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Quid des substituts au plomb et leur innocuité ?

Peut-on améliorer l'efficacité des réseaux d'eau potable ? Actu-Environnement.com - Publié le 02/06/2014

Si l'on remplace les canalisations en plomb, il faut vérifier la conformité sanitaire des matériaux de substitution. Les canalisations en PVC antérieures à 1980 peuvent relarguer du chlorure de vinyle monomère, classé cancérogène, dans l'eau.

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Environnement & Technique N°337 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°337
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Au titre des matériaux de substitution au plomb, il en existe plusieurs : "il faut utiliser" des matériaux métalliques (cuivre,…) ou organiques (polychlorure de vinyle (PVC), polyéthylène (PE), revêtements en résine époxydique, …) "aptes à entrer au contact de l'eau", préconise la Direction générale de la Santé. Une attestation, délivrée par l'un des laboratoires habilités par le ministère de la Santé, doit prouver la conformité sanitaire de ces substituts.

Canalisations en PVC : toxicité du chlorure de vinyle monomère

Pour l'association UFC, "il n'y a pas lieu d'indiquer une préférence a priori" parmi ces matériaux.Reste quecertains polymères PVC utilisés pour les canalisations sont susceptibles de contenir du chlorure de vinyle monomère (CVM) résiduel risquant de migrer vers l'eau destinée à la consommation humaine. "Le seul risque sérieux identifié aujourd'hui" est celui des tronçons en PVC anciens, antérieurs à 1980, qui existent sur certains réseaux ruraux et qui peuvent relarguer du CVM, expliqueMichel Desmars,chef du département "Eau et assainissement" de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies). Ce risque a été analysé par la Direction générale de la santé (DGS) qui a élaboré un programme de mesures, comme des purges de tronçons de réseaux par exemple.

Les canalisations en PVC posées avant 1980 (ou à une date inconnue) s'étendraient sur une distance comprise entre 50.000 km (estimation des plasturgistes fabricants) et 340.000 km en France (données fournies par les principaux délégataires du service public de l'eau). En octobre 2012, la Direction générale de la Santé a adressé une instruction aux directeurs des agences régionales de santé et aux préfets relative au repérage de ces canalisations à risques à l'échelle des communes.

La limite de qualité des eaux en CVM est fixée à 0,5 µg/L par le code de la santé publique. Le CVM peut présenter "une toxicité pour des expositions par inhalation et ingestion", rappelle le ministère de la Santé. Sur la base d'expositions professionnelles par voie respiratoire à de fortes doses, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé cette substance comme "cancérogène certain" pour l'homme en 1987.

"A faibles doses et par voie orale, ce qui est le principal mode d'exposition via l'eau du robinet, il existe théoriquement un excès de risque de cancer calculé à partir des données issues d'essais toxicologiques chez l'animal. Toutefois, aucune association à ce jour n'a été établie entre des cas d'angiosarcomes ou de carcinomes hépatocellulaires (cancers du foie) et une consommation d'eau du robinet", précise la DGS, en s'appuyant sur le rapport d'expertise de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de juillet 2012. Le CVM est plus souvent lié à d'autres facteurs de risque comme l'alcoolisme ou les infections par les virus des hépatites.

Mais le remplacement de ces canalisations reste problématique. Elles ont un âge compris entre 40 et 50 ans : "il s'agit donc d'un renouvellement anticipé de canalisations, la plupart du temps, non encore totalement amorties (durée d'amortissement fréquemment comprise entre 60 et 80 ans)".

Son coût est également "très élevé" : entre 75 et 200 €/m de linéaire (selon les besoins en réfection de chaussée), l'intervention nécessite, la plupart du temps, de créer une tranchée (ce qui est problématique en centre bourg) et le remplacement engendre "un arrêt de l'alimentation des abonnés concernés", pointe la DGS.

Cuivre

Concernant le cuivre : utiliser ce métal en amont d'un réseau en plomb "va augmenter la dissolution du plomb en aval et nécessite de traiter parties communes et parties privatives de concert dans les copropriétés impactées par le risque plomb si l'on remplace les canalisations d'amenée en plomb", prévient le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) dans un rapport daté de février 2013.

D'après la circulaire de 2004 publiée par la Direction générale de la Santé, la dissolution du cuivre contenu dans les éléments constitutifs du réseau intérieur de distribution d'eau est la source principale de la présence de cuivre dans l'eau d'alimentation. Des études ont montré que les caractéristiques de l'eau, en particulier le pH mais également le titre hydrotimétrique (TH) et le carbone organique total (COT), influencent fortement les teneurs en cuivre dans l'eau d'alimentation. Pour le cuivre, la valeur limite de qualité de l'eau du robinet est fixée à 2 mg/L (et la référence de qualité est de 1 mg/L) dans le code de la santé publique. Parmi les analyses enregistrées entre janvier 2004 et mars 2005 par le ministère de la Santé, 99,3 % des unités de distribution étaient inférieures à la limite de qualité de 2 mg/L.

Dans un avis daté de mars 2006, l'Anses (ex- Afssa) estimait que les données toxicologiques "actuellement disponibles n'étaient pas suffisamment pertinentes en vue d'une estimation quantitative du risque à long terme lié à un dépassement de la limite de qualité du cuivre dans l'eau de boisson". L'Organisation mondiale de la santé propose une valeur guide de 2 mg/L et précise que cette valeur permet l'ingestion de 2 à 3 litres d'eau par jour, d'un complément nutritionnel et d'aliments sans voir apparaître un effet gastrointestinal et sans dépasser la « Dose tolérable d'ingestion » de 10 mg/j proposée par l'Institute of Medecine des Etats-Unis.

Résines époxy et Bisphénol A

En 2011, plusieurs ONG dont le Réseau Environnement Santé (RES) ont dénoncé la multiplication du recours au gainage des conduites d'eau potable avec des résines époxy qui contiennent du Bisphénol A, substance chimique de synthèse, perturbatrice endocrinienne. Elles s'inquiétaient d'une possible migration de la substance susceptible de contaminer l'eau consommée.

Les résines époxydiques sont utilisées comme revêtement intérieur de canalisations. Actuellement, le BPA n'est pas un paramètre dont la teneur est règlementée dans les eaux destinées à la consommation humaine en France ou dans l'Union européenne.

Afin d'alimenter les travaux d'expertise, l'Anses et la DGS ont lancé en 2011 des campagnes nationales d'analyses visant à évaluer l'exposition de l'Homme au BPA via notamment les eaux distribuées en réseau (eaux du robinet).

Bien qu'une étude ait spécifiquement porté sur des réseaux revêtus de résine époxydique, "aucun lien n'a été établi entre la présence de ces revêtements et une contamination des eaux par le BPA", a conclu l'Anses dans son rapport d'expertise, paru en avril 2013 sur ses risques pour la santé humaine. Conformément aux conclusions de l'avis de l'Anses (ex-Afssa) de 2008, ces résultats "ne remettent pas en cause la procédure de vérification de la conformité sanitaire des matériaux en contact de l'eau destinée à la consommation humaine (MCDE) et il reste souhaitable, lorsque le bisphénol A est présent dans une formulation, de rechercher ce paramètre spécifiquement dans les eaux de migration", estime l'Agence sanitaire.

Selon les ONG, il existe une alternative pour ce type de gainage, à savoir des matériaux à base de polyester et de polyuréthane sans BPA et des résines aux silicones. Mais ces alternatives exemptes de BPA restent encore à évaluer du point de vue de leur composition chimique.

Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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Réactions2 réactions à cet article

 

Si les canalisations PVC installées avant 1980 contenaient un peu de chlorure de vinyle monomère (CVM), celui-ci aura eu largement le temps d'être lessivé par toute l'eau qui a circulé dans ces canalisations depuis plus de 30 ans ! Le renouvellement coûteux de ces canalisations ne devrait être imposé qu'à la condition que l'eau qui y circule maintenant contient du CVM en quantité préoccupante.

mb | 02 juin 2014 à 14h37
 
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Quel est le cout de ses rénovations: à l'heure du ral le bol fsical peut on se payer ce luxe? Je pose l'hypothèse que depuis 30 ans le revetement calcaire qui s'est formé dans les canalisations annule tout transfert de polluant.
Quid des conduites en céramique posées ici à Rennes? Matériaux inerte à mon avis.

pierrotb | 03 juin 2014 à 11h34
 
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