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Des avions commerciaux recyclés à plus de 70%

Transport et recyclage : des filières émergentes Actu-Environnement.com - Publié le 11/03/2013

Avec plus de 10.000 avions commerciaux hors d'usage d'ici 2030 dans le monde, le marché du démantèlement aéronautique émerge en France à travers deux filières. Une fois les fluides et les matières dangereuses prélevés, les pièces seront réutilisées.

Transport et recyclage : des filières...  |    |  Chapitre 1 / 7
Des avions commerciaux recyclés à plus de 70%
Environnement & Technique N°323 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°323
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Dès 2005, l'aéroport français de Châteauroux-Centre (Indre) suivi en 2009 de celui de Tarbes (Pyrénées) ont accueilli des sites spécialisés de dépollution et de déconstruction d'avions hors d'usage. Des sites qui assurent également le stockage des appareils et la maintenance associée permettant de maintenir ces avions en condition de vol.

L'arrivée en fin de vie des premiers avions de la génération 1970-80, l'augmentation du trafic aérien mondial, la hausse des prix des métaux et du fuel incitent en effet les constructeurs à faire appel à ces filières de démantèlement avec pour principaux objectifs la réutilisation des pièces détachées et le recyclage des métaux. D'autant que sur un avion de type Airbus A340 pesant une centaine de tonnes, un millier d'équipements environ peuvent être récupérés. Deux issues s'offrent à ces vieux avions : une fois dépollués, les appareils en fin de vie sont détruits, leurs pièces de valeur récupérées et revendues ou réutilisées. Ces avions peuvent également être stockés sur le site spécialisé en attendant d'être reloués à une compagnie par le propriétaire des appareils.

En matière de législation : si l'industrie aéronautique n'est à ce jour soumise à aucune réglementation spécifique au niveau mondial concernant la gestion des aéronefs en fin de vie, elle doit toutefois garantir la gestion sécurisée des pièces détachées et remplir de nombreuses obligations en matière d'hygiène, de sécurité et d'environnement.

Chaque phase de démantèlement (dépollution, désassemblage et déconstruction) opérée sur ces sites français reste en effet soumise à la législation européenne relative à l'élimination des déchets dangereux et industriels et est calquée sur les normes liées au traitement et stockage des véhicules hors d'usage (VHU). Les centres de démantèlement sont également classés pour la protection de l'environnement (ICPE) et certifiés ISO 14000, et sont dans l'obligation d'assurer la traçabilité des matériaux traités afin de répondre aux exigences en matière de prévention des risques environnementaux.

Concernant les Etats-Unis, l'absence de législation officielle autorise toutefois la mise en dépôt des vieux avions dans d'immenses hangars. Pire, plus de 4.000 avions civils et militaires seraient encore stockés ou enfouis dans le désert d'Arizona…

Aucune démarche "encadrée" de déconstruction n'existait réellement avant le milieu des années 2000. Date à laquelle la demande en recyclage a impulsé, liée au boom des premiers avions civils à bout de souffle et le renforcement des législations en matière de sécurité et d'environnement.Au cours de ces cinq dernières années, "la durée de vie moyenne d'un avion commercial est passé de 31 ans à 26 ans aujourd'hui. Ce qui accélère la sortie de flottes de ces appareils" - détenus par les compagnies aériennes, les brokers, les sociétés de leasing ou les banques - etqui doivent être démantelés, souligne Martin Fraissignes, directeur de la stratégie et du développement de l'aéroport de Châteauroux-Centre qui a accueilli "la première plate-forme européenne dédiée au recyclage des avions".

Bartin, précurseur à Châteauroux

Ce site a été inauguré en juin 2005 par la société française Bartin Aero Recycling, spécialiste du recyclage des métaux et pionnière du secteur dans l'Hexagone. Sur une plate-forme à membrane étanche s'étendant sur une surface de 15.000 m2 située à l'aéroport de Châteauroux-Centre, la filiale du spécialiste de la gestion des déchets Veolia Propreté depuis fin 2007,  démantèle et détruit chaque année environ dix avions (petits et gros porteurs). Au lancement de la plate-forme, la direction espérait pourtant démanteler "jusqu'à deux ou trois avions par mois".

La filiale de Veolia figure parmi les 75 membresde l'association internationale du recyclage d'avions (Aircraft Fleet Recycling Association - Afra) créée en 2006 et dont Martin Fraissignes est également le président. Via l'Afra, Bartin bénéficie de l'appui de ce réseau international animé par le constructeur américain Boeing qui vise principalement à optimiser le recyclage de sa flotte en fin de vie.

Tarmac à Tarbes : phase industrielle du projet pilote européen Pamela

Un autre site français commence à prendre ses marques dans le démantèlement des avions. Installé sur 30 hectares, le site de stockage et de démantèlement d'avions de l'aéroport de Tarbes-Lourdes est exploité par la société Tarmac Aerosave, créée en 2009 et pilotée majoritairement par Airbus (principal constructeur européen et mondial) et le spécialiste français des déchets Sita, filiale de Suez Environnement. Détenue également à hauteur de 13% par le motoriste Snecma (filiale du groupe Safran), l'entreprise est dotée d'une plate-forme adaptée pour la séparation des fluides, équipée de pistes et hangars d'une surface de plus de 8.000 m2. Selon le quotidien La Dépêche, la société prévoit d'augmenter la capacité de stockage des avions et les aires de travail d'environ 12.000m2.

Tarmac Aerosave fait suite au projet pilote européen baptisé Pamela (Process for Advanced Management of End-of-life of Aircraft) dont "elle concrétise la phase industrielle". Piloté par Airbus et Sita, principaux actionnaires de Tarmac (33% chacun), le projet Pamela soutenu par la Commission européenne, a permis de tester les procédures de déconstruction sur un A300B4 en 2005-2006 et un A380 en 2007-2009 et la valorisation des pièces et de matériaux récupérés, dans un contexte réglementaire lié à la directive VHU de 2000. L'objectif de Pamela était de démontrer que, d'ici à 2015, 85% de la masse d'un avion pourrait être réutilisée, récupérée ou recyclée, conformément à la directive. Le texte réglementaire vise aussi 95% de valorisation de la masse d'un véhicule en fin de vie d'ici 2015. "Des éléments issus des avions de première génération, mis en service dans les années 70 ont pu être incorporés dans le nouvel A380", explique Olivier Malavallon, chef de projet "recyclage et écoconception" chez Airbus et ex-directeur du projet Pamela. "On est arrivé à valoriser 85% de l'avion, alors qu'auparavant 45% finissaient en déchets enfouis. 70% des matériaux récupérés ont été réutilisés sous forme de pièces détachées ou de matières premières secondaires dans le cadre du projet." Seulement 13% du poids de départ de l'avion a dû être classé comme "déchets non valorisables" et envoyé à la décharge. Tarmac "sert de centre de référence unique du projet pilote Pamela".

La société veut aller plus loin et s'est fixée pour objectif de recycler ou de réutiliser jusqu'à 85% des pièces et matériaux qu'elle extrait et valoriser près de 90% de la masse d'un avion en fin de vie.

Depuis ses débuts il y a trois ans, Tarmac Aerosave a reçu environ cent avions sur son site et une trentaine d'appareils ont été démantelés que ce soit des Airbus (A300, A310, DC9,..) ou des Boeing (737 et 777…). Tarmac a la capacité de déconstruire 30 avions de grande taille par an et de stocker 25 appareils. L'entreprise vient également d'acquérir mi-2012 une nouvelle plateforme en Aragon, à Teruel Plata, suite à un appel d'offres. Le site espagnol, de 350 ha, sera opérationnel fin 2013 et aura une capacité de stockage de 250 avions.

Rachida Boughriet

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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