénéficier des dernières innovations technologiques ou de forfaits techniques plus élevés. Les forfaits techniques, facturés à chaque acte et remboursés par la sécurité sociale, sont en effet diminués de 30% pour les IRM et scanners de plus de 7 ans. Cette utilisation peu efficace des équipements va jusqu'à inquiéter des fabricants comme GE qui a récemment publié une étude intitulée "Hors de contrôle : Comment la prolifération des équipements et leur faible utilisation affecte le budget des hôpitaux".

Pourtant, en s'appuyant sur les principes de l'économie circulaire, quelques hôpitaux et fabricants d'équipements démontrent qu'il est possible d'utiliser beaucoup plus efficacement les équipements médicaux.

Utiliser plus efficacement les équipements

Pour prolonger la durée de vie de leurs équipements, les grands fabricants, comme GE, Siemens ou Toshiba, commercialisent des appareils remanufacturés, c'est-à-dire entièrement remis à neuf. Les hôpitaux d'Amérique du Nord achètent à eux seuls la moitié de ces appareils et réalisent ainsi d'importantes économies. Un appareil remis à neuf coûte en effet de 20% à 30% moins cher qu'un appareil neuf à fonctionnalités identiques. L'inauguration récente par Philips d'une usine de remise à neuf de ses systèmes médicaux aux Pays-Bas contribuera peut-être à augmenter la demande en équipements remanufacturés en Europe. Quelques fabricants proposent également aux hôpitaux des services pour prolonger la durée de vie de leurs équipements. Pour un coût mensuel fixe, Philips gère l'achat, la maintenance et la mise à niveau de tous les équipements de l'hôpital universitaire de Karolinska à Stockholm. Il est d'ailleurs probable que, à court terme, des fabricants vendent aux hôpitaux non plus leurs équipements mais leurs usages avec des offres de type "pay per scan".

Aux Etats-Unis, pour améliorer le taux d'utilisation des équipements, la start-up Cohealo propose de s'appuyer sur l'économie du partage. L'entreprise de Boston a mis en place une plateforme collaborative où les établissements hospitaliers peuvent partager l'utilisation de leurs équipements.

Selon une étude de la Fondation Ellen Macarthur réalisée pour le gouvernement du Danemark, les hôpitaux danois pourraient économiser annuellement entre 70 et 90 millions d'euros à partir de 2035 en gérant plus efficacement leurs équipements. Ramenée à l'échelle de la France, l'économie s'élèverait à 1 milliard d'euros.

Réduire et recycler les déchets

L'économie circulaire propose également des solutions pour réduire et recycler les déchets des hôpitaux.

Les hôpitaux français produisent 700.000 tonnes de déchets par an, soit près de 3,5% de la production nationale. Les dispositifs médicaux à usage unique qui ont progressivement remplacé les dispositifs médicaux réutilisables sont l'un des responsables de ces importantes quantités de déchets. En France, une fois utilisé, un dispositif médical à usage unique, dont le prix peut s'élever à plusieurs milliers d'euros, est incinéré. Sa réutilisation après stérilisation est interdite. Pourtant elle est autorisée, et réalisée sous certaines conditions, dans d'autres pays comme l'Allemagne ou les Etats-Unis. Une étude du Commonwealth Fund estime que la généralisation de la réutilisation des dispositifs médicaux à l'ensemble des hôpitaux des Etats-Unis permettrait d'économiser annuellement un demi milliard d'euros.

Confronté à un accroissement des dépenses de santé et un resserrement des budgets publics, le secteur hospitalier doit adopter sans plus attendre l'économie circulaire.

Les Blogs sont un espace de libre expression des abonnés d'Actu-Environnement.

Leurs contenus n'engagent pas la rédaction d'Actu-Environnement.

1 Commentaire

Marieclaude34

Le 19/01/2016 à 20h15

L'article est intéressant puisqu'il met en évidence qu'une meilleure utilisation des matériels lourds permettrait de faire des économies.
Mais des économies plus importantes pourraient être faites dans tous les hôpitaux ayant des lits de courts séjours de chirurgie et médecine.
En effet pour la chirurgie il suffit de mettre en place des lits de chirurgie ambulatoire (le malade arrive le matin et repart le soir chez lui). Cette technique permet d'économiser tout le côté hébergement qui coûte très cher (le prix d'un hôtel 5étoiles pour une prestation moyenne).
Cela est connu depuis plus de 30 ans mais la réticence du corps médical et des ...syndicats n'ont fait que retarder cette évolution nécessaire comme l'on fait bien avant nous les pays anglo-saxons.
Pour la médecine, l'hospitalisation ne sert que d'hébergement que pour faire des examens médicaux mal planifiés.
L'hôpital doit se recentrer sur son plateau technique qui doit optimiser l'utilisation de son matériel comme le dit l'auteur de cet article.
Bien évidemment les effectifs de personnels, calibrés pour assurer l'exploitation des importantes surfaces de locaux devront diminuer.
Là est la grosse économie qui peut être faite, à condition d'avoir le courage de négocier avec le corps médical et les syndicats la nouvelle organisation.
Un ancien cadre hospitalier qui a une expérience de 32 ans dans un centre hospitalier et un grand CHU et qui a vécu la mise en place de chirurgie ambulatoire.

Signaler un contenu inapproprié

Commentez ou posez une question à Rémy Le Moigne

Les commentaires aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Mot de passe oublié