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AccueilChristian de PerthuisRapport du Giec (1/3) : Les futurs possibles

Rapport du Giec (1/3) : Les futurs possibles

A travers l'analyse du rapport des décideurs émis par le Giec en août 2021, Christian de Perthuis alerte sur la nette tendance à la hausse du réchauffement et sur l’urgence de l’action climatique pour endiguer les conséquences probables qui se profilent.

Publié le 28/09/2021

Datée du 9 août 2021[1], la publication du premier volume du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec)[2] me conduit à reprendre la plume plus tôt que prévu. Je vous propose une série de trois articles, à la suite d’une lecture attentive du « Résumé pour décideurs »[3] et de quelques extraits des 3 949 pages qui témoignent de la vitalité de la recherche sur le système climatique. Aujourd’hui : Les futurs possibles.

Le sixième rapport d’évaluation du Giec, programmé pour septembre 2022, fera la synthèse des rapports des trois groupes de travail (WG pour Working Group). Le premier, WG 1, rendu public le 9 août, se penche sur les bases scientifiques. Il sera suivi du WG 2 consacré à l’adaptation face aux impacts du réchauffement, puis du WG 3 traitant des politiques d’atténuation du réchauffement (Cf. deuxième illustration en bas de l'article, premier graphique).

Un réchauffement qui ne faiblit pas

Une difficulté récurrente d’interprétation des données climatiques résulte de la forte variabilité du climat à court terme.

Dans le passé, cela a pu conduire à des erreurs d’interprétation. Par exemple, certains ont cru déceler un ralentissement du réchauffement entre l’année 1998, année très chaude, et l’année 2011 qui a vu une température légèrement inférieure à celle enregistrée treize ans auparavant. Le rapport du WG 1 met en garde contre de possibles erreurs d’interprétation de sens inverse dans le futur. Ce n’est pas parce qu’un réchauffement moyen de 1,5°C ou 2°C sera observé une année, que le seuil de température correspondant aura été atteint.

Sur la période 2011-2020, le WG 1 estime le réchauffement moyen à 1,1°C relativement à l’ère préindustrielle. Depuis le cinquième rapport d’évaluation, le réchauffement observé a augmenté de 0,19°C. Le Giec a par ailleurs amélioré la prise en compte de la température des zones polaires. Le chiffre de 1,1°C s’inscrit dans la continuité de la tendance statistique observée depuis 1970 : une progression tendancielle de 0,2°C par décennie (cf. graphique 2).

La prolongation de cette tendance conduirait à un réchauffement de 1,4°C en 2030, dans la fourchette des cinq scénarios représentatifs du Giec. On atteindrait 1,8°C en 2050 et 2,8°C en prolongeant cette tendance jusqu’à la fin du siècle, ce qui n’est compatible qu’avec le scénario intermédiaire du WG 1.

Le rôle déterminant de l’action de l’homme

Ce réchauffement ne peut être attribué à des facteurs naturels. Les modèles climatiques qui ne prennent en compte que les paramètres naturels influençant le climat (irradiations solaires, irruptions volcaniques, etc.), ne détectent aucune variation de la température depuis un siècle. Seule la prise en compte de l’action de l’homme permet de comprendre la hausse des températures moyennes observées (cf. deuxième illustration en bas de l'article, deuxième graphique).

Appliqués au passé, les modèles climatiques permettent d’attribuer le réchauffement observé à l’accroissement du stock de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le sixième rapport confirme une hypothèse de « sensibilité climatique » posée dès 1970 par le météorologue Jule Gregory Charney : un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère conduirait à un réchauffement global de l’ordre de 3°C.

Les futurs possibles

On n’en est pas encore là ! Mais on s’en approche : pratiquement la moitié du chemin a été parcourue, puisque ce stock s’est accru de 47% depuis l’ère préindustrielle. En tenant compte des autres impacts anthropiques sur l’atmosphère, le Giec dessine les futurs possibles suivant le rythme à venir des émissions de CO2 (cf. première illustration en bas de l'article).

Dans tous les cas, un réchauffement de 1,5°C devrait être atteint vers 2030, compte tenu du stock de CO2 déjà rejeté dans l’atmosphère. Vers 2050, l’action ou l’inaction climatique commencent à produire leurs effets, ce qui conduit à envisager trois types de futurs possibles d’ici la fin du siècle :

- dans les deux scénarii à faible émission, la neutralité carbone est atteinte vers 2050, grâce aux fortes baisses d’émissions opérées entre 2020 et 2050. On conserve l’espoir de stabiliser le climat en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle, et même vers 1,5°C grâce à des émissions nettes négatives après 2050 ;

- dans le scénario intermédiaire, les 2°C risquent d’être atteints vers 2050. Le pic des émissions mondiales a été touché en 2030, mais les émissions n’ont guère reculé entre 2030 et 2050. Le stock de CO2 dans l’atmosphère continue de croître, ce qui conduit à une température moyenne entre 2,5 et 3°C vers la fin du siècle ;

- dans les scénarii fortement émissifs, le pic d’émission n’est pas atteint avant 2050. La stabilisation du stock de CO2 dans l’atmosphère semble hors d’atteinte d’ici la fin du siècle. On s’oriente vers des réchauffements supérieurs à 3 ou 4°C d’ici 2100, qui se poursuivront au XXIIe siècle.

Une fois de plus, le Giec nous rappelle le rythme impitoyable de l’« horloge climatique »[4] dont les aiguilles sont animées par le stock de gaz à effet de serre, une grandeur présentant une inertie bien plus forte que celle de nos émissions annuelles.

Le temps qu’il reste

Une façon simplifiée de rattacher le flux d’émission de CO2 au stock dans l’atmosphère consiste à calculer le cumul des émissions de CO2 associé à différentes cibles de réchauffement, ce que l’on appelle le « budget carbone ».

Pour chaque cible de température, le Giec a calculé le montant des émissions cumulées de CO2 qu’il ne faut pas dépasser. Nous avons reproduit ci-dessous ces budgets pour atteindre la cible avec une probabilité de 66,6%. (Cf. troisième illustration en bas de l'article)

Pour un réchauffement de 1,5°C, un peu plus de 85 % du budget a déjà été consommé début 2020. En moins de 10 années d’émission au niveau de 2019, il sera totalement épuisé. Pour 1,7°C, on dispose encore de 16 petites années, et pour 2°C, d’un quart de siècle. C’est dire l’urgence qu’il y a à accélérer l’action climatique.

Le rapport du WG 1 ne traite pas des conditions de cette accélération. Mais il approfondit les interactions entre le montant des émissions brutes de CO2 et les autres paramètres qui accélèrent ou freinent le réchauffement global. Ces interactions, indispensables pour guider les stratégies d’atténuation, feront l’objet de notre prochain article : Le CO2 et les autres.

Article initialement publié sur le blog personnel de Christian de Perthuis.

Sources : Les données du graphique 2 proviennent du Hadley Center (base de données HadCRUT5). Les autres chiffres et graphiques mentionnés dans cet article sont issus du Résumé pour décideur du rapport. Le calcul du nombre d’années pour épuiser le budget carbone a utilisé les données d’émission du Global Carbon Budget pour 2019.

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[1] Rapport du Giec : le réchauffement climatique peut encore être atténué : https://www.actu-environnement.com/ae/news/Rapport-giec-2021-climat-38004.php4

[2] Premier volume du sixième rapport d’évaluation du Giec : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_Full_Report.pdf

[3] Résumé pour décideurs : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM.pdf

[4] Christian de Perthuis, Le Tic-tac de l’horloge climatique, Deboeck supérieur, 2019. https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807322097-le-tic-tac-de-l-horloge-climatique

Article proposé par : Christian de Perthuis Christian de Perthuis Economiste

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1 Commentaire

Albatros

Le 07/10/2021 à 12h23

C'est quoi, une irruption volcanique ?

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