
Si l'objectif premier de l'écoconception est de réduire les impacts négatifs de la production et de la consommation sur l'environnement, de nombreuses entreprises voient dans cette démarche un levier de compétitivité et d'innovation.
"Dans nos actions en région, nous constatons une hausse de l'intérêt des entreprises pour les démarches d'écoconception, malgré le contexte difficile de la crise. Beaucoup d'entre elles voient l'écoconception comme un facteur de compétitivité et d'innovation. C'est aussi pour elles une manière d'anticiper la réglementation qui va se durcir sur la question des ressources", souligne Jodie Bricout, animatrice à l'association CD2E, qui se définit comme le centre expert pour l'émergence des éco-technologies au service du développement des éco-entreprises.
Au moment où certaines ressources naturelles se raréfient, où certains matériaux deviennent stratégiques et où les législations française et européenne s'orientent de plus en plus vers le principe du "pollueur payeur", les entreprises voient dans l'écoconception une solution d'avenir. "Il s'agit en effet de recourir aussi peu que possible aux ressources non renouvelables en leur préférant l'utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de renouvellement et associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage", notait l'Ademe en octobre dernier dans une étude sur les bénéfices socioéconomiques de l'écoconception et de l'écologie industrielle.
A condition d'éviter toute tentative de greenwashing : "Une démarche d'écoconception doit porter sur le long terme. Le pire pour nous, c'est de voir certaines entreprises travailler sur un seul produit et axer sa communication sur ce produit vert. Il faut que l'écoconception devienne une recette pour tous les produits, une démarche naturelle, un critère parmi d'autres", explique Jodie Bricout, qui note que déjà, dans certaines entreprises, l'écoconception est intégrée comme l'un des critères de décision lors du design d'un nouveau produit.
Une démarche stratégique
L'écoconception est une démarche globale, intégratrice, "susceptible d'avoir un impact sur l'ensemble de la chaîne de valeur de son produit (bien ou service) : en amont sur ses approvisionnements et ses relations avec ses fournisseurs, mais aussi en aval sur son positionnement et ses relations avec ses clients", souligne l'Ademe. Ce sont ces impacts positifs sur la chaîne aval et amont qui ont contribué, ces dernières années, au développement de l'écoconception.
En visant la réduction des flux entrants (matières premières, énergie, eau) et sortants (effluents, déchets…), l'écoconception est source d'économies, tout au long de la supply chain. Elle peut permettre ainsi "l'amélioration de la compétitivité, par abaissement des coûts de revient, en allégeant les coûts des matières premières (par leur moindre utilisation), les coûts de fluides (énergie, eau) ou des process (opérations effectuées en usine)", précise l'Ademe. La moindre dépendance aux fluctuations du prix des matières premières et de l'énergie est un atout de taille aujourd'hui pour une entreprise. Elle lui permet de réduire sa vulnérabilité. La réduction des coûts lui permet aussi de rester dans la course, en maintenant des prix ou en les baissant, face à une concurrence toujours plus forte, notamment des pays émergents.
L'Ademe, dans son étude, cite l'exemple des fabricants d'emballages boisson qui ont pu rester présents sur le marché et maintenir leur activité à marge constante, en allégeant le poids des canettes en acier grâce à l'utilisation d'aciers plus fins et plus techniques.
Dans l'hôtellerie par exemple, les offres "vertes" sont souvent positionnées dans le haut de gamme, voire les gammes de luxe, à l'image des centres de remise en forme ou de soin, ou encore des hôtels "vitrine" très avancés sur ces sujets (Bâtiment basse consommation, architecture intégrée au milieu naturel, écoproduits, etc.).
L'utilisation de plus en plus fréquente des labels environnementaux en tant que prérequis dans les appels d'offres soutient aussi le développement de l'écoconception.
Des emplois "made in France" ?
L'écoconception, qui s'applique à tous les secteurs d'activité peut donc "permettre le maintien de l'activité et des emplois dans des secteurs fortement concurrentiels", analyse l'Ademe. D'autant que "les investissements initiaux à consacrer pour mettre en œuvre ces démarches sont compensés par les réductions de coûts, renforçant ainsi la compétitivité des entreprises".
En mobilisant l'ensemble des services de l'entreprise (marketing, R&D, achats, production, design…), l'écoconception a un "réel potentiel de création d'emplois R&D hautement qualifiés sur le territoire français, avec un effet d'entraînement à d'autres secteurs du fait de la transversalité des champs de recherche et d'innovation qui sont explorés".
Enfin, outre le maintien des emplois dans les filières traditionnelles, l'écoconception soutient le développement des éco-activités, telles que les énergies renouvelables, la gestion des déchets, des effluents, filières dont le potentiel d'emplois locaux est très important.© Tous droits réservés Actu-Environnement
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