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Auscultation des fondations de l’économie circulaire pour des piliers renforcés

Abdelfeteh Sadok, de la Société des grands projets, évoque les expérimentations au sein du secteur du bâtiment dans une approche d’optimisation des flux, à travers la mise en pratique du concept d’économie circulaire face à la réalité du terrain.

Publié le 29/03/2024

L’économie circulaire est un impératif pour une décarbonation réaliste du secteur de la construction. Théorisé dans les années soixante-dix aux États-Unis, le concept s’est fait connaître grâce aux travaux de la fondation Ellen MacArthur dans les années 2000. Cependant, l’image « du berceau au berceau », dans une logique bio-inspirée qui a imprimé les esprits et qui a fait le succès du concept, par opposition à l’économie linéaire (du berceau à la tombe), l’avait malheureusement cantonné, dans l’imaginaire collectif, au principe du seul recyclage.

Les piliers de léconomie circulaire

Des travaux récents (INEC 2023[1] et Aggeri, 2023[2]) ont qualifié les stratégies basées exclusivement sur le recyclage avec d’autres adaptations à la marge, d’une démarche de circularité faible, incompatibles ̶ concluent-ils ̶  avec les trajectoires nationales de décarbonation et la préservation suffisante des ressources naturelles. Ces travaux ont notamment remis à l’honneur les sept piliers pour une circularité qu’ils qualifient de forte, à savoir l’écoconception, l’économie de la fonctionnalité, la consommation responsable, l’approvisionnement durable et circulaire, l’écologie industrielle et territoriale, l’allongement de la durée d’usage et le recyclage, conceptualisés en France par l’Ademe. Un prisme plus large a été adopté notamment par la Société des grands projets, dans son schéma cadre de l’économie circulaire publié en février 2024.

Si les leviers sont identifiés, il reste à l’évidence le travail de bien les expérimenter et de traduire opérationnellement chaque pilier-concept, un exercice qui mobilise tous les acteurs de la chaîne depuis plusieurs années. Quid des retours du terrain et qu’en est-il de la complétude de la caisse à outils que représente l’économie circulaire ? Partons du postulat que la démarche de l’expérimentation inclut de facto la capacité à mesurer les résultats atteints. Il ressort clairement, à travers la revue systémique menée par Khadim et ses associés[3], que les efforts sont tournés principalement vers la gestion des déchets, puisque la majorité des indicateurs portent sur ce point. Il s’agit ici d’un constat révélateur sur la nature des expérimentations, qui font l’actualité des chantiers et qui nous interroge également sur les instruments manquants aux opérationnels. La mise en place de référentiels dédiés pour l’évaluation objective des pratiques circulaires constitue, à ce titre, le premier socle qui viendrait soutenir le déploiement d’une économie circulaire forte, instaurerait un langage commun et renforcerait la confiance entre les parties prenantes.

Un paramètre incontournable : la gestion des coûts

Par ailleurs, les coûts liés aux prestations intellectuelles d’assistance, souvent nécessaires pour les acheteurs pour adresser cette thématique, représentent parfois un frein à la généralisation des pratiques circulaires dans les projets. Force est de constater le caractère faiblement reproductible des expérimentations réalisées avec ce type d’assistance, pour la simple question de la préservation du savoir-faire. Ces coûts deviennent fixes, alors que la santé économique du modèle circulaire requiert la rationalisation des besoins d’assistance par l’automatisation après une première expérimentation. Prenons l’exemple du développement de l’informatique : si, au lieu d’avoir une suite bureautique complète à la portée de tout un chacun, comme c’est le cas aujourd’hui, nous étions encore obligés d’engager des experts pour nous tracer des courbes ou des tableurs sur MS-DOS, l’informatique serait restée à l’état de concept, en raison des coûts qu’elle aurait nécessité pour sa généralisation. L’économie circulaire a, en quelque sorte, besoin de son système d’exploitation, avec son arsenal d’applications adaptées aux profils des utilisateurs, pour devenir surtout une compétence transversale. L’expertise serait alors seulement réservée aux pratiques de pointe.

Par conséquent, l’économie circulaire, comme démarche d’optimisation des flux (matière, eau, énergie), doit impérativement comprendre celle des coûts. Ceci représente sans doute le second socle du modèle circulaire.

En dernier, un huitième potentiel pilier, que défend notamment l’Inec, est le don. Comme véritable levier anti-gaspillage, il permet de lutter contre la précarité matérielle et réduirait drastiquement la quantité des déchets, surtout si les barrières étaient levées entre les entreprises et les particuliers ou encore entre le public et le privé. Une pratique qui nécessite par ailleurs de la régulation.

 

Malgré le succès mondial du concept, son antériorité et l’espoir qu’il suscite, l’économie circulaire a encore besoin de faire ses preuves sur le terrain, financièrement et techniquement parlant. Ces résultats nécessitent à l’évidence d’être objectivement mesurables. La solution open source Circulence® proposée par la Société des grands projets tente de répondre en partie à ces besoins.

 

Abdelfeteh SADOK

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[1] Stratégie Nationale Bas Carbone sous contrainte de ressources, INEC, 2023.

[2] Aggeri Franck, Beulque Rémi, et Micheaux Helen. L'économie circulaire. La Découverte, 2023.

[3] Khadim Nouman, Agliata Rosa, Marino Alfonso et al. Examen critique des indicateurs et des cadres de circularité des bâtiments aux niveaux nano et micro. Journal de production plus propre, 2022, vol. 357, p. 131859.

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