Pièces détachées, fluides polluants, matériaux dangereux… Le processus de démantèlement d'un avion se calque à ce qui est pratiqué pour les véhicules hors d'usage, à une échelle plus conséquente.
La première opération va consister à prélever les pièces détachées de valeur des vieux avions qui ont encore "du potentiel" (moteurs, trains d'atterrissage, électronique, avionique…) et qui "pourront alimenter le marché d'occasion", explique Martin Fraissignes directeur de la stratégie et du développement de l'aéroport de Châteauroux-Centre. La seconde étape vise à dépolluer l'avion: retrait de tous les fluides (huiles moteurs, kérozène, circuits hydrauliques…) et des matériaux dangereux (amiante, uranium appauvri, explosifs pour les toboggans, extincteurs au gaz halon…). Les réservoirs de carburant sont vidangés du kérosène restant, puis dégazés. Tous les fluides récupérés et matières dangereuses répertoriées sont remis à des filières de traitement adapté.
"En troisième lieu, une fois qu'il ne reste plus que le fuselage de l'appareil, les pièces de l'avion vont être triées" en séparant les différents matériaux recyclables, de ceux qui ne le sont pas : le plastique, les moquettes, les textiles ou les panneaux composite (planchers) et pneumatiques. La dernière étape est la déconstruction de l'avion découpé en tranches et "brisé en petits morceaux. Ces débris sont transportés vers une usine de recyclage et traités comme tous déchets industriels", ajoute-t-il.
La dissection débute en effet par les ailes de la carcasse afin d'éviter des problèmes d'équilibre, puis va progresser vers la queue pour enfin s'attaquer aux trains d'atterrissage avant et arrière afin de réduire la cellule. "Il faut six semaines et trois personnes pour démanteler un gros porteur", explique la société Bartin Aero Recycling. Après avoir récupéré certaines pièces détachées, comme les moteurs ou les fauteuils, assuré la dépollution des éléments polluants (kérosène, batteries, huiles...), et extrait 30% du poids de l'appareil en caoutchouc, plastique, bois et verre, la découpe et le broyage de l'avion permettent "de recycler près de 147 tonnes de matière première" issues de métaux : 85% alliage aluminium (enveloppe), 10% d'acier (train d'atterrissage, commandes), 3% de titane (réacteur à l'aile…) et 2% de cuivre (électricité), chiffre Bartin Aero Recycling. Ces "matières premières secondaires" sont ensuite revendues à différents centres de maintenance ou coutiers spécialisés et réintègrent le circuit industriel. Globalement, le processus de déconstruction peut durer entre un et trois mois.
Rachida Boughriet
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