
Lancé dans les années 80, le concept Cradle-to-Cradle connaît une renommée grandissante et a relancé le principe de l'éco-conception ou comment penser son produit pour qu'il devienne un "meilleur déchet".
Dans la préface du livre "Du berceau au berceau : redéfinir la manière dont nous fabriquons les choses", publié par les deux créateurs de la certification Cradle-to-Cradle (C2C), Steven Beckers nous expose un "nouveau modèle économique, où la notion même de déchet est bannie au profit de cycles fermés". Plutôt que de réfléchir à comment produire moins de déchets, ce modèle propose de penser comment obtenir de meilleurs déchets dont au moins 50% seraient réutilisables par l'entreprise pour la fabrication de nouvelles marchandises. Il s'agit de prévenir plutôt que guérir : penser la conception des produits en vue de leur désassemblage plutôt que de compter sur les usines de traitement et de valorisation des déchets, les incinérateurs ou les unités de cogénération.
La certification, une démarche exigeante mais progressive…
La collaboration entre l'éco-architecte américain William McDonough et le chimiste allemand Michael Braungart commence en 1994 et se solde par la création l'année suivante de McDonough Brangart Design Chimie (MBDC), premier et unique organisme de certification C2C. Un produit candidat à la certification subit cinq niveaux d'analyse réalisée uniquement par l'équipe de chimistes du Dr. Braungart dans son laboratoire à Hambourg. Ils analysent dans un premier temps toutes les substances chimiques contenues dans le produit d'après 19 critères de santé humaine et environnementale. Ils évaluent ensuite le procédé de fabrication relativement au potentiel de recyclage, à l'utilisation de l'énergie, de l'eau, et à la responsabilité sociale. Si le produit n'est pas prêt à la certification, l'entreprise peut bénéficier de l'appui des Agences pour l'Encouragement à la Protection de l'Environnement chargée de promouvoir le concept et d'accompagner les entreprises intéressées.
Le boom de la philosophie C2C depuis 2002
Le succès mondial de l'ouvrage "Du berceau au berceau" a semble-t-il relancé le marché de l'éco-conception. Ainsi, la première Agence pour l'Encouragement à la Protection de l'Environnement (EPEA) d'Hambourg, fondée en 1987 par Michael Braungart afin de promouvoir le concept, est devenue l'EPEA Hambourg International et des filiales sont créées depuis 2008 aux Pays-Bas, au Danemark, en Suisse, en Chine (Taïwan), en Turquie, en France (Paris) et, cette année, en Espagne.
Des projets C2C à grande échelle
Si le premier produit mondial certifié C2C (siège Think de Steelcase) est américain, les Pays-Bas et aujourd'hui la Chine se montrent très enthousiastes à l'éco-conception. La ville de Venlo aux Pays-Bas est la première à s'engager dans cradle-to-cradle. L'exposition universelle florale "floriade 2012" y a lieu en ce moment jusqu'au 15 octobre dans un site certifié C2C, c'est-à-dire construit et exploité selon un plan conçu en amont qui permettra la réutilisation de tous les matériaux. Le site est également totalement autonome en eau et en énergie et sera transformé en une zone de bureaux à l'issue de l'événement. Une ville se construit autour de ce site, comme une grande communauté C2C dans laquelle la matière tourne entre les différents acteurs tout en maintenant sa qualité initiale. EPEA Taïwan travaille actuellement sur la construction de six villes chinoises selon ce modèle.
Elsa Abs
© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.
Retrouvez le dossier "Matières recyclées"
à la une du n° 317
Acheter ce numéro
S'abonner