Que ce soit en France ou en Europe, les politiques de gestion des risques industriels se construisent au rythme des accidents. Un retour d'expérience nécessaire qui participe à la mise en place d'un dialogue entre les acteurs locaux concernés.
Septembre 2001, l'usine AZF de Toulouse explose causant 31 décès, 2.242 blessés et détruisant 30.000 foyers. La France découvre alors qu'une partie de ses citoyens vit exposée à des risques industriels majeurs, conséquence d'une urbanisation toujours plus proche des sites industriels. Mars 2013, usine de Lubrizol près de Rouen : un dégagement accidentel d'un produit dont l'odeur est proche de celle du gaz naturel est ressenti jusqu'à Paris provoquant, sur son sillage, la panique et submergeant de nombreux services de secours.
Entre ces deux accidents aux origines et conséquences bien différentes, douze ans ont passé. Douze ans pendant lesquels la question des risques industriels a fait l'objet de plans d'action gouvernementaux mis en musique via des lois, décrets et autres circulaires… Douze ans de construction d'une culture du risque en France qui peine encore à se développer.
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Une fuite de mercaptan dans une usine chimique incommode la Normandie (article paru le 22/01/2013) Des émanations de mercaptan se sont échappées lundi 21 janvier de l'usine Lubrizol de Rouen et incommodent de nombreux Français de la Normandie jusqu'à Paris.
La fuite résulterait d'une réaction chimique incontrôlée dans un bac de mercaptan. "Le ... Lire la news

Sites seveso en France au 31 décembre 2012 (source: MEDDE)
© MEDDE
Toutefois, force est de constater que les acteurs locaux concernés que sont les collectivités et les industriels semblent avoir entamé un dialogue via les Plans de prévention du risque technologique ou PPRT. Cet outil ne concerne pour l'instant que les sites les plus dangereux de type Seveso (cf. carte ci-dessus) classés comme tel du fait de la présence en quantité importante de substances dangereuses sur le site. La directive européenne du même nom (
96/82/ CE) distingue deux types d'établissements, selon la quantité totale de matières dangereuses stockées ou utilisées : les établissements Seveso seuil haut et les établissements Seveso seuil bas. Les mesures de sécurité et les procédures prévues par la directive varient selon le type d'établissements afin de conserver une certaine proportionnalité mais l'étude de danger constitue la clef de voute du dispositif. Elle est la base des PPRT en France et a pour but de minimiser les risques à la source, de prévoir les effets d'un accident, de limiter les dégâts humains et matériels sur site mais également en dehors du site et d'organiser le recours aux services de secours, le tout en relation avec les collectivités.
Les industriels doivent également, depuis peu, travailler de concert. C'est en tout cas ce que souhaite l'Etat français dans sa nouvelle doctrine présentée en avril 2013 en matière de gestion des risques industriels. Mutualisation des procédures, des équipements de protection, des études de dangers… l'exercice semble déroutant pour les industriels. Alors qu'ils commencent seulement à maîtriser le dialogue avec les collectivités, les voilà sommés d'échanger entre eux. Un exercice à l'épreuve du terrain.
Florence Roussel
Risques : développer les plateformes économiques soumises à PPRT (article paru le 02/07/2013) Delphine Batho avait annoncé son intention de densifier les plateformes industrielles soumises à PPRT. Elle vient de signer la circulaire mettant en œuvre cette nouvelle doctrine. Lire la news
Directive européenne du 09/12/1996 (96/82/CE) Directive 96/82/CE du Conseil du 9 décembre 1996 concernant la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses En savoir plus