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L'amélioration du suivi des micropolluants nécessite une évolution des techniques

Micropolluants : la lutte s'intensifie Actu-Environnement.com - Publié le 28/11/2016

Les données collectées sur les micropolluants montrent que l'ensemble des masses d'eau semblent polluées. Pour améliorer le suivi, une évolution des techniques utilisées s'avère toutefois nécessaire.

Micropolluants : la lutte s'intensifie  |    |  Chapitre 1 / 11
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Les différents micropolluants Les micropolluants recouvrent différents types de produits chimiques : les pesticides et biocides (acétamides, amides, anilines, carbamates, organochlorés, organophosphorés, organostaniques, triazines, urées, acides aminés dont glyphosate, par exemple), les médicaments (amides, carbamates, stéroles et stéroïdes), les détergents (alkylphénols, etc.), les plastifiants (phtalates, bisphénol, etc.), les retardateurs de flamme (polybromodiphényléthers (PBDE), etc.), les isolants électriques (polychlorobiphényles (PCB), etc.), les produits de combustion (hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines, furanes, etc.) mais également des produits utilisés dans l'industrie ou dans les foyers (matières plastiques, colles, additifs pour carburant, antibactériens, aldéhydes, anilines, benzènes, cétones, perfluorocarbures (PFC), phénols,etc.).
 
"Pour autant que nous cherchions avec suffisamment de sensibilité une grande gamme de micropolluants, je ne pense pas que nous ne puissions trouver une ressource totalement préservée, note Pierre-François Staub, chargé de mission chimie des milieux aquatiques de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema). Ainsi nous retrouvons dans des lacs de montagne des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) véhiculés par l'atmosphère – à des concentrations toutefois moindres que dans des lieux où sont implantées des activités humaines". La présence de ces substances chimiques susceptibles d'avoir des effets à des concentrations de l'ordre du microgramme ou du nanogramme par litre, semble ainsi quasi généralisée, selon l'ensemble des bilans de surveillance du ministère de l'Environnement.

Ce suivi des micropolluants répond notamment à une obligation réglementaire. Dans le cadre de l'objectif de bon état des masses d'eau demandé par la directive-cadre sur l'eau (DCE), les dispositifs en place ont été réorganisés en programmes de surveillance dans chaque bassin hydrographique. Ils constituent une bonne part de la connaissance acquise sur ces polluants. A ces derniers s'ajoutent également des campagnes exceptionnelles, l'une en 2011 s'intéresse aux eaux souterraines de métropole et l'autre en 2012 aux eaux douces de surface (rivières et plans d'eau) comme aux eaux littorales de métropole et d'outre-mer, ainsi qu'aux eaux souterraines d'outre-mer.

Les médicaments, plus fort taux de substances quantifiées en 2011 et 2012

"Le plus fort pourcentage de substances quantifiées par rapport au nombre de substances recherchées est observé dans les cours d'eau (70%), davantage connectés aux pressions polluantes, précise l'Onema dans une synthèse. En termes d'usages, ce sont les médicaments qui présentent le plus fort taux de substances quantifiées (56%), suivis des substances industrielles ou domestiques (53%)".

Parmi les substances qui ont été recherchées en 2011 et 2012, les plus fréquemment retrouvées dans les cours d'eau et plans d'eau sont des conservateurs utilisés dans les cosmétiques et les produits de soins corporels (parabènes), des plastifiants (diisobutyl phthalate et bisphénol A), un composé tensioactif (p-Nonylphénol diéthoxylate) ou encore des produits de combustion (HAP) dans les sédiments. Dans les eaux souterraines, les micropolluants les plus souvent identifiés sont des médicaments (aspirine), des composés d'usage industriel, des pesticides (dont des métabolites de l'atrazine ou un néonicotinoïde, l'imidachopride), ou encore la caféine. Dans les eaux littorales, ce sont certains plastifiants (phtalates), ainsi que - dans les sédiments - des HAP et des organométalliques (biocides contenus dans les peintures utilisées pour préserver les coques des navires) qui ont été le plus fréquemment quantifiés.

   
Les différentes sources de micropolluants
 
   
"L'idée est de reconduire l'exercice dans les eaux superficielles probablement vers 2018 même si nous ne savons pas encore quel type de substances nous allons rechercher et avec quel dimensionnement", projette Pierre-François Staub. En fonction de l'avancement des connaissances et des techniques disponibles, la liste de molécules à rechercher évolue.

Vers des approches plus performantes

"Même si certaines campagnes concernent plusieurs centaines de molécules, c'est finalement peu par rapport à ce qui existe et qui est susceptible d'être retrouvé dans les milieux, constate Christine Feray, directrice du programme Aquaref. Nous essayons donc de nous orienter vers de nouvelles approches pour élargir le spectre de ce qui est recherché".

Les opérateurs des mesures pourraient ainsi, plutôt que de cibler et rechercher une molécule précise, en identifier davantage grâce à des techniques d'analyse chimique non ciblées large spectre (spectrométrie de masse, etc.). Ces dernières permettent uniquement de détecter la signature de molécules, grâce à leurs propriétés physico-chimiques. Ensuite, si cette dernière est retrouvée dans plusieurs masses d'eau, ils s'efforceront alors de l'identifier.

"Lors de la campagne prospective de 2012, nous avons exclu des molécules qui avaient pourtant été priorisées, car nous n'avons pas trouvé les laboratoires susceptibles de rechercher les molécules à un niveau de quantification pertinent", explique Christine Feray. Les échantillonneurs passifs pourraient pallier ce manque : immergés dans la masse d'eau durant une certaine période, ils permettent de concentrer les polluants et parfois de résoudre le problème des limites de quantification, ou de variations temporelles de la concentration des polluants. Pour l'instant, ces outils restent utilisés par des laboratoires de recherche scientifique. Aquaref travaille aujourd'hui à leur validation opérationnelle. "L'enjeu, pour déployer plus largement cette surveillance, est un transfert des méthodes depuis les laboratoires experts vers les laboratoires de routine, moins spécialisés, afin qu'ils se les approprient et effectuent une surveillance efficace", estime Pierre-François Staub.

Dorothée Laperche

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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