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Remettre les usages au centre du choix

Véhicules d'entreprise : la mobilité électrique entre en jeu Actu-Environnement.com - Publié le 06/11/2017

Pour passer à l'électrique, il est indispensable de se pencher sur les usages réels des véhicules d'entreprise. Un diagnostic permet d'identifier les véhicules pour lesquels il est possible et rentable de passer à l'électrique.

Véhicules d'entreprise : la mobilité...  |    |  Chapitre 2 / 5
Environnement & Technique N°374 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°374
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Le modèle économique des véhicules électriques (VE) montre que pour être une alternative rentable aux véhicules thermiques, ils doivent rouler suffisamment. Une étude du ministère en charge de l'écologie montre qu'ils sont intéressants pour un usage de 16.000 km par an, soit 3.250 km de plus que la distance moyenne parcourue chaque année par un véhicule particulier. "Le gain pour l'usager du VE sur le poste énergie est important avec une facture énergétique trois fois moins élevée que celle d'un véhicule thermique", explique le rapport. Concrètement, le surcoût lié à l'achat du véhicule, de la batterie et de l'infrastructure de charge (11.400 €) est compensé par les économies réalisées sur l'entretien et l'assurance (1.900 €) et l'énergie (12.000 €).

L'autonomie, une crainte irrationnelle ?

 
Pour obtenir un bon TCO [coût global de possession], il faut identifier
les usages intensifs et compatibles avec l'autonomie des voitures
 
Marie Castelli, AVERE
 
Le plus souvent, les VE sont pensés comme un élément de réduction des émissions de CO2 et de politique de responsabilité sociale de l'entreprise (RSE). Dans un second temps, la simplicité d'usage et le confort (absence de bruit et de vibration) de conduite prennent le relais. "Grâce à ses avantages qualitatifs, l'électrique jouit plutôt d'une bonne image auprès des employés", constate Michel Roitman, directeur stratégie et développement du loueur longue durée ALD Automotive France. A l'opposé, les loueurs interrogés expliquent unanimement que l'autonomie des VE est aujourd'hui le premier frein à l'équipement des flottes professionnelles. Dans les faits, le problème se pose effectivement pour les usages qui nécessitent de faire plus de 250 km par jour. Le temps de recharge du véhicule, autour de 8 heures sur une recharge standard et 30 minutes sur une recharge rapide, est le second problème évoqué, d'autant que s'ajoute la crainte de devoir attendre pour accéder aux bornes de recharge.

"Est-ce vraiment rationnel ?", interroge Michel Roitman. Le directeur stratégie et développement d'ALD Automotive, rappelle que "l'an dernier, les principales annonces du Mondial de l'auto concernaient l'amélioration de l'autonomie des VE, avec en particulier la Renault Zoé et l'Opel Ampera-e". Ces annonces "font sauter un verrou psychologique", estime-t-il. Reste que ces craintes conduisent à adopter une approche contreproductive : les entreprises ont tendance à choisir des VE pour des usages nécessitant de faibles kilométrages. Or, pour bénéficier de l'avantage économique du VE il faut parcourir "au moins 15.000 kilomètres par an", rappelle Marie Castelli, secrétaire générale de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).

Auditer les usages des véhicules d'entreprise

"Le VE n'est pas fait pour tout le monde", explique Cédric Marquant, directeur marketing et business développement du loueur longue durée Alphabet. Pour réussir le passage au VE, une entreprise doit donc trouver les usages les plus adaptés grâce à un diagnostic dédié. "Pour obtenir un bon TCO, il faut identifier les usages intensifs et compatibles avec l'autonomie des voitures", résume Marie Castelli. Un constat partagé par Michel Roitman : "Il faut remettre l'usage au centre des choix", explique-t-il, précisant que pour les véhicules parcourant moins de 20.000 km, le diesel n'est plus la solution. Alphabet propose d'accompagner les entreprises dans cet audit de leurs flottes. Pour cela, le loueur met à disposition un capteur GPRS qui mesure les distances parcourues et la durée des arrêts pour identifier ceux qui ont un usage compatible avec le VE. Il apparaît que les collaborateurs qui peuvent passer au VE peuvent être des cadres (voiture de fonction) comme des techniciens ou des agents des services généraux. En réalité, un critère est réellement rédhibitoire : le trajet de plus de 500 kilomètres dans la journée réalisé chaque semaine ou les grandes distances le week-end. Lorsque ces longs trajets sont rares, il est possible de passer à l'électrique et de mettre à disposition ponctuellement une voiture thermique.

Autopartage et PDE

Une autre approche prend une place croissante : l'autopartage. "Cette utilisation en entreprise rappelle et s'inspire du succès de l'Autolib'", note Bernard Fourniou, président de l'Observatoire du Véhicule d'Entreprise (OVE). En effet, l'électrique répond très bien aux parcours en boucle, aux trajets relativement courts, et au temps de parking dédié à la recharge. De plus, les applications digitales simplifient la réservation du véhicule et permettent de dématérialiser l'accès au véhicule, les smartphones remplaçant les clés.

Le groupe Schneider Electric vient de franchir le pas en mettant douze VE à disposition des employés de ses quatre sites grenoblois. Le calcul est tout d'abord économique. Auparavant, les remboursements de notes de frais pour l'usage des véhicules personnels des employés pour leurs déplacements intersites s'élevaient en moyenne à 90.000 euros par mois. Le passage à l'électrique ne coûte à l'entreprise que 8.000 euros par mois, auxquels il faut ajouter l'investissement dans les bornes et les recharges. "Le retour d'expérience n'est pas encore totalement connu, mais il s'annonce largement bénéfique", prévoit Michelle Lix, responsable du plan de déplacement entreprise du bassin grenoblois de Schneider Electric. Par ailleurs, ce dispositif simplifie la vie des employés qui ne sont plus obligés de prendre leur voiture pour venir travailler, ce qui soulève "un vrai enthousiasme". 800 des 2.500 employés concernés ont fait une demande de badge et 200 à 250 l'utilisent fréquemment. Les premiers retours montrent que les véhicules sont utilisés pour des parcours moyens de 30 km. Chaque VE est réservé pour deux trajets aller et retour par jour en moyenne. Pour l'instant, le dispositif impose de laisser la voiture en charge 3 heures entre deux courses, afin d'assurer la recharge. Mais, les caractéristiques des courses montrent que ce temps minimum entre deux courses pourrait être réduit à une demie heure.

Le succès grandissant de l'autopartage en entreprise ne se résume pas à l'adaptation du VE à cet usage. En imposant à toutes les entreprises de plus de 100 employés travaillant sur un même site de réaliser un plan de déplacement d'entreprise (PDE) au 1er janvier 2018, la loi de transition énergétique a donné un coup de fouet à l'autopartage. "Il y a de plus en plus d'appels d'offres pour des services d'autopartage", constate Cédric Marquant qui juge que "les PDE n'y sont pas étrangers". En effet, la préparation des PDE pousse les entreprises à procéder à un audit de mobilité pour analyser les besoins de mobilité de leurs collaborateurs en fonction de leur activité professionnelle et de leur déplacement domicile-travail.

Philippe Collet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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