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L'écoconception, quelles réalités ?

L'écoconception promise à un bel avenir Actu-Environnement.com - Publié le 08/04/2013

Si la démarche d'éco-conception nécessite un long travail de recueil de données, la plupart des entreprises interviewées reconnaissent sa plus-value pour leurs activités. Retour d'expériences de groupes issus de différents secteurs.

L'écoconception promise à un bel avenir  |    |  Chapitre 3 / 5
L'écoconception, quelles réalités ?
Environnement & Technique N°324 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°324
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Réduction des gaspillages, facteur de différenciation entre des produits d'une même gamme, difficultés dans le recueil des données : un certain nombre de caractéristiques communes de l'éco-conception sont identifiées par des entreprises qui se sont lancées dans la démarche. La plupart des responsables interviewés s'accordent sur l'impact positif de cette approche sur leur activité. "Regarder nos produits à travers le prisme de l'éco-conception permet de réfléchir différemment et donc d'innover", souligne ainsi Karen Lemasson, Responsable RSE d'Expanscience. Ce changement de regard modifie également les attentes envers les fournisseurs et permet de les impliquer dans la réflexion.

Le laboratoire pharmaceutique et cosmétique a initié la démarche dans le cadre de sa politique de responsabilité sociale des entreprises (RSE). "Nous avons commencé par une analyse de cycle de vie de certains de nos produits pour disposer d'une photo des impacts majeurs", complète Karen Lemasson. L'entreprise a ensuite décliné un outil de pilotage adapté à chaque problématique des différents métiers. A travers le filtre de cette grille, son personnel s'interrogera à terme sur les impacts et levier d'amélioration de leur production. Ainsi l'équipe packaging, par exemple, analysera si le matériau de l'emballage est recyclable, ses impacts, les nouvelles solutions apportées par les fournisseurs, etc. "L'objectif fixé est qu'en 2015 tous les nouveaux produits en dermo cosmétique soient éco-conçus", projette Karen Lemasson. Pour les grands groupes, l'intégration d'un outil de réflexion en interne semblerait être une voie privilégiée.

Internaliser les compétences

"Pour les sociétés de notre taille, il est important d'internaliser les compétences sur ce sujet, assure Rahel Damamme en charge de l'environnement pour la direction industrielle d'Oxylane, notre outil est une première étape et nous permet d'être dans une démarche d'amélioration continue."

Certaines entreprises, qui se sont reposées sur des bureaux d'études pour des réflexions sur l'affichage environnemental, seraient aujourd'hui dépendantes et contraintes de continuer à s'appuyer sur ces derniers pour d'autres gammes de produits.

Oxylane, spécialisée dans la conception d'articles de sport, a décidé d'élaborer un outil simplifié d'ACV et d'embaucher un spécialiste à cet effet. Au départ, l'entreprise s'est concentrée sur des critères qui disposaient de bases de données robustes : les consommations d'eau, d'énergie et émission de gaz à effet de serre. Ensuite, dans le cadre d'une expérimentation nationale sur l'affichage environnementale  et ses travaux de la plateforme Afnor-Ademe, elle a étoffé ses critères amesurant l'eutrophisation et également l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables. L'entreprise utilise son outil de calcul des impacts environnementaux pour lesquels une démarche d'écoconception a été appliquée avec les anciens modèles et ainsi s'assurer de la réduction des impacts environnementaux. "Aujourd'hui, nous validons une démarche à partir d'un gain de 15% minimum sur l'un des indicateurs et sans dégradation sur les autres indicateurs", assure Rahel Damamme. La prochaine étape pour Oxylane sera d'intégrer leurs outils d'écoconception dans ceux existants de développement produits pour que cette démarche devienne une habitude de travail des équipes.

L'écoconception, une chasse aux gaspillages

 
“Pour s'investir dans cette démarche il ne faut pas être seul. Très souvent,
du côté de l'acheteur ou du professionnel, nous obtenons très
peu d'écoute”,
 
Christian Turrini, Mobiliers Turrini-David Lange
 
"Plutôt que de vivre l'écoconception comme une contrainte, nous essayons de le vivre comme une opportunité car la première action c'est la chasse aux gaspillages", rappelle Rahel Damamme. Et nos enquêtes clients montrent qu'une mauvaise note environnementale demain les dissuaderait d'acheter le produit". Aujourd'hui, 10% de leurs produits vendus seraient éco-conçus. Ils visent les 30% à l'horizon 2017.

A l'origine de leur démarche : un bilan gaz à effet de serre macro dont les conclusions ont montré que trois quarts des émissions étaient issues des produits. Pour certaines entreprises, cette mesure du CO2 semblerait imbriquée dans leur réflexion sur l'écoconception. "Depuis mars 2010, nous mesurons l'empreinte carbone des emballages que nous mettons sur le marché, explique Jean-Michel Lehembre, président de la société d'emballages plastiques CVP packaging, elle montre que c'est principalement la matière première qui pèse concernant les émissions de CO2". De cette empreinte, la société a orienté sa stratégie et établi une feuille de route 2010-2020 calquée sur l'approche cradle to cradle.

Si elle disposait au préalable d'une approche de réduction de ses impacts, l'entreprise cherche désormais à accentuer la préservation des ressources et optimiser la fin de vie des emballages. "Tous les emballages que nous mettons sur le marché ont une ou plusieurs solutions de valorisation en fin d'utilisation des clients finaux, souligne Jean-Michel Lehembre, s'il n'existe pas de filière, nous ne mettons pas le produit sur le marché". Depuis le 4e trimestre 2012, ils écoconçoivent tous les nouveaux produits. Cette année, CVP packaging engage une analyse de cycle de vie de certains de leurs produits. Ils vont également faciliter le recyclage en uniformisant les différents matériaux des emballages ou en facilitant la séparation des différents matériaux. Leurs objectifs à l'avenir ? Ecoconcevoir les produits existants de 2013 à 2015. Il vise également de baisser de 10% le poids des emballages dans la période 2012-2014 en conservant les mêmes caractéristiques de certifications, d'homologations, contenant-contenu etc. Ils souhaitent également produire des emballages avec du plastique recyclé alimentaire pour 2013- 2016. En 2014, l'entreprise prévoit le lancement du polypropylène (PP) vert dans les productions injectées en remplacement du PP fossile pour arriver en 2020,à plus de 50% des emballages en Polyéthylène Haute Densité (PEHD) végétal.

Gagner de l'argent avec ses déchets

"Les analyses ACV nous ont montré des incohérences, reconnaît Laurent Dechamps, directeur Qualité & Sécurité & Environnement du fabricant de literies André Renault, désormais nos camions de livraison au retour passent chercher des composants chez nos fournisseurs pour éviter que le camion roule à vide".

L'entreprise a initié une démarche d'éco-conception en 2010 par une analyse de cycle de vie de différents produits et une réflexion sur l'écolabellisation de matelas."En 2009, 57% de nos déchets interne étaient recyclés, aujourd'hui nous sommes à 91%, détailleLaurent Dechamps, avant les déchets nous coûtaient... Aujourd'hui, le fait de les revendre, nous fait gagner de l'argent".

Dans une base de données également réalisé en interne, il détaille dans la nomenclature les caractéristiques des produits : son poids, volume, etc. et évalue ainsi les parties les plus impactantes. "À partir du 1er mai 2013, nous serons soumis à l'affichage environnemental avec une éco participation, rappelleLaurent Dechamps, une réflexion est en cours pour que dans deux ou trois ans, l'éco taxe ou la contribution soit moins chère pour les consommateurs qui achèteront des produits comme les nôtres".

Des prix plus élevés

Certaines entreprises comme les Mobiliers Turrini-David Lange sont entrées dans la démarche par l'intermédiaire d'une certification Iso 14001. "Nous avons fait des choix sur les achats de matériaux et exclu ce qui était à base de solvants : les panneaux agglomérés, à base de formaldéhyde, se rappelle Christian Turrini, le président de la société, nous utilisons désormais des panneaux lattés, avec du bois massif, collés entre eux avec de la colle blanche et replaqués avec des essences fines comme du chêne ou érable, etc.".

Ils ont également privilégié les mobiliers "monoproduit", entièrement fabriqués en bois. La société a ensuite réalisé des AVC pour évaluer le gain. "Pour s'investir dans cette démarche, il ne faut pas être seul, modère Christian Turrini, très souvent, du côté de l'acheteur ou du professionnel, nous obtenons très peu d'écoute commercialement : nous avons en effet des prix plus élevés que des produits qui n'essayent pas d'avoir des matières nobles".

Se lancer dans l'aventure implique également un coût financier conséquent mais surtout un investissement humain. Le recueil des données pour les ACV notamment s'avère une étape laborieuse. "Pour les besoins de l'ACV, nous devons aller chercher beaucoup d'information chez les fournisseurs, c'est le plus fastidieux : par exemple pour fabriquer la mousse des matelas, combien d'eau est nécessaire ?", se souvient Laurent Dechamps.

Pour Jean-Michel Lehembre, un des obstacles a également été l'indisponibilité des données. "En amont personne n'avait fait d'empreinte carbone pour le packaging : il a fallu faire des enquêtes et chercher les informations", pointe t-il.

Autre difficulté : le changement dans les habitudes de travail. "La phase d'appropriation est importante : pour que chaque personne l'intègre dans son métier, c'est un travail de fourmi, même si nos collaborateurs ne le perçoivent pas comme une contrainte", complète Karen Lemasson.

Un usage marketing ?

Pour Khalil Khalifa, président d'ACV Plus, entreprise spécialisée dans l'éco-conception, les outils d'ACV classique fournissent des typologies d'indicateurs qui ne correspondent pas aux besoins quotidiens des utilisateurs. "Un outil d'écoconception doit être systématiquement être utilisé dans les projets : il doit pouvoir s'intégrer et devenir un élément du système", assure t-il. Pour lui, de certaines entreprises utilisent la démarche pour souligner les améliorations d'un produit déjà conçu par rapport à un modèle plus ancien. "Parfois l'acv sert à confirmer des choix qui ont déjà été faits pour un usage marketing", dénonce t-il.

Parmi les points à ne pas négliger selon lui : le contexte d'utilisation du produit, son lieu de fabrication et fin de vie mais également la compatibilité des données exploitées par rapport au contexte géographique. "Nous sommes en train de le raccorder à des données ACV, des données sur les sources de pollution, explique Khalil Khalifa, par exemple, lier l'utilisation de l'acier avec les polluants attendus en conséquence".

Dorothée Laperche

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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