Que sont les combustibles solides de récupération ? Faute de définition claire, ils constituent un combustible peu connu et réduit à trois critères qualitatifs : leur pouvoir calorifique et leur teneur en chlore et mercure.
Les CSR constituent une des familles de combustibles de substitution produits à partir de déchets, aux côtés des biocombustibles solides (déchets de bois non traité), des combustibles issus des déchets dangereux (solvants, huiles, etc.) et des combustibles spécifiques (pneus, farines animales, etc.). Plus précisément, il s'agit de combustibles préparés à partir des ordures ménagères (OM) et des déchets industriels banals (DIB) broyés. Cependant, cette distinction est très théorique puisque dans les faits les CSR sont produits à partir de déchets variés : aux DIB et OM peuvent être ajoutés des résidus de broyage automobile (RBA) et des déchets de bois. La principale contrainte de production est l'utilisation des déchets les plus secs possibles et à fort pouvoir calorifique inférieur (PCI), ainsi que l'interdiction de déchets dangereux (déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) et PVC, notamment).
Le terme regroupe donc des combustibles dont la composition peut sensiblement varier en fonction des déchets utilisés par le producteur. Dans ce contexte, plutôt que de se baser sur la composition des CSR, la norme européenne CEN/TC343 (transposée en France sous Afnor X34C) retient une classification selon des paramètres économiques, techniques et environnementaux. La combinaison des trois permet de caractériser et classer les CSR et de leur donner un prix.
Un PCI, du chlore et du mercure
S'agissant du critère économique, on distingue les CSR "bas PCI", "moyen PCI" et "haut PCI" en fonction de leur densité énergétique. Les CSR de classe 1 n'offrent qu'un PCI moyen supérieur à 3 mégajoules par kilogramme (MJ/kg), ceux de classe 2 dépassent 10 MJ/kg, ceux de classe 3 dépassent 15 MJ/kg, ceux de classe 4 dépassent 20 MJ/kg et ceux de classe 5 dépassent 25 MJ/kg. A titre de comparaison, le bois affiche un PCI compris entre 16 et 21 MJ/kg, le charbon entre 30 et 34 MJ/kg, le pétrole autour de 41 MJ/kg et le gaz autour de 55 MJ/kg.
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Le critère technique se base sur la teneur en chlore des CSR. Comme pour le PCI, cinq classes de qualité sont définies en fonction du contenu en chlore qui ne doit pas dépasser respectivement 0,2%, 0,6%, 1%, 1,5% et 3%. Le chlore impacte directement l'installation qui utilise des CSR puisque sa combustion entraîne la production d'acide chlorhydrique à l'origine de problèmes techniques liés à une corrosion et un encrassement accélérés des installations. A titre d'exemple, les cimentiers ne peuvent brûler des CSR dont le niveau de chlore dépasse les 0,5%, un niveau de très bonne qualité.
Le problème est aussi environnemental car la présence de chlore génère des polluants, dont les dioxines, les furanes et l'acide chlorhydrique, source de pluies acides. Ce critère est d'autant plus critique que les installations de combustion auxquelles sont destinés les CSR doivent respecter les prescriptions de la directive 2010/75 relative aux émissions industrielles. Selon la Fnade, qui se base sur une étude de caractérisation de différents CSR européens qu'elle a réalisée avec le soutien de l'Ademe, un CSR ayant un PCI de 20 MJ/kg et un taux de chlore médian de 0,2% (CSR a priori de très bonne qualité), entraîne une émission d'acide chlorhydrique de l'ordre de 200 mg/Mm3. "Pour mémoire, la norme à l'émission en incinération est de 10 mg/Nm3", rappelle-t-elle, précisant que "pour retrouver un aussi bas niveau d'émission sans traitement des fumées spécifique, il faudrait des teneurs en chlore des CSR impossibles à atteindre, quels que soient les gisements et modes de préparation". Un argument qui ne plaide pas pour la sortie des CSR du statut de déchet (voir encadré).
Enfin, le critère environnemental se base sur la teneur en mercure des CSR. Les cinq classes imposent de limiter le contenu médian en mercure à respectivement 0,02 milligramme de mercure par mégajoule (mg/MJ), 0,03 mg/MJ, 0,06 mg/MJ, 0,15 mg/MJ et 0,5 mg/MJ.
Philippe Collet
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