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La vi(ll)e de demain : rêve ou cauchemar ?

Transition écologique : l'avenir des villes en question Actu-Environnement.com - Publié le 04/11/2013

En 2050, selon les projections, 60 millions de Français vivront en ville. Avec ses 36.000 communes, la France devrait éviter le cauchemar des mégalopoles. L'enjeu sera plutôt de limiter l'étalement urbain et d'accroître la qualité de vie.

Transition écologique : l'avenir des...  |    |  Chapitre 1 / 8
La vi(ll)e de demain : rêve ou cauchemar ?
Environnement & Technique N°330 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°330
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En 2050, plus de 70% de la population mondiale vivra en ville. Un siècle plus tôt, c'était le contraire : 70% des habitants de la planète vivaient à la campagne.... "Entre 2000 et 2050, c'est ainsi tout « un second monde urbain » équivalent en taille à tout ce qui existait avant cette date qui sera construit" pour accueillir trois milliards de personnes supplémentaires, souligne le programme Repenser les villes dans une société post carbone, mené par le Commissariat général au développement durable (CGDD). En France, où entre 1999 et 2008, le territoire urbain a augmenté de 20%, dix millions d'habitants supplémentaires peupleront les villes en 2050…

Mais comment penser et construire ce "second monde urbain" ? Depuis Platon, l'homme rêve de la cité idéale. Une ville très rationnelle ou au contraire organique ; mais dans tous les cas, un même modèle urbain reproductible.

Mais, pour Christian Garnier, pilote de la mission Questions urbaines pour France nature environnement (FNE), dessiner un modèle urbain en France est "une absurdité" : "Les territoires ont une histoire, que l'on ne peut pas nier. La matrice urbaine française est constituée d'agglomérations de différentes tailles. Il faut réfléchir à partir de cette réalité".

Des enjeux écologiques, sociaux, économiques…

Depuis l'industrialisation, les villes se sont développées à vitesse grand V, parfois de manière anarchique ou dans la précipitation, pour accueillir les populations attirées en masse par les centres d'activité. Si de nombreuses politiques publiques ont été menées pour organiser ou améliorer les villes, les zones urbaines restent aujourd'hui synonymes d'étalement urbain, de saturation, d'exclusion…

Mais loin des mégapoles qui fleurissent à travers le monde, le modèle français actuel se définit par des centres urbains, plus ou moins grands, autour desquels s'agglomèrent des banlieues. "Ces bassins de vie découpent le territoire, il faut les penser de manière systémique", estime Christian Garnier. "Jusqu'ici, le fonctionnement urbain a été construit sur une solidarité forcée entre territoires, qu'il s'agisse d'approvisionnement en ressources, de gestion des déchets, d'eau, d'assainissement…".

Les défis à relever sont alimentaires et environnementaux, mais aussi sociaux et financiers… La banqueroute de plusieurs villes américaines et la difficile situation financière des collectivités françaises le prouvent. "Pour bâtir une réponse qui lève les impasses sociales, financières et écologiques, il va falloir changer de logiciel ! Sortir des frontières communales et prendre de l'altitude dans la réflexion et la prise de décision. Certains projets importants relèvent d'un échelon supracommunal, la planification doit donc s'organiser au niveau du bassin de vie, en intégrant l'ensemble des enjeux liés au développement urbain", note Christian Garnier.

La ville ne peut plus être pensée de manière autonome, mais ancrée dans un territoire. "Il faut une armature urbaine équilibrée, de sorte que les personnes puissent vivre à chaque niveau du territoire en trouvant les services et aménités dont ils ont besoin", souligne Christian Garnier. "L'offre d'habitation doit également répondre aux aspirations des gens à différentes étapes de leur vie : célibataire sans enfant, couple avec enfants, personnes âgées…".

Une ville idéale pour tous ?

Interrogés en février 2013 par l'Institut Ifop, les Français ont défini leur cité idéale : une ville à taille humaine, qui fournit un emploi, est belle et verdoyante, propre, où la circulation y est fluide, sans trop de voiture, où le piéton a sa place, qui est sécurisée et en même temps dynamique, animée, ouverte…

Une seule et même ville devrait-elle être idéale pour tous ? "Parmi les moteurs de fuite de l'agglomération urbaine, se trouvent le coût du foncier et/ou de l'immobilier, mais aussi la recherche d'une qualité de vie. La pavillonnaire pour tous, ce n'est pas notre horizon. Il faut en revanche être capable d'offrir un habitat d'une certaine densité et de très bonne qualité urbaine pour éviter les fuites", souligne Christian Garnier.

Certains projets d'écoquartiers ou d'écocités offrent ce rêve de qualité de vie en milieu urbain. "Mais ces projets apportent-ils un plus à l'agglomération ? Dans quelle mesure cette opération est suturée au reste du territoire ?", s'interroge Christian Garnier. Ceux-ci ne peuvent en effet être pensés comme des îlots indépendants mais plutôt comme plusieurs petits centres reliés entre eux, pour éviter que tous convergent vers un centre. "Produire du logement, ce n'est pas faire de la ville ! Les commerces et services de proximité, les modes de transports collectifs et doux ne doivent pas être oubliés". Ni l'emploi ! L'attractivité des villes repose en grande partie sur les activités économiques. Mais comment délocaliser certaines d'entre elles ?

L'expérience de Marne-la-Vallée, conçue dans les années 1960, montre la difficulté de créer une ville nouvelle, avec un pôle d'attractivité. Interrogé dans le cadre d'un rapport sénatorial publié en 2011, l'architecte et urbaniste Christian de Portzamparc raconte : "Quand j'y ai travaillé comme jeune urbaniste, nous pensions que ce serait une ville de trois millions d'habitants (…). Dans les faits, la ville s'est beaucoup étalée ; il faut beaucoup d'efforts pour y construire des écoles ; la ville est restée très résidentielle et l'économie productive n'est pas venue ; elle est allée ailleurs, mais pas dans la ville nouvelle".

Pour Christian Garnier, "la problématique de la localisation des emplois n'est pas facile à orienter, car elle touche aux activités privées. Il faut développer des modes de gouvernance intelligents". La ville de demain s'invente donc aujourd'hui, de manière collective et globale. Mais comment connaître la vie que l'on aura (et que l'on voudra) demain ?

Sophie Fabrégat

Un territoire organisé autour des centre urbains

La ville gagne du terrain - En 2010, les villes occupent 22% du territoire français. Elles abritent 77,5% de la population, mais en réalité, 95% de la population française est sous influence de ces pôles d'activités. Entre 1999 et 2010, l'espace urbain a progressé de 20%. La raison ? 1.368 communes rurales ont été intégrées à des agglomérations et 231 ont dépassé le seuil des 2.000 habitants qui les a fait basculé en commune urbaine. Ce sont les petites unités urbaines qui ont le plus grandit en dix ans : elles représentent la moitié de la croissance de l'espace urbain alors qu'elles ne comptent que 16% de la population urbaine.

Des pôles d'attractivités au-delà de l'aire urbaine - L'agglomération parisienne compte 10,3 millions d'habitants répartis sur 412 communes. Si sa population a crû de 14% en dix ans, c'est essentiellement parce qu'elle a absorbé 30 nouvelles communes. En 2010, la France métropolitaine compte également deux métropoles de plus d'1,5 million d'habitants (Marseille-Aix et Lyon) et 28 unités urbaines de 200.000 à un million d'habitants. Si, en général, les grandes aires urbaines sont polycentriques (un pôle d'activité principal et des pôles d'activités secondaires), les aires urbaines de moindre taille sont monocentriques, c'est-à-dire que les activités sont concentrées dans un même centre, qui aimante les populations. Plus d'une centaine d'aires urbaines se resserrent autour de la ville-centre, quand les autres jouent le rôle de satellites. Parfois, plusieurs aires urbaines sont en réseau, sans qu'il y ait un pôle principal. Enfin, 54% des ruraux vivent à proximité d'un grand centre urbain et 39% vont y travailler. Seule 5% de la population française vit hors influence des villes, dans 7.400 communes rurales.

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