Ces phénomènes météorologiques sont à la base des plus importants dégâts matériels et humains, avec ses vents forts, ses précipitations très intenses et sa lenteur pour traverser une région. Le diamètre d'un cyclone varie considérablement : de 100 km au début de sa formation jusqu'à 1000 km lorsqu'il arrive à maturité. Le centre du cyclone appelé « œil du cyclone » en raison de sa forme est une zone très calme, les vents soufflent à 30 ou 40 km / h, les précipitations sont nulles et la pression atteint son minimum. En revanche, dans l'anneau les vents atteignent plus de 118 km/h.
La vitesse des vents de l'anneau permet de caractériser la puissance et l'impact d'un cyclone sur l'échelle de Saffir-Simpson : de la classe 1 (force des vents de 118 à 153 km/h) avec des dégâts minimums, à la classe 5 (vents supérieurs à 249 km/h). C'est le cas du cyclone Katrina qui est estimé entre 4 et 5. Les prévisionnistes de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) estiment qu'il y aura cette année de 9 à 11 cyclones dans l'Atlantique nord mais qui ne seront pas forcément de la même intensité.
Parmi eux, Katrina est le quatrième. Ce cyclone a provoqué dans le sud des Etats-Unis des dégâts matériels et des pertes humaines considérables avec des vents atteignant plus de 280km/h. L'importance du phénomène a déclenché un débat sur le réchauffement climatique et son influence éventuelle sur la force des cyclones.
La Nouvelle-Orléans, installée dans une cuvette, a été presque complètement submergée. Les zones les plus basses de la ville ont parfois été inondées sous six à sept mètres d'eau. Pourtant, c'est un phénomène intense mais l'année dernière, en septembre 2004, le cyclone Ivan qui avait touché l' Atlantique-Nord était également de classe 5, a indiqué Patrick Galois de Météo dans un entretien accordé à l'Humanité le 30 août dernier.
Dans un entretien avec l'AFP, M. Hervé Le Treut explique que sur un événement donné comme celui-là, on ne peut pas encore dire s'il constitue un effet du réchauffement climatique ou s'il entre dans la variabilité naturelle du climat. La seule prédiction que l'on puisse faire actuellement est de caractère général et à très long terme, c'est-à-dire à l'horizon 2100, indique-t-il. Pourtant, les simulations vont dans le sens d'une augmentation du nombre des cyclones et peut-être de leur puissance. La prévision régionale et a fortiori locale n'est pas encore possible en matière de changement climatique avec le maillage géographique utilisé actuellement dans les modèles, le plus souvent de l'ordre de 300 km2, observe-t-il.
Avec la même prudence, Patrick Galois de Météo France expliquait à l'Humanité que pour ce qui concerne la fréquence des cyclones, on ne sait pas si le dérèglement climatique en provoquera davantage mais on peut penser que les cyclones dans l'avenir pourraient être plus violents, que ce soit au niveau de la vitesse des vents comme de la quantité de pluie. En revanche, le météorologue souligne que le réchauffement climatique risque de faire augmenter la chaleur des océans et donc d'apporter un surplus d'énergie, rendant les cyclones plus intenses, même si tout cela reste au niveau de l'hypothèse car la machine atmosphérique est très complexe, on ne connaît pas toutes les interactions entre les différents phénomènes. Ce n'est pas parce que nous observons un cyclone violent aujourd'hui, qu'il faut tout de suite en déduire qu'il est lié au réchauffement climatique, ajoute t'il.
En revanche, selon une étude en août dans la revue Nature, les cyclones qui frappent l'Atlantique et le Pacifique se sont aggravés, à la fois en durée et en intensité d'environ 50% depuis les années 1970. Dans le même temps, les températures moyennes de la planète ont augmenté, de même que le niveau de dioxyde de carbone et d'autres polluants dans l'atmosphère, souligne le climatologue Kerry Emmanuel, qui a dirigé cette étude.
Par ailleurs, reconnaissant l'existence d'une phase d'ouragans plus puissants, d'autres scientifiques affirment que cette intensification est une conséquence de la salinité naturelle des océans et des modifications thermiques (tous les 40 à 60 ans) de l'Atlantique.
Loin du débat sur l'aspect climatique, de nombreux géologues dénoncent le développement urbain comme responsables de l'ampleur de la catastrophe. Depuis les années 1930, la Louisiane a perdu quelque 5.000 km2 de marais asséchés en raison d'aménagement, marais qui permettaient naturellement de limiter les inondations.
L'impact du cyclone Katrina à la Nouvelle-Orléans rappelle la vulnérabilité des zones côtières aux catastrophes naturelles. Dans son dernier rapport, le PNUE révélait que la densité de population augmente, l'infrastructure est trop sollicitée, les zones de peuplement se rapprochent d'industries qui peuvent être dangereuses et un nombre croissant de bâtiments sont construits sur des zones fragiles (...) : de ce fait, les catastrophes naturelles touchent davantage de personnes et les pertes économiques sont plus importantes.
L'économie américaine voire mondiale a en effet été bousculée. Avec un marché qui était déjà très instable et volatil, la perte de 1,5 million de barils/jours de production pétrolière et 2 de barils/jours de capacité de raffinage et le risque de rupture des approvisionnements de pétrole brut en provenance du golfe du Mexique, le baril a finalement franchi les 70 dollars.
Il y a quelques jours, le président Bush a dû demander aux Américains de limiter leurs achats d'essence afin d'éviter la flambée incontrôlable des prix à la pompe. Il a fallu que l'administration américaine puise dans les réserves stratégiques et en appelle à l'agence internationale de l'énergie (AIE) qui a confirmé que ses 26 membres allaient puiser 2 mbj dans leurs réserves stratégiques sur 30 jours. Cette déroute pétrolière a au moins le mérite de montrer que le pétrole n'est plus une source sûre d'énergie et qu'il est temps de se tourner vers d'autres sources.
Mais il est important de noter que les dégâts engendrés par ce cyclone ont raisonné d'une manière bien particulière. La première puissance économique et industrielle mondiale a été touchée de plein fouet, montrant, si cela était nécessaire, que l'homme, quel que soit son stade de développement technologique, social ou économique reste très vulnérable et tributaire de son Environnement.