Les combustibles solides de récupération n'en sont qu'à leurs débuts en France. Mais compte tenu des enjeux énergétiques, le secteur suscite un intérêt croissant. Quels garde-fous faut-il prévoir pour éviter les dérives ?
Combustible solide de récupération ou CSR. Ces trois lettres commencent sérieusement à attiser l'appétit de nombreux acteurs en France. A l'heure où les prix de l'énergie sont sur une tendance haussière et où l'on parle de réduire la mise en décharge, l'idée de remplacer les combustibles fossiles par certains déchets fait son chemin. Les producteurs y voient un moyen d'augmenter le taux de valorisation des déchets, les consommateurs y trouvent un intérêt économique et écologique direct.
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CSR : kezako ?
Encore faut-il savoir de quoi l'on parle. Concrètement, les CSR sont des déchets solides broyés de telle sorte à pouvoir être consumés dans des installations de co-incinération, et tout particulièrement en cimenteries en ce qui concerne la France. Il s'agit principalement de bois, de plastiques (mis à part le PVC qui contient du chlore), de papiers, de cartons ou de tissus qui sont issus des déchets industriels banals (DIB), des refus de tri en collecte sélective, des déchets non fermentescibles extraits des unités de tri mécano-biologique (TMB) ou encore des déchets collectés par certaines filières de responsabilité élargie du producteur (REP). Leur composition dépend par conséquent des déchets d'origine et varie d'un centre de production à l'autre. Pour les qualifier, la filière retient trois critères : leur pouvoir calorifique pour les comparer aux combustibles auxquels ils se substituent et leur teneur en chlore et mercure pour en déduire les risques de corrosion des équipements et de pollution atmosphérique.
Un marché français potentiel de plusieurs millions de tonnes
Aujourd'hui, le recours aux CSR se limite en France à un peu plus de 240.000 tonnes par an, brûlées quasi exclusivement en cimenterie, contre plus de 2 millions de tonnes en Allemagne. Les promoteurs du secteur évaluent le potentiel français à plusieurs millions de tonnes par an destinées principalement aux cimenteries ou à des unités de production d'énergie consommant pour tout ou partie des CSR. Le développement de telles unités fait craindre une relance de l'incinération en France.
L'adaptation de la réglementation au développement de ce nouveau marché doit donc se faire en parallèle. Pour l'instant, les CSR sont des déchets et sont donc gérés par la législation ad hoc. La question de la sortie de ce statut ne fait pas l'unanimité. Elle est étroitement liée à la question des installations autorisées à brûler ces déchets dans des conditions techniques limitant les émissions nocives. Face aux atouts et aux enjeux de ce nouveau marché, tous les acteurs semblent prêts à faire bouger les lignes. Reste à savoir à quelle hauteur…
Florence Roussel
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