Le 9 novembre dernier, un panel d'experts réunis à Montréal par l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a conclu, après avoir examiné les dernières études menées sur le bisphénol A (BPA) et sa capacité à affecter la santé humaine, qu'en l'état des connaissances actuelles, il était difficile de juger de la pertinence des études qui établissent un lien entre de faibles niveaux d'exposition au BPA et des impacts négatifs sur la santé. Ils estiment donc que toute mesure de santé publique serait prématurée, tant que ce lien n'a pas été confirmé. Une conclusion qui abonde dans le sens de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui ne jugeait pas, dans un avis publié en octobre dernier, nécessaire d'abaisser le seuil d'exposition journalier.
''Ce sont des conclusions importantes qui aideront à diriger des recherches plus poussées. Plusieurs études importantes sont déjà en cours qui aideront à clarifier l'étendue des répercussions sur la santé humaine de ce produit chimique'', a déclaré Angelika Tritscher, toxicologue à l'OMS, à l'issue de la réunion. Ce qui fait réagir le Réseau Environnement Santé (RES) : ''une telle conclusion est très surprenante, car elle donne l'impression que l'on manque de données scientifiques. Ceci n'est pas conforme à la réalité. On dispose en effet aujourd'hui de près de 500 études publiées selon les règles de la déontologie scientifique, dans des revues à comité de lecture c'est-à-dire validées par les pairs''.
Les experts réunis par les organismes internationaux ont confirmé que l'alimentation, via les emballages, constitue la principale source d'exposition au bisphénol A (BPA), minimisant ainsi les autres sources d'exposition. Après avoir mené des modélisations, ils ont conclu que les taux de BPA présents dans le corps humain étaient très faibles, ''ce qui indique que le BPA ne s'accumule pas dans le corps et est rapidement éliminé par l'urine''. Pour le RES, ''ce raisonnement est curieux, car, si le BPA est effectivement éliminé rapidement, l'exposition de la population est quotidienne. C'est ce qui explique que 93 % des Américains et 91 % des Canadiens sont imprégnés''.
Le Réseau Environnement Santé affirme que ''95 % des études menées chez l'homme et l'animal mettent en évidence un effet sanitaire. (…) [Chez l'animal], ces effets surviennent à des doses très inférieures à la Dose Journalière Admissible (DJA) actuellement en vigueur en Europe (50 microgrammes par kilo et par jour). (…) Plusieurs dizaines d'études chez l'homme ont maintenant été publiées qui confirment les résultats chez l'animal. Par exemple, récemment une étude américaine a mis en évidence des troubles du comportement chez l'enfant de 2 ans corrélés à l'exposition maternelle (Ce même effet a été observé dans 32 études animales sur 35)''.
Le RES souligne également que ''l'OMS conteste une source de contamination via les papiers thermiques, alors que l'étude récente de l'INRA Toulouse montre que le BPA peut pénétrer la peau , ce qui suggère un risque pour les salariés exposés professionnellement comme les caissières. Cette donnée permet d'expliquer pourquoi ce groupe de population est le plus imprégné en BPA, comme cela a été mis en évidence dans une étude américaine récente''.