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AccueilDominique BidouDe l’idéologie à la survie !

De l’idéologie à la survie !

Dominique Bidou partage ici sa vision opposée à l’idéologie sous-jacente du dernier plan du gouvernement, aux perspectives empreintes de sacrifices « sans gloire » et d’attentes mortifères. Inventer et choisir une autre voie, est-il encore possible ?

Publié le 27/10/2022

En présentant France Nation verte, ce vendredi 21 octobre, la Première ministre a lancé un cri d’alarme[1]. « Ce n’est plus une question idéologique, c’est une question de survie ». Ce sont donc les crises, de plus en plus nombreuses, de plus en plus fréquentes, qui seraient le moteur du changement de posture du gouvernement et, il faut bien le dire, de nombreux Français, de nombreuses entreprises et même de nombreux financiers, même s’il reste encore des réfractaires comme TotalEnergies. Le plan du gouvernement est de mobiliser tous les acteurs de la société et de leur proposer un cadre qui assure la cohérence de l’ensemble. Bonne démarche, car il est clair que les transformations que nous devrons entreprendre ne peuvent être imposées d’en haut par des  « sachants », des experts. Elles ne peuvent provenir que des acteurs, chacun dans son domaine, car nul ne connait mieux qu’eux leur activité et leurs contraintes, les voies de progrès, les chemins pour y parvenir. L’enjeu est donc de les motiver, de leur donner de bonnes raisons pour sortir de leur zone de confort et entrer dans une logique de transformation.

La bonne raison serait donc la survie. Bien triste perspective, de se battre juste pour la survie. En fond de décor, l’idée qu’il va falloir se priver, abandonner des projets, revoir nos ambitions. Une approche défensive, conforme au discours largement repris par le monde politique dans son ensemble, de « protéger les Français ». Notre fragilité, notre dépendance, notre vulnérabilité en tête de gondole, pas très vendeur ! Churchill avait bien vendu « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », mais avec un objectif exaltant de victoire et la vision d’un monde libre. Une approche somme toute idéologique. France Nation verte ne propose pas de promesse d’un futur attrayant, qui donne envie. « La transition en manque de récit » pour reprendre le titre de l’éditorial du journal Le Monde[2]. France Nation verte ne propose pas de projet, juste des réactions à des phénomènes qui nous menacent. Le football nous l’enseigne sans ambiguïté : une défense sans attaque ne permet guère de gagner, c’est en marquant des buts que les équipes suscitent l’enthousiasme.

Créer de nouvelles perspectives d’avenir

Un projet, une vision d’avenir pour notre société, serait inévitablement marqué par une forme d’idéologie, mais serait bien davantage mobilisateur que la simple « survie ». Pas une idéologie toute faite, absolue, « clé en main », à prendre ou à laisser, parfaitement verrouillée... Mais une idéologie ouverte, évolutive, susceptible de s’adapter aux évènements et aux réactions des uns et des autres. Une « idéologie apprenante », pour paraphraser la notion popularisée par Joseph Stiglitz de « société apprenante ». En ces périodes de transition, où les inconnues sont multiples, les « capacités d’apprendre et d’apprendre à apprendre » deviennent les clés du succès et conditionnent l’avenir de chaque pays : « un pays dont la capacité d’apprendre est inférieure à celle de ses concurrents sera distancé dans la course » [3].

Entrer résolument dans le futur, se donner les moyens de le construire, de lui donner un visage, c’est évidemment une prise de risque, mais c’est aussi une manière de réduire les innombrables risques du « ne rien faire », un pari sur l’avenir. Participer à l’émergence d’un futur choisi, plutôt que subir des évènements de moins en moins maitrisables. C’est « une vision nouvelle de la croissance, du développement et du progrès social »[4] qu’il convient d’élaborer, à la fois pour faire face aux crises qui nous menacent et proposer une nouvelle étape de l’aventure humaine. En leur temps, les philosophes des Lumières ont su proposer une nouvelle vision du monde. Ils ont ainsi permis de sortir des « anciens régimes » sous toutes leurs formes, en Europe et en Amérique. La période que nous vivons est en attente d’un mouvement de même ampleur, au moment où l’humanité s’approche des limites de la planète et les a même dépassées dans bien des domaines. La finitude du monde impose d’imaginer une autre forme de croissance, fondée sur le génie humain et non sur le prélèvement toujours plus dangereux de ressources naturelles. Bien sûr, un ensemble de mesures techniques seront les bienvenues, mais elles auront du mal à répondre au besoin sans référence claire à la recherche de nouveaux modèles de développement.

 

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[1] NDLR. Projet France Nation verte sur le site du gouvernement : accès au dossier de presse.

[2] Éditorial La transition écologique en manque de récit, Le Monde, 22 octobre 2022 : accès à l’article.

[3] Une nouvelle société de la connaissance, Joseph E. Stiglitz et Bruce C. Greenwald, Editions Les liens qui libèrent, novembre 2017.

[4] Ibid.

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1 Commentaire

Olibio

Le 28/10/2022 à 18h24

Intéressant mais restant basé sur la croissance et le développement, donc contraire à la sobriété corollaire de la transition écologique.
D'accord, il faut faire ! Quoi ! Privilégier et préserver le vivant, toutes les espèces vivantes (faune, flore) de cette Terre. Arrêter les machines et le toujours plus de numérique très énergivore et abêtissant, diminuant la vitalité humaine ! Il faut ré-utiliser nos muscles et nos cerveaux ...

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