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"La mise aux normes est l'occasion de faire entrer la réutilisation dans les déchèteries"

Déchèterie : nouvelles contraintes, nouvelles ambitions Actu-Environnement.com - Publié le 14/01/2013

En tête de la hiérarchie des modes de traitement des déchets, le réemploi se cherche une place au sein des organisations de collecte. Selon Sandrine Simeon, responsable du pôle développement au réseau des Ressourceries, de plus en plus de collectivités pr

Déchèterie : nouvelles contraintes,...  |    |  Chapitre 5 / 5
"La mise aux normes est l'occasion de faire entrer la réutilisation dans les déchèteries"
Environnement & Technique N°321 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°321
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Actu-environnement : Quel est le principe d'une Ressourcerie ?

Sandrine Siméon : La Ressourcerie est un concept, avec une charte et des valeurs, basé sur quatre fonctions principales : la collecte, la valorisation et la revente de biens de consommation dont les propriétaires n'ont plus l'utilité, ainsi que la sensibilisation à l'environnement. Le gisement principal est celui des déchets ménagers, de la petite cuillère au meuble. Certaines Ressourceries s'intéressent également aux déchets non dangereux des activités économiques comme les papiers et cartons des entreprises. La Ressourcerie ne fait pas de recyclage mais elle prépare et sépare les matières pour les envoyer dans les filières adaptées et réglementées de recyclage. Son cœur de métier est la réutilisation : tout ce qui est collecté est dirigé vers les ateliers de valorisation : menuiserie, électronique, tri textile, eco-design… Les objets y seront réparés puis revendus dans des boutiques. La sensibilisation à l'environnement se fait tout au long de la chaîne d'activité : lors des collectes chez l'usager, lors des ventes, lors de manifestations grand public et d'intervention dans des écoles par exemple.

AE : Comment s'intègrent les déchèteries dans ce fonctionnement ?

SS : La déchèterie s'intègre au niveau des modes de collecte des objets. Plusieurs options sont possibles : collecte à domicile sur rendez-vous avec le véhicule de la Ressourcerie, l'apport volontaire au niveau des ateliers ou des boutiques de la Ressourcerie, et collecte en déchèterie. Sous l'égide d'une convention entre la Ressourcerie et la collectivité territoriale propriétaire de la déchèterie, les Ressourceries vont pouvoir avoir accès au gisement de déchets et collecter un potentiel de réutilisation. Mais la Ressourcerie ne puise pas directement dans les bennes car les objets y sont mal conservés. Nous passons par des "caissons de réutilisation" où les objets sont déposés et non jetés. Souvent cela prend la forme d'un container maritime de 20 m3 posé à même le sol mais aussi de chalets voire de locaux en dur construits à cet effet au sein de la déchèterie. L'idée étant que l'usager soit sensibilisé dès son entrée dans la déchèterie : s'il a quelque chose de réutilisable ou de réparable, il le dépose dans ce caisson quel que soit l'objet. Le caisson accueille tous les types de flux : mobilier, vaisselle, équipements électroniques, etc. Idéalement ce caisson doit être placé dès l'entrée de la déchèterie pour que l'usager y dépose ces objets avant d'aller jeter le reste dans les bennes appropriées.

   
Vue intérieur d'un caisson de réutilisation installé sur une déchèterie de la Communauté urbaine Grand Littoral (Dunkerque) © Réseau des Ressourceries
 
   
AE : Où en êtes-vous dans le déploiement de ce type d'installation ?

SS : Selon notre Observatoire, 53% des Ressourceries de notre réseau collectent via les déchèteries dont 48% avec la présence d'un agent de la Ressourcerie sur le site. En 2011, les Ressourceries ont collecté en moyenne 38 tonnes de déchets via cette voie. Comparativement, la même année, les Ressourceries ont collecté, en moyenne, 76 tonnes de déchets sur rendez-vous, 26 tonnes par apport volontaire et 228 tonnes par collecte en porte-à-porte (dépôt sur le trottoir à jour fixe possible pour tous les habitants d'une commune). Mais très peu de structures proposent ce service de collecte en porte-à-porte car la qualité du gisement n'est pas au rendez-vous. Le plus souvent, c'est pillé avant notre arrivée. Les tonnages sont importants en porte à porte puisque tout est collecté même ce qui n'est pas réutilisable pour offrir un service complet au territoire. A l'inverse, ce qui est collecté en déchèterie, comme réceptionné en apport volontaire, ne concerne que le potentiellement réutilisable, d'où des moyennes plus faibles.

AE : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez quand vous conventionnez avec les collectivités ?

SS : Les conventions de partenariat avec les collectivités territoriales intègrent de nombreux éléments dont la responsabilité en cas d'accident, les aspects juridiques liés à la propriété des déchets. Une fois collecté, le déchet appartient à la Ressourcerie, la collectivité n'en est plus responsable. Autres points, comment est assurée la prise en charge de la communication sur ce nouveau service, les moyens de peser les déchets orientés vers la Ressourcerie, étape essentielle pour le suivi et le reporting entre Ressourceries et collectivités territoriales…Les difficultés sont plutôt sur l'amont, la contractualisation elle-même, quelle forme ? Mais aussi quelle rémunération pour la Ressourcerie et quel accès à la déchèterie pour les déchets qui s'avèreraient non réutilisables.

AE: La formation du personnel de la déchèterie est-elle adaptée à cette installation ?

SS : Il existe plusieurs cas de figure. Dans certains marchés ou conventions, il est prévu qu'un agent de la Ressourcerie soit présent sur la déchèterie à temps plein ou à temps partiel pour sensibiliser l'usager et orienter lui-même les objets vers le caisson de réutilisation. Dans d'autres cas, c'est le gardien de déchèterie qui assurera cette fonction formé par la Ressourcerie ou le Réseau des Ressourceries à l'orientation des objets réutilisables. Lorsque cela est possible, elle va l'accueillir au sein de ces installations pour lui montrer ce que deviennent les objets et dans tous les cas lui lister ce qui est accepté ou non. Cette liste dépend de l'organisation locale des acteurs de la réutilisation et du réemploi. Par exemple, s'il existe déjà un acteur qui s'occupe de la remise en état des vélos, la Ressourcerie n'inclura pas cet objet dans sa liste à moins d'un partenariat visant à le redistribuer ensuite vers les acteurs adéquats. Le caisson peut aussi être mutualisé entre plusieurs structures de l'économie sociale et solidaire présentes sur le territoire. Chacune ayant la charge de l'évacuation du caisson à intervalles réguliers. L'organisation est à construire avec l'intercommunalité. La liste d'objets pouvant être pris en charge peut également évoluer dans le temps en fonction des débouchés de ventes dans les boutiques des Ressourceries. Une communication régulière entre la Ressourcerie et le gardien de la déchèterie est donc indispensable.

AE: Quel impact va avoir l'arrivée de la REP ameublement dans les déchèteries sur vos activités ?

SS : Le Réseau des Ressourceries a été convié aux discussions sur la mise en place de cette REP dès le début donc nous avons pu défendre notre place. Sa mise en place ne nous inquiète pas. Nous allons continuer à collecter en déchèterie les objets potentiellement réutilisables provenant de toutes les filières. Pour les structures déjà en partenariat avec les déchèteries, on continuera à orienter les meubles en bon état prioritairement vers les caissons de réutilisation, même sur les déchèteries qui auront de la place pour accueillir une benne spécifique pour les déchets d'ameublement. La sensibilisation de l'usager devra toutefois être renforcée pour expliquer la différence entre les caissons de réutilisation et la benne ameublement. Pour les déchèteries où il n'y a pas encore de caisson de réutilisation, la question de la place va se poser.

 
Les déchèteries en quelques chiffres Le parc français de déchèteries comptait 4.567 sites en 2009 dont 3.027 accueillant des déchets professionnels. Ces établissements ont collecté 12 millions de tonnes de déchets en 2009 contre 9,5 Mt en 2005. Les déchets accueillis sont très divers : déchets verts (29,84%), encombrants (23,77%), déblais/gravats (28,59%), matériaux recyclables (13,97%).
Les exutoires sont également très variés : les déchets verts vont majoritairement en valorisation organique (95,1%), 77,52% des matériaux recyclables sont dirigés vers la filière du recyclage, 67,33% des DEEE sont recyclés, 61% des gravats sont envoyés en centre de stockage.
Les encombrants sont, eux aussi, majoritairement enfouis pour 69,52%. La mise en place de la REP ameublement doit permettre d'améliorer leur recyclage : le décret n°2012-22 du 6 janvier 2012 contient des objectifs de réutilisation et de recyclage de 45% pour les déchets d'éléments d'ameublement ménagers et de 75% pour les déchets d'éléments d'ameublement professionnels en 2015. (Source Sinoe/Ademe)
 
AE : Ne craignez-vous pas que certains caissons soient supprimés au profit des bennes ameublement par manque de place ?

SS : Les éco-organismes de la filière des Déchets d'Eléments d'Ameublement ont des objectifs de réutilisation fixés dans leurs cahiers des charges. Rappelons également qu'une ordonnance de 2010 fixe une hiérarchie des modes de traitement des déchets avec en première place la préparation en vue de la réutilisation. De nombreuses collectivités se sont elles-aussi engagées sur des objectifs de réemploi ou réutilisation par le biais de leurs plans de prévention. Par conséquent, le contexte est favorable à la réutilisation et tous les acteurs ont intérêt à l'encourager. Toutefois, toutes les déchèteries ne sont pas adaptées à la mise en place d'un caisson de réutilisation. Il faut réfléchir à l'échelle d'un territoire. Par exemple, seules 3 déchèteries sur 10 peuvent être équipées et les autres déchèteries peuvent sensibiliser l'usager à l'existence du service dans les autres déchèteries et/ou à l'apport à la Ressourcerie. Tout dépend du territoire. C'est du cas par cas. A terme, comme il le fait pour les ampoules ou les piles, l'usager saura où il peut déposer ces objets réutilisable ou réparable.

Par ailleurs, de nombreuses communes ont en projet de nouvelles déchèteries pour des raisons réglementaires surtout. C'est l'occasion pour elles de réfléchir à la réutilisation et des collectivités territoriales nous contactent à ce sujet pour être accompagnées dans sa mise en place concrète. La déchèterie de demain est en train de se construire aujourd'hui. Elle intégrera toutes les nouvelles filières et la filière transversale de la réutilisation. De plus, les Ressourceries collectent tous les objets des ménages et pas seulement les éléments d'ameublement donc sa gestion globale reste pertinente.

Par ailleurs, de nombreuses communes ont en projet de nouvelles déchèteries pour des raisons réglementaires surtout et profite de l'occasion pour réfléchir à la réutilisation. Certaines collectivités territoriales demandent aujourd'hui l'accompagnement du Réseau des Ressourceries à la mise en place concrète d'espace de réutilisation/réemploi au sein des déchèteries, au conventionnement avec des Ressourceries et l'accès à nos modules de formation spécifiques aux agents territoriaux concernant la réutilisation. La déchèterie de demain est en train de se construire aujourd'hui. Elle intégrera toutes les nouvelles filières et la filière transversale de la réutilisation. De plus, les Ressourceries collectent tous les objets des ménages et pas seulement les éléments d'ameublement donc sa gestion globale reste pertinente.

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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