Lors d'une réunion internationale qui s'est tenue à Athènes le 17 août dernier, les agences de l'ONU pour l'environnement ont décidé d'agir. Un plan d'action d'assistance aux autorités libanaises pour le nettoyage des côtes touchées par la marée noire a été élaboré par le groupe de travail d'experts qui travaillent sous la supervision du Centre régional méditerranéen pour l'intervention d'urgence contre la pollution - qui est géré en partie par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation maritime internationale (OMI). Maintenant que les bombes ont cessé de tomber et que les armes se sont tue nous avons la possibilité d'évaluer rapidement l'ampleur réelle du problème et de mobiliser enfin des moyens pour commencer le nettoyage et la restauration du littoral, a expliqué Achim Steiner, Directeur exécutif du PNUE, qui a participé à cet événement.
Le Plan d'action recommande qu'un observateur qualifié et indépendant survole la zone afin d'évaluer précisément la quantité de pétrole non évaporée. Il appelle également à la mise en place d'un groupe permanent constitué d'au moins trois experts dans le domaine de la lutte contre la pollution. Ces spécialistes apporteront une assistance dans les enquêtes au niveau local et interviendront comme conseillers auprès du Ministère de l'environnement libanais.
Les experts provenant des Nations Unies, des centres de recherche, des organisations non gouvernementales et du secteur privé estiment le coût initial de l'opération de nettoyage à 50 millions d'Euros avec, probablement, un nouveau besoin de financements en 2007. Ces estimations sont en partie basées sur les coûts de nettoyage engendrés par l'échouage du pétrolier Haven en 1991, explique le PNUE dans un communiqué. Suite à cet accident, entre 10.000 et 20.000 tonnes de brut s'étaient répandues sur le littoral italien dans les environs de Gènes. Pendant l'accident du Haven de nombreuses zones des côtes de la Ligurie en Italie et du sud de la France avaient été souillées.
Plusieurs pays ont offert des équipements pour la dépollution et l'endiguement du fuel. L'idéal serait que chaque pays donateur mette à disposition un ou plusieurs experts pour former le personnel local à la mise en œuvre du matériel, affirme le Plan.
Parmi les autres actions prioritaires à court terme, le plan prévoit l'analyse des échantillons de pétrole pour vérifier s'ils contiennent des Polluants Organiques Persistants (POPs) en particulier des Bi-phénols Polychorides étant donné que le fuel provient des cuves d une centrale électrique, la récupération des nappes de pétrole qui flottent dans les ports, la décontamination de zones d'intérêt économique et touristique ainsi que de sites gravement touchés par la marée noire. Les autorités libanaises ont identifié 7 sites qui doivent être considérés comme hautement prioritaires et 13 autres sites qui ont été déclarés de priorité secondaire.
La Commission européenne examine pour sa part l'octroi de 10 millions d'euros et l'OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) fournira une contribution financière immédiate de 200.000 dollars (155.000 euros). La France proposera une aide à la fois matérielle (fourniture de 1500 mètres de barrages pour endiguer la dispersion de la nappe, ce qui représente 10 % du stock national), humaine (envoi de personnel qualifié pour la mise en œuvre du matériel) et technique (expertise stratégique et financière du CEDRE). Le coût de l'aide matérielle et humaine est estimé à 1 million d'euros, indique un communiqué du Ministère l'Écologie et du Développement Durable daté du 17 août. Le nettoyage de la marée noire pourrait prendre un an, a affirmé la section libanaise de Greenpeace. Des volontaires sont quant à eux déjà sur place.
Par ailleurs, le pétrolier Solar I a coulé le 11 août au large des côtes du centre de l'archipel philippin avec deux millions de litres de pétrole à son bord. Depuis, environ 200.000 litres se sont déversés dans la mer entre les îles centrales de Panay et de Guimaras. Selon l'AFP, la marée noire a touché une centaine de km de côtes supplémentaires et menace dorénavant, en plus de l'île de Guimaras durement touchée, l'île voisine de Negros, la quatrième plus importante de l'archipel philippin.